Comment représenter l'oeuvre de Léonard de Vinci cinq cents ans après sa mort ? Le musée du Louvre, qui recèle cinq des vingt chefs-d'oeuvre de l'artiste florentin, tente ce défi impossible du 24 octobre 2019 au 24 février 2020.
Le résultat, ce sont une dizaine de peintures parmi les plus célèbres, dont celles du Louvre bien évidemment - à l'exception de la Joconde qui n'a pas souhaité descendre dans les communs -. Ce sont aussi plus de cent cinquante dessins préparatoires, carnets et croquis de Léonard et quelques autres œuvres de ses contemporains.
La visite commence par l'extraordinaire ensemble de bronze L'Incrédulité de saint Thomas, par Andrea del Verrocchio, auprès duquel le jeune Léonard s'est formé de 1464 à 1478. Ce bronze plus grand que nature illustre magistralement la quête de beauté parfaite, de mouvement et de vie intérieure qui caractérise l'art de la Renaissance et l'oeuvre de Léonard de Vinci en particulier. Il représente une scène de l'Évangile, quand l'apôtre Thomas demande à vérifier par lui-même, en touchant les plaies du Christ ressuscité, que celui-ci n'est pas un imposteur.
Une rétrospective quasi-complète
Pour cette rétrospective, le Louvre présente en bonne place les oeuvres qu'il détient en propre : Sainte Anne, La Vierge aux rochers, Saint Jean Baptiste et la Belle Ferronnière, portrait de l'une des maîtresses de son protecteur Ludovic Sforza Le More.
Ajoutons aussi le portrait d'Isabelle d'Este, marquise de Mantoue, réputée l'une des plus remarquables femmes de son époque.
Pendant son séjour à Mantoue, en 1499, Léonard a exécuté d'elle deux dessins dont l'un d'eux est au Louvre.
Pour l'exposition, le musée a aussi bénéficié, fort heureusement de prêts exceptionnels des musées italiens. Il a ainsi obtenu in extremis le droit d'exposer le célébrissime Homme de Vitruve, devenu l'icône de l'humanisme de la Renaissance. D'une très grande fragilité, il ne restera visible au Louvre que quelques semaines.
De Milan est venu le Jeune homme à la partition, une huile sur bois réalisée en 1485. Il s'agirait d'un musicien de la cour de Ludovic Sforza.
C'est la seule oeuvre qu'ait conservée Milan du long séjour (25 ans) de Léonard en ses murs.
La Pinacothèque du Vatican a aussi prêté au Louvre la seule oeuvre de Léonard visible à Rome, Saint Jérôme pénitent. Il s'agit d'une huile sur bois exécutée vers 1482 à Milan et restée inachevée.
Les commissaires de l'exposition Vincent Delieuvin et Louis Franck ont toutefois eu moins de chance avec Salvator Mundi.
Cette oeuvre longtemps disparue n'a été formellement attribuée à Léonard de Vinci qu'en 2011 !
Elle a fait la Une de la presse... économique il y a deux ans quand sa vente aux enchères a crevé les plafonds. Elle dort aujourd'hui dans le coffre de son acheteur, sans doute un autocrate du Golfe.
Parmi les très nombreux dessins qui accompagnent ces oeuvres, notons une étude pour l'ange de la Vierge aux rochers qui vient de la Bibliothèque royale de Turin. D'aucuns y voient le portrait de Cecilia Gallerani, maîtresse de Ludovic Sforza, qui a par ailleurs posé pour la Dame à l'hermine, célébrissime peinture de Léonard, hélas absente de l'exposition et toujours visible à Cracovie.
Pour le reste, le Louvre donne à voir de nombreux dessins et croquis dont beaucoup sont devenus célèbres, telles les images de foetus ou encore le pendu, souvenir visuel de la répression des Pazzi, à Florence en 1478.
De nombreuses réflectographies infrarouge à la taille des tableaux révèlent les différentes étapes de leur conception, leur hiostoire et leurs significations cachées. Cela est important du fait que Léonard de Vinci retravaillait ses sujets parfois durant quinze ans, et les laissaient inachevés.
N'insistons pas sur la réalité virtuelle appliquée à la Joconde : les visiteurs, sur réservation, peuvent pendant six ou sept minutes dialoguer avec Mona Lisa à travers des lunettes 3D !
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