7-11 janvier 2016

Charlie : une commémoration malvenue

La débauche actuelle de commémorations est hors de saison alors que le pays vit sous l'état d'urgence et que chacun se demande avec angoisse où aura lieu le prochain attentat...

Couverture de Charlie Hebdo (7 janvier 2016)Pendant la première décade de janvier 2016, la France officielle et médiatique n'a eu d'yeux que pour les attentats contre Charlie Hebdo et le supermarché Hyper Cacher, un an plus tôt, les 7-9 janvier 2015. Le président de la République a dévoilé différentes plaques commémoratives et même octroyé la Légion d'Honneur à une vingtaine de victimes.

Le plus curieux est que personne ne se soit interrogé sur la pertinence de ces manifestations alors que le pays vit sous l'état d'urgence et que chacun se demande quand et où aura lieu le prochain attentat !

Commémorer le passé pour ne pas affronter le présent

Il est sans précédent à notre connaissance qu'un État commémore une attaque contre lui-même avant d'avoir vaincu ses agresseurs. En l'occurrence, nous en sommes loin, pour preuve l'attentat à la ceinture d'explosifs contre un commissariat parisien évité de justesse le jour même de l'anniversaire de celui contre l'hebdomadaire satirique.

Imagine-t-on Churchill en juin 1941 dévoilant une plaque à la mémoire des victimes de l'évacuation de Dunkerque, un an plus tôt, alors que son pays doit plus que jamais se mobiliser contre l'agresseur allemand ?...

L'autre caractère étrange de ces journées est la confusion entre victimes et héros (note).

Ainsi la Légion d'Honneur a-t-elle récompensé de malheureux quidams qui ont eu la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment et, plus fort encore, de joyeux anarchistes - les dessinateurs de Charlie - qui ont fait profession de pourfendre les institutions qui, aujourd'hui, les honorent à titre posthume. Les voilà hissés au même niveau que des soldats, des policiers ou des pompiers « morts pour la France » ou « Morts au service de la France » ! Qu'y comprendre ?

Sans doute les historiens du futur verront-ils dans cette folle décade un symptôme de la déliquescence des classes dirigeantes de ce pays. Sans repères, sans vision, sans énergie, elles se jettent dans la politique commémorative et compassionnelle pour éviter d'avoir à réévaluer leurs choix passés à l'aulne du présent.

Le retour de flamme risque d'être très brutal si la France devait dans les prochains mois subir de nouvelles attaques terroristes. Le président et la classe politique dans son ensemble se verraient alors accusés de n'avoir pas préparé les citoyens à affronter le danger et de les avoir moralement désarmés en figeant le souvenir des premières attaques dans le marbre des plaques commémoratives.

Ayant laissé croire que les difficultés étaient derrière nous, ils n'auront plus l'autorité indispensable pour contenir les accès de colère, comme en Corse dans les jours qui ont suivi l'accession des nationalistes au pouvoir.

La machine à assimiler en panne

Citoyens lambda, nous attendons de nos dirigeants qu'ils analysent la situation avec franchise et agissent en conséquence, en-dehors de tout calcul politicien ou électoral.

Que voyons-nous ? Des jeunes gens pour la plupart nés en France (ou en Belgique) rejettent notre société avec ses valeurs (générosité et quasi-absence de préjugé racial ou religieux, que démontre le nombre plus élevé que partout ailleurs de mariages mixtes) et ses exigences (promotion par l'école et le travail).

Ils se consolent de leurs échecs personnels en suivant une doctrine haineuse qui est déjà en passe de détruire le monde musulman arabo-sunnite.

Leurs entreprises assassines sont le fruit amer d'une politique qui cumule depuis trois décennies l'abandon de la France périphérique, ouvrière et populaire, et les lâches accommodements à l'égard des communautarismes issus de l'immigration.

En 1983 très exactement, la gauche au pouvoir lâchait son électorat ouvrier et populaire en s'alignant sur la doctrine économique de la droite libérale. L'année suivante, elle tentait de se rallier les nouveaux électeurs issus de l'immigration avec la fondation de SOS Racisme.

Depuis lors, elle impose dans la sphère médiatique et jusque dans les rangs de la droite un discours insensé qui stigmatise la France, sa culture et son Histoire, et d'autre part prête aux Français « de race blanche » des pensées racistes et des comportements discriminatoires dont ils sont à dire vrai plus éloignés qu'aucun autre groupe humain !

Si notre analyse est validée, l'issue s'impose d'elle-même : nous réapproprier notre Histoire et notre culture ; valoriser la citoyenneté française plutôt que 215','','width=300,height=200'); return false;">la brader ; nous dissocier des désordres moyen-orientaux et notamment de la rivalité ethnique entre Arabes, Perses, Kurdes et Turcs, qui ne nous concerne en rien et à laquelle nous ne pouvons rien ; en particulier ne pas nous allier à l'Arabie et au Qatar wahhabites dans leur guerre sauvage contre le Yémen. Un programme à l'exact opposé de celui dans lequel nous sommes aujourd'hui engagés.

André Larané
Publié ou mis à jour le : 2023-10-25 11:31:45

Voir les 22 commentaires sur cet article

Jacques Callot (06-03-2016 22:23:53)

Je suis d'accord sur certains points de cet article mais en désaccord sur d'autres. Mais, mais, ce n'est pas le problème, ce n'est pas vraiment ce qui me gène. Hérodote est un site d'histoire, je ... Lire la suite

JdB (06-03-2016 18:58:19)

Un peu tardivement, je reviens sur le commentaire de Bruno Modica et sur votre réponse. Vous écrivez bien entendu ce que vous voulez sur votre site. Mais n'oubliez pas que vos abonnés/lecteurs ne l... Lire la suite

Yarko (20-01-2016 16:25:03)

L'Histoire, c'est ce qui est écrit, pas les évènements encore en suspension dans l'encrier. Hors sujet.

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