Sculptures italiennes au Louvre

Le Corps et l’Ame, de Donatello à Michel-Ange

En cette année de confinements, le Musée du Louvre a voulu rouvrir et réinvestir ses espaces d’une manière inédite en plaçant sous le feu des projecteurs une technique trop souvent délaissée : la sculpture. Retour sur l’exposition qui a lieu du 22 octobre 2020 au 21 juin 2021 sous la Pyramide de verre et de métal de Ieoh Ming Pei... Profitez-en : les horaires ont été exceptionnellement étendus de 9h à 20h du 19 mai au 8 juin, et jusqu’à 21h du 9 au 21 juin.

Un ange volant (1479, Un ange volant, haut relief en terre cuite de Verrochio, musée du Louvre)L’exposition « Le Corps et l’Ame de Donatello à Michel-Ange. Sculptures italiennes de la Renaissance » constitue le second volet sur la Renaissance qui avait été initié par « Le Printemps de la Renaissance », en 2013, en collaboration avec le Palais Strozzi (Florence).

Elle se veut impressionnante : 140 œuvres nous sont présentées. La plupart d’entre elles proviennent du musée du Louvre et du musée du Château milanais des Sforza, qui présentera ensuite l’exposition. Les autres sont issues de musées et d’églises plus modestes. Pandémie oblige, ici et là, des panneaux nous expliquent que certaines sculptures sont malheureusement absentes en raison des contraintes d’acheminement.

On pourrait objecter que la période historique choisie reste convenue. Toutefois, l’exposition parvient à faire émerger quelques figures moins connues du Quattrocento et du Cinquecento (dico) : Guido Mazzoni, Tullio Lombardo, Riccio... Les sculptures présentées ont un point commun : leur expressivité. Les artistes ont su saisir avec talent la psychologie des modèles, leur « âme ».

Relief des Sacrifiantes Borghèse (Rome, vers 130 après J.-C.)

Une muséographie ingénieuse

Michel-Ange, Femme nue agenouillée (musée du Louvre)La muséographie est bien pensée : les œuvres sont réparties entre trois pôles, trois manières de représenter le réel : « La fureur et la grâce », « Emouvoir et convaincre » et « De Dionysos à Apollon ». La navigation au sein des différentes pièces est fluide. Beaucoup de sculptures et d’objets sont placés en hauteur, au-dessus de cubes bien éclairés. Ce dispositif permet au visiteur de s’arrêter devant une œuvre, de la contourner et de s’attarder autant qu’il le désire sur un détail, un volume, un visage...

L’exposition s’ouvre avec un bas-relief en marbre représentant deux femmes aux mains remplies de fruits faisant face à une dernière qui leur tend du blé. C’est le « Relief des Sacrifiantes Borghèse », réalisé à Rome vers 130 après J.-C.

On ne sait ensuite vers quelle œuvre se diriger en priorité. Le bouclier de parement en bois orné de Milon de Crotone réalisé par Antonio Pollaiolo, la muse de l’Histoire et de la poésie Clio de Giovanni Santi (assurément un bon choix pour tous les passionnés d’Histoire) ? La Vierge et l’Enfant en marbre blanc de Giovanni Dalmata, ou encore la médaille en bronze, La Fortune de mer, fabriquée par Niccolo Fiorentino ?

Saint Jean-Baptiste (Francesco di Giorgio Martini)Pour nous repérer, la carte d’Italie et la frise chronologique du musée s’avèrent judicieuses. Les événements cruciaux, qu’il s’agisse de la vie des peintres ou de la création de leurs œuvres, sont présentés sur un panneau. Afin de faciliter notre compréhension globale, ils sont divisés selon les États alors existants : duché de Milan, Républiques de Florence et de Venise et États pontificaux

Concernant les nus, les hommes, tout en muscles et en supposée virilité, s’opposent aux femmes, représentées avec plus de délicatesse... et d’habits !

Dans la deuxième partie de l’exposition, on contemple des œuvres d’art sacré. Donatello règne en maître incontesté avec ses bas-reliefs et ses statues en bronze. Les artistes suscitent la pitié et la piété des ouailles grâce à de superbes groupes et à des figures saintes en bois polychromé qui nous dominent de toute leur hauteur. À cet égard, le Saint Jean-Baptiste de Francesco di Giorgio Martini est particulièrement réussi : la gravité de son regard dissuaderait quiconque de discuter avec son voisin durant une messe !

Plus loin, Marie-Madeleine, à demi-agenouillée sur le sol, le bras tendu vers le ciel, exprime son profond désarroi, tandis que saint Jean, debout, tourne son regard vers le ciel pour l’implorer. Ce groupe en bois doré et polychromé de Giovanni Angelo del Maino est présenté à hauteur d’enfant, dans une mise en scène théâtrale soulignant la dynamique du duo.

Nos pas nous conduisent ensuite vers des réinterprétations de sculptures classiques, telles le Laocoon ou le Tireur d’épine, par des artistes en quête d’une harmonie des formes et des volumes. Chaque œuvre a ses particularités, son matériau de prédilection, son creuset d’inspirations. Ainsi, Vittore Camelio a choisi le bronze patiné noir pour sculpter son Combat d’hommes nus et de satyres, semblable aux motifs orant les sarcophages antiques, mais aussi aux œuvres de Michel-Ange.

Bacchus et Ariane (1532, Tullio Lombardo)Les thématiques chères à Léonard de Vinci sont également reprises par des artistes, tel Giovanfrancesco Rustici dans ses Scènes de combat : cavaliers se défendant contre quatre assassins, réalisés en 1505-1510, librement inspirés du groupe de La Bataille d’Anghiari.

En poursuivant notre chemin, on tombe sur le couple en marbre ornant toutes les affiches de l’exposition : Bacchus et Ariane. Ceux-ci ont été sculptés par Tullio Lombardo vers 1532. Grâce à de savants jeux de lumière, Lombardo excelle à représenter l’intimité, la tendresse.

À la fin de l’exposition se trouvent quelques esquisses de Raphaël, et surtout deux statues monumentales de Michel-Ange : L’Esclave mourant et L’Esclave rebelle. Les mouvements tortueux de l’âme de ces deux jeunes hommes sont magnifiquement représentés par le sculpteur.

Au bout de l’allée, quatre pilastres en marbre stupéfient par leurs détails foisonnants. Cette réalisation de Bambaia décorait le tombeau de Gaston de Foix, neveu de Louis XII. Difficile de savoir ce qui est le mieux exécuté : les soldats, les boucliers, les épées, les lions ou les cuirasses ? Nous vous laissons libres de choisir l’élu de votre admiration.

Pénélope Pélissier

Esclaves (Michel-Ange, musée du Louvre)

Publié ou mis à jour le : 2021-06-13 10:52:19

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