Auguste (63 av. J.-C. - 14)

Le maître du monde

Auguste, représenté vers 27 av. J.-C. (tête en bronze incrustée de calcite et verre, retrouvée à Meroe, haute-Égypte), DRL'empereur Auguste, de son vrai nom Octave, est le fils d'un notable romain et de la nièce de Jules César, lequel en a fait son fils adoptif faute d'héritier direct.

Il a seulement 19 ans à la mort de celui-ci, en 44 av. J.-C.. Il va user de toutes les ressources de son esprit rusé pour éliminer ses rivaux et ses propres alliés et assurer sur Rome et ses immenses possessions un pouvoir sans partage.

L'historien romain Suétone (Vie des douze Césars) présente le futur empereur comme un beau jeune homme à la santé fragile, mais aussi retors et brutal, quelque peu pervers, pleutre sur le champ de bataille, cruel à l'égard des vaincus (note). Ces accusations ont une part de vérité si l'on en croit son biographe Pierre Cosme (Auguste, Perrin, 2005). 

Quoi qu'il en soit, Octave témoigne dès ses jeunes années d'une habileté politique qui lui permet de l'emporter sur de fortes personnalités, des hommes mûrs et des guerriers tels que Brutus, Marc Antoine et Cicéron, au terme de quinze années de guerres civiles.

Après la défaite de Marc Antoine et de sa maîtresse Cléopâtre à Actium et Alexandrie d'Égypte, Octave peut célébrer à Rome, le 15 août 29 avant J.-C., le triomphe dû à un général vainqueur, même si tout le mérite de la victoire revient à son fidèle ami Agrippa.

L'empire romain à son apogée

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L'empire romain à son apogée (cartographie Herodote.net)
Cette carte montre l'empire romain dans sa plus grande extension (fin du Ier siècle après J.-C.). Au centre de cet immense empire était la mer Méditerranée, que les Romains appelaient avec orgueil et non sans justesse Mare Nostrum (Notre mer). Cet empire est aujourd'hui éclaté en États rivaux que divisent la langue, la politique, la religion, la société et l'économie.

De la République au principat

Octave s'octroie dès lors un pouvoir quasi-absolu grâce au cumul indéfiniment renouvelé des plus hautes fonctions de la République.

À la différence de César, il a l'habileté de respecter les formes républicaines du régime et de ne jamais prétendre à la monarchie, de façon à ne pas contrarier les ambitions personnelles du millier de sénateurs qui aspirent à suivre la carrière des honneurs jusqu'au consulat. Il se contente de concentrer entre ses mains toutes les magistratures utiles et se satisfait du titre de Princeps senatus (le « premier du Sénat ») qui lui est attribué en 28 av. J.-C. (nous en avons tiré le mot prince).

La République romaine se transforme ainsi en quelques années en un « principat » (avec un homme tout-puissant à sa tête),  ou plus précisément en un « empire » qui ne dit pas son nom,   sans que ses structures traditionnelles aient été en apparence modifiées ! 

Auguste de Prima Porta (musée Chiaramonti, Vatican)Pour commencer, Octave obtient du Sénat, comme César, le droit de porter à vie le titre d'Imperator  (d'où nous avons tiré le mot empereur). Ce titre désigne usuellement un général investi de l'imperium. C'est un pouvoir à caractère militaire mais aussi juridique et sacré conféré par le Sénat à un général avant de partir en campagne. Il lui est retiré à son retour à Rome, dans les limites du pomerium, l'enceinte sacrée délimitée selon la légende par la charrue de Romulus.

Par ailleurs, après la fin du deuxième triumvirat, le nouvel homme fort de Rome se voit réattribuer dix années de suite le consulat (qu'il partage à chaque fois avec un quelconque notable).

L'année suivante, le 16 janvier de l'an 27 av. J.-C., le Sénat romain lui décerne le surnom Augustus (Auguste) habituellement réservé aux divinités. Ce titre honorifique désigne celui qui agit sous de bons auspices.

En 23 av. J.-C., à la suite d'une grave maladie, Auguste se fait attribuer la puissance tribunicienne à vie, autrement dit tous les attributs d'un tribun de la plèbe, fonction qu'il lui est interdit de cumuler avec ses autres magistratures. Elle lui garantit l'inviolabilité et lui donne le droit de proposer des lois au Sénat et d'opposer son veto à celles qui lui déplaisent, la censure l'autorisant à dresser les listes de sénateurs, de chevaliers et de citoyens.

À la mort de Lépide, en 12 avant J.-C., Auguste est enfin élu grand Pontife et devient à ce titre le chef de la religion et l'ordonnateur des cérémonies. On l'honore sur les autels et plusieurs cités provinciales vont jusqu'à le déifier.

Le prince n'est bientôt plus désigné que sous l'appellation Imperator Cesar Augustus.

Une fois son pouvoir bien établi, le prince va cultiver jusqu'à sa mort l'image d'un patriarche bienveillant et aux moeurs frugales, attentif à préserver la paix civile et soucieux d'éviter les guerres de conquête inutiles.

Procession de la famille impériale après le retour d'Auguste de ses campagnes, en 13 avant J.-C. (bas-relief, Autel de la Paix, Rome, photo : RMN, Hervé Landowski)

Le « Père de la Patrie »

Trophée d'Auguste, La Turbie, Alpes maritimes (photo : RMN), DRAuguste, qui n'a aucun attrait pour les armes, lance seulement quelques guerres pour consolider les frontières. Il délègue celles-ci à Agrippa. Entre les Alpes et le Danube, ses gendres Drusus et Tibère conquièrent la Rhétie, le Norique et la Pannonie. Il soumet en personne les peuples des Alpes occidentales, ce qui lui vaut un trophée à sa gloire à La Turbie, en un lieu magnifique qui domine la côte méditerranéenne et l'actuelle cité de Monaco.

Sa principale déconvenue vient de l'échec de la tentative de conquête de la Germanie entre Rhin et Danube. Tibère et Germanicus, neveu de l'empereur, occupent ces régions mais un chef chérusque, Arminius (Hermann), piège et massacre trois légions en l'an 9 de notre ère dans la forêt de Teutoburg, près d'Osnabrück. Il en éprouva, dit-on, un tel désespoir, qu'il laissa croître sa barbe et ses cheveux pendant plusieurs mois, et qu'il se frappait parfois la tête contre les murs, en s'écriant : «Quinctilius Varus, rends-moi mes légions». Les anniversaires de ce désastre furent toujours pour lui des jours de tristesse et de deuil (Suétone, Vie des Douze Césars).

Auguste s'applique aussi à embellir Rome, la Ville par excellence, et la couvrir de monuments, grâce au concours de son fidèle Agrippa. « Il se vanta avec raison d'avoir trouvé une ville de briques et d'en avoir laissé une de marbre », (Suétone, Vie des Douze Césars).

Avec un million d'habitants sur 1300 hectares, dont une bonne partie occupés par les forums, temples et résidences aristocratiques, Rome apparaît comme une cité grouillante et dangereuse, tout autant que majestueuse. Sa densit de près de 100.000 habitants/km2 est cinq fois supérieure à celle du Paris intra-muros actuel.

Le principat voit aussi l'épanouissement de la littérature latine avec les poètes Virgile et Horace et l'historien Tite-Live, contemporains d'Auguste, Properce et Ovide, plus jeunes.

L'un des plus proches amis d'Auguste, le richissime Mécène, les reçoit dans sa villa de Tibur et n'hésite pas à les aider financièrement quand cela est nécessaire. Faisant office de ministre de la Culture, il les invite à chanter les louanges du prince. Son nom est devenu un nom commun pour désigner les protecteurs des artistes !

Habile communicant, Auguste soigne son image de « Père de la Patrie », surnom octroyé par le Sénat en 2 de notre ère. Il se montre capable de clémence comme avec le jeune sénateur Cinna, petit-fils du Grand Pompée, qui projeta de l'assassiner, obtint son pardon le 5 juillet 13 avant J.-C. et finit par accéder au consulat.

Virgile, Horace et Varius chez Mécène (Charles-François Jalabert, XIXème siècle)

Embrouilles familiales

Auguste, heureux dans presque toutes ses entreprises, a cependant échoué à assurer la transmission héréditaire du pouvoir en dépit d'une réputation méritée d'homme à femmes et d'une union heureuse de 52 ans avec Livie Drusilla.

L'empereur s'éteint en pleine gloire à 76 ans, le 19 août de l'an 14 après J.-C., dans les bras de Livie. Déjà honoré comme le « Père de la Patrie », il reçoit sitôt après sa mort les honneurs de l'apothéose, c'est-à-dire qu'il est hissé au rang des divinités.

C'est en définitive Tibère, son beau-fils Tibère, né d'un premier mariage de Livie, qui va hériter à 56 ans de l'oeuvre immense de César et d'Auguste ! Mais avec l'accession ensuite de Caligula au principat, Rome liera son destin pendant quelques décennies à une dynastie julio-claudienne, issue tout à la fois de la gens Julia (Auguste) et de la gens Claudia (Livie).

Publié ou mis à jour le : 2024-01-25 16:13:52
Florence (06-09-2014 19:20:36)

Que deviendrions-nous sans les excellents articles d'HERODOTE. Un régal presque au quotidien
à déguster et à savourer sans modération .

D.Brassart (24-08-2014 11:49:32)

Très bon article, mais avec une vilaine faute d'orthographe. On doit écrire : "Livie Drusilla...qu'il a fait divorcer..." et non qu'il a faitE divorcer. Pas bien !!!

Kourdane (24-08-2014 05:08:01)

Excellent article fort bien écrit !

Elisabeth Drye (23-08-2014 00:01:47)

Très intéressant. Je m'étonne que vous ne mentionniez pas l'exposition passionnante qui était au Grand Palais à Paris ce printemps :"Moi, Auguste".

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