Skanderbeg (1403 - 1468)

L'« Athlète du Christ »

Né il y a six siècles, Skanderbeg est le héros central du « récit national » albanais. Ses compatriotes honorent en lui celui qui a résisté à l'oppression étrangère et sauvegardé les libertés locales.

Sa statue trône à Tirana mais aussi à Skopje, en Macédoine, où vit une importante minorité albanaise, et bien sûr à Kruja, sa capitale.

La liberté retrouvée

Entre l'Adriatique et la Méditerranée, l'Albanie est au début du XVe siècle convoitée par les Turcs comme par les Vénitiens. Les premiers occupent le territoire en 1385, les seconds s'emparent du port de Dürres (Dyrrachium en grec) en 1392.

Portrait de Skanderbeg, Ecole italienne, 1520. Agrandissement : Skanderbeg par Cristofano dell'Altissimo, entre 1552 et 1568, Florence, Galerie des Offices. D'abord connu sous le nom de Georges Castriota (Gjergj Kastrioti en albanais), le futur Skanderbeg est le fils du seigneur de Lezha (on écrit aussi Lezhë ou Lissos en grec), au nord de l'Albanie actuelle. Son père se voit obligé de l'envoyer comme otage en 1423 à la cour du sultan Mourad II.

Le jeune homme devient le favori du sultan, se convertit à l'islam et s'illustre à la guerre sous le nom d'Iskander bey, ou prince Alexandre (en référence à Alexandre le Grand), déformé en « Skanderbeg ».

Mais en 1443, à 40 ans, après une défaite des Turcs à Nis (Serbie actuelle), face aux Hongrois de Jean Hunyade, il déserte l'armée ottomane avec 300 Albanais. Désireux de libérer la terre albanaise, il s'empare par ruse de la citadelle de Kruja (ou Krujë), entre Dürres et Lezha, et revient au christianisme de son enfance. Il hisse au sommet de la citadelle un drapeau rouge avec un aigle noir à double tête, qui est aujourd'hui le drapeau de l'Albanie indépendante.

Le 28 novembre 1443, à Lezha, il se fait proclamer souverain des Albanais par l'aristocratie réunie au sein d'une ligue. Il aurait, à cette occasion, lancé à ses sujets : « Je ne vous ai pas apporté la Liberté ; je l'ai trouvée ici, parmi vous ».

Le roi de Naples Alphonse d'Aragon ainsi que le pape et la République de Venise lui apportent aide et argent. Le pape Paul II le surnomme Athleta Christi nobilis (« noble athlète du Christ » à l'égal de Jean Hunyade. Inflexible, Skanderbeg est seulement vaincu par la maladie à 65 ans, en 1468. Il est inhumé dans l'église Saint-Nicolas, à Lezha, où il repose depuis lors.

Mais après sa mort, les Ottomans ne vont pas tarder à reprendre l'avantage. Il s'emparent de Kruja dix ans plus tard et replacent l'Albanie sous leur coupe. Les habitants, dans leur majorité, se convertissent à la nouvelle religion, un cas unique en Europe. Ils vont aussi servir avec diligence les Ottomans sur tous les fronts.

Le début de la légende

Statue de Skanderbeg à Tirana.Skanderbeg devient rapidement aux yeux des Européens, le champion de la chrétienté contre les Turcs.

Au siècle suivant, Ronsard l'évoque en termes élogieux :
Scanderbeg, haineux du peuple Scythien
Qui de toute l'Asie a chassé l'Évangile.
O très-grand Épirote ! Ô vaillant Albanois !
Dont la main a défait les Turcs vingt et deux fois
.

Antonio Vivaldi lui consacre un opéra en 1718, Scanderbeg...

De leur côté, les Albanais tant musulmans que chrétiens, voient en lui le fondateur de leur nation, laquelle accède enfin à l'indépendance... le 28 novembre 1912, jour anniversaire de son triomphe.

André Larané

Épisode suivant Voir la suite
La Grèce moderne
Publié ou mis à jour le : 2023-11-23 12:09:11
osmane (26-11-2023 13:51:46)

tres interessante histoire de l'Albanie mal connue en France et qui permet de mieux comprendre la ituation actuelle de c pays

KERJOLIS (14-01-2018 19:24:44)

"Né il y a cinq siècles"... 1403 ! On est en 2018, non ?!

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net