Les Temps modernes en cartes animées

Vincent raconte la fin de la féodalité en France

Royaume le plus étendu, riche et éclairé de la chrétienté occidentale dès le XIIIe siècle, la France va connaître de grandes transformations à la fin du XVe siècle. Après l'épuisante succession de conflits dynastiques qualifiée de « guerre de Cent Ans », elle va retrouver son prestige et surtout va développer des institutions nouvelles (impôt et armée permanents, poste, etc.) qui vont en faire le premier État centralisé des Temps modernes.

La fin de la féodalité en France (1440-1491)

Lorsque la guerre de Cent Ans s’achève en 1453, la France est déjà entrée dans une phase de profonde transformation sous le règne de Charles VII, dit le Victorieux ou plus justement le Bien Servi.

Deux facteurs expliquent cette ascension : tout d’abord, la faiblesse des Français face aux archers longs anglais, manifeste à Crécy et Azincourt, a accéléré le développement des premiers canons. L’artillerie restera une grande spécialité française pendant les quatre siècles à venir. D’autre part, Charles VII a créé une armée permanente financée par un impôt également permanent, pour la « taille des lances », la taille tout simplement. C'en est fini du régime féodal (dico) dans lequel le suzerain devait compter sur le bon vouloir de ses vassaux pour l'accompagner à la guerre. La France, en avance sur les autres pays européens, prend la forme d'un État centralisé.

Jean-Léon Gérôme, Louis XI visite le cardinal Jean La Balue, son secrétaire d?Etat, qu?il a fait emprisonné, l?accusant d?avoir intrigué contre lui en faisant alliance avec Charles le Téméraire, 1883, Collection Charles Bessonneau, Angers.Mais cette évolution n’est pas du goût de tout le monde : lorsque Louis XI succède à son père en 1461, il doit notamment affronter son cousin, le puissant duc de Bourgogne Philippe le Bon qui revendique une totale indépendance. En 1465, Charles, fils unique du duc, parvient à rassembler autour de lui de nombreux vassaux mécontents tels que le duc de Bretagne François II dans une « Ligue du Bien public ». Après trois ans de guerre, Louis XI parvient à rétablir son autorité mais doit céder quelques territoires en Picardie au duc de Bourgogne.

Philippe le Bon étant mort peu après, le 15 juin 1467, son fils Charle lui succède sous le surnom de Téméraire. Il doit composer avec deux suzerains, le roi de France mais aussi l’empereur germanique Frédéric III. Charles le Téméraire peut ainsi racheter des territoires en Alsace en 1469, s’emparer du duché de Gueldre en 1472, puis entrer dans Nancy en 1475, mettant ainsi la main sur le duché de Lorraine. En reliant ses possessions du nord et du sud, il a l’ambition de constituer un État d'un seul tenant à la charnière de la France et de l'Empire. Cette ambition va causer sa chute : tandis que les Alsaciens se révoltent face à la trop forte fiscalité, les cantons suisses s’inquiètent de cette menace grandissante. Louis XI s’empresse de financer leur guerre contre Charles le Téméraire qui subit une succession de défaites sévères. La ville de Nancy se révolte à son tour et Charles meurt en 1477 en tentant de reprendre la ville.

Rogier van der Weyden, Jean Wauquelin présentant ses Chroniques de Hainaut à Philippe le Bon, 1447, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique. Charles le Téméraire est vêtu de bleu. Agrandissement : Charles Houry, Découverte du corps de Charles le Téméraire retrouvé après la bataille de Nancy, 1862, musée lorrain de Nancy.

Le Téméraire ne laisse derrière lui qu’une fille, Marie de Bourgogne. Louis XI tente de s’emparer de ses possessions, mais l’héritier du trône impérial Maximilien d’Autriche lui coupe l’herbe sous le pied en l’épousant. Finalement, Louis XI doit se contenter de la Picardie et du duché de Bourgogne sans parvenir à récupérer la Flandre et l’Artois. En 1482, la mort de Marie de Bourgogne fragilise toutefois le camp impérial. Louis XI parvient à fiancer son fils le futur Charles VIII à Marguerite d’Autriche, la fille de Marie et de Maximilien âgée de deux ans. Charles VIII doit ainsi récupérer l’Artois et le comté de Bourgogne en guise de dot, mais seulement au jour du mariage.

Charles VIII succède à son père en 1483 alors qu’il n’est pas encore majeur. En France, la régence de sa soeur Anne de Beaujeu favorise une nouvelle révolte des grands seigneurs qui tentent d’en profiter pour retrouver leur pouvoir perdu. Elle est soutenue par Maximilien d’Autriche et le duc François II de Bretagne qui demeure l’autre grand pôle indépendant du royaume. Charles VIII parvient à reprendre la main, mais le duc François II meurt en 1488 sans héritier mâle, ce qui redistribue les cartes.

Édouard Toudouze, Le mariage d'Anne de Bretagne, vers 1900, musée des Beaux-Arts de Rennes.

Maximilien cherche alors à épouser Anne de Bretagne, la fille de François II, pour récupérer le duché, ce qui n’est pas du goût de Charles VIII qui y voit un danger d’encerclement. Celui-ci annule donc ses fiançailles avec Marguerite d’Autriche pour épouser Anne de Bretagne et annexer enfin la Bretagne. En 1491, il parvient à imposer ses vues par la force en s’emparant de la ville de Rennes : la Bretagne passe alors dans le giron français. À cette date, le roi a restauré son autorité sur tous ses vassaux, à l’exception de l’Artois et de la Flandre qui passent hors de sa suzeraineté au profit des Habsbourg.

La fin de l’âge féodal va permettre aux rois de France de reprendre leur ascension brutalement stoppée par la Peste noire et la guerre de Cent Ans : on entre dans l’époque des guerres d’Italie...

Vincent Boqueho

Publié ou mis à jour le : 2023-09-05 12:20:16

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