Isoroku Yamamoto (1884 - 1943)

Le maître d'oeuvre de Pearl Harbor

Fils d'un samouraï modeste, Isoroku entre à l'Académie navale et, peu après, est blessé à Tsushima, pendant la guerre russo-japonaise. En 1916, il est adopté par une famille patricienne sans héritier mâle. Elle lui donne son nom, Yamamoto.

Sous ce patronyme d'adoption, il va devenir le maître d'oeuvre de Pearl Harbor et conduire son pays de victoire en victoire pendant six mois, sans illusion toutefois sur l'issue de la guerre du Pacifique...

André Larané

De gauche à droite, le capitaine Isoroku Yamamoto, le Secrétaire d'État à la Marine Curtis D. Wilbur,  un autre officier japonais et l'amiral Edward W. Eberle, chef des opérations navales (Washington, 17 février 1926) Feb. 17, 1926.

Un militaire efficace mais lucide sur les insuffisances de son pays

Jeune capitaine de vaisseau, Yamamoto va compléter sa formation à Harvard, aux États-Unis, en 1919-1921, puis deviendra attaché d'ambassade à Washington. Outre une passion pour le poker, il y gagnera une saine appréciation de la puissance industrielle des États-Unis mais aussi une piètre opinion de leur marine et de leurs officiers navals.

De retour au Japon, en 1928, il prend le commandement du porte-avions Akagi. Promu à la division technique de la Marine, il lance la construction d'un nouveau type d'avions pour les porte-avions, ce sont les redoutables chasseurs Zero, qui s'avèreront très supérieurs à leurs concurrents américains, au moins dans les premiers temps de la guerre. En 1936, devenu vice-ministre de la Marine, il s'attire de solides inimitiés au au sein de l'armée de terre du fait de son opposition à la guerre en Mandchourie et à l'invasion de la Chine.

En 1939, alors que son pays a déjà envahi la Mandchourie et la Chine et même attaqué (sans succès) les Soviétiques, il quitte le ministère de la Marine et prend le commandement en chef de la Flotte combinée, autrement dit la marine impériale du Japon. L'année suivante, il est promu amiral. À ce poste, il promeut les porte-avions en lesquels il voit l'arme du futur et critique la construction de nouveaux cuirassés, qu'il juge inutiles et dépassés.

Mais lucide sur la puissance américaine, il craint que son pays ne franchisse les limites du raisonnable et provoque un conflit avec Washington qui lui serait fatal. Il en avertit des membres du gouvernement : « dans l'hypothèse d'une guerre avec les États-Unis et la Grande-Bretagne, je peux bien vous mener de victoire en victoire pendant six mois à un an mais si la guerre se prolonge, je n'ai aucun espoir de succès ». L'avenir lui donnera raison. Les batailles navales du futur, dès 1942, ne verront plus des navires se canonner comme à Trafalgar ou Tsushima mais des porte-avions et leur flotte de couverture s'affronter à grande distance au moyen de leurs escadrilles aériennes.

L'amiral Isoroku Yamamoto , commandant en chef de la flotte impériale pendant la guerre du PacifiqueLe nouvel amiral va dès lors mettre en avant ses propres porte-avions, neuf au total dont les six plus gros regroupés au sein d'une même unité. En face, la Marine américaine n'en dispose que de quatre, avec des pilotes, des marins et des officiers plutôt mal préparés à la guerre en gestation.

Début 1941, quand le Japon se lance à l'attaque des colonies françaises, britanniques et néerlandaises du Sud-Est asiatique, Yamamoto comprend que l'affrontement avec les États-Unis devient inéluctable. De fait, le 26 juillet 1941, bien qu'officiellement neutre, le gouvernement américain décrète un embargo sur les fournitures de pétrole et de matières premières au Japon.

L'amiral convainc dès lors le gouvernement qu'il faut frapper très fort les États-Unis pour les amener à résipiscence et les convaincre de lever l'embargo et se retirer du conflit. Il prépare avec brio l'attaque de la base américaine de Pearl Harbor, dans les Hawaï, au coeur du Pacifique, avec le concours du vice-amiral Chuichi Nagumo.

Cet exploit s'avère un très mauvais calcul.  Vu comme une félonie par l'opinion publique américaine, il fait basculer instantanément celle-ci dans le camp de la guerre, à la grande satisfaction du président Roosevelt qui n'en pouvait plus de laisser les Allemands et les Japonais mettre à feu et à sang l'Europe et l'Asie...

Comme il l'avait prévu, Yamamoto va bénéficier de l'impréparation américaine et voler de victoire en victoire pendant six mois, jusqu'à la lourde défaite de Midway, les 3-6 juin 1942, toujours avec l'assistance de Nagumo.

Considéré aux États-Unis comme l'incarnation du diable, affaibli et usé, l'amiral Yamamoto sera abattu par une escadrille américaine lors d'une tournée d'inspection aux îles Salomon, le 18 avril 1943. Il aura droit à des funérailles nationales le mois suivant à Tokyo.

Publié ou mis à jour le : 2019-11-06 10:35:57

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