Les Temps modernes en cartes animées

Vincent raconte l’empire ottoman (1453-1566)

Dans cet épisode, on va s’intéresser à la fabuleuse expansion de l’empire ottoman sous les premiers sultans jusqu’au règne de Soliman le Magnifique...

L’expansion de l’empire ottoman (1453-1566)

Tout commence au début du XIVe siècle. L’Anatolie est alors divisée en petits états turcs issus de la décomposition du sultanat de Roum. L’un d’eux est dirigé par Osman Ier, le fondateur de la dynastie des Ottomans. Il profite de la faiblesse de l’empire byzantin pour s’étendre dans cette direction : son successeur Orhan pose le premier pied en Europe en 1354 grâce à la prise de Gallipoli, puis Murad Ier remporte une victoire décisive contre les Serbes en 1371 qui lui permet d’entreprendre la conquête des Balkans. Le sultanat ottoman devient alors assez puissant pour imposer son autorité sur de nombreux états turcs d’Anatolie.

Peinture moghole censée représenter la bataille d'Ankara.À cette époque, l’empire byzantin est réduit à la ville de Constantinople. Le sultan Bayezid Ier cherche à s’en emparer en 1394, mais l’irruption de Tamerlan l’oblige à lever le siège 4 ans plus tard. Bayezid (ou Bajazet) est capturé à la bataille d’Ankara (ou Angora) en 1402, ce qui plonge le sultanat dans une période de troubles. Pendant les 50 années qui suivent, le sultanat ne parvient à progresser que dans la principauté roumaine de Valachie, qui devient tributaire mais conserve son indépendance.

Les royaumes chrétiens cherchent à profiter de cette fragilité : en 1443, le pape lance une grande croisade contre les Turcs menée par le roi de Pologne et de Hongrie Ladislas III, mais elle subit une défaite décisive à Varna.

Le sultanat ottoman est alors entre les mains de Mehmed II qui incarne ce regain de vitalité. Il parvient à s’emparer de Constantinople en 1453 grâce à l’usage du canon qui commence à s’imposer dans les armées. L’empire ottoman peut ainsi s’afficher comme l’héritier de l’empire romain. Mehmed II en fait aussitôt sa capitale et entreprend la construction du palais de Topkapi. Puis il annexe la Serbie déjà vassalisée en 1459, achève la conquête de la Grèce en 1460, s’empare du dernier bastion byzantin à Trébizonde en 1461, récupère le royaume de Bosnie en 1463, et poursuit l’expansion en Anatolie aux dépens des autres états turcs. La principale résistance à cette époque provient des Albanais qui sont menés par un chef charismatique, Skanderberg. Celui-ci a été élevé à Constantinople en tant qu’otage, apprenant ainsi les techniques militaires des Ottomans. Ca permet aux Albanais de conserver leur indépendance jusqu’en 1480, date à laquelle la région est intégrée à l’empire.

Le sultan Mehmed II avec ses dignitaires, miniature ottomane conservée à l'Istanbul Üniversitesi Rektörlügü.

En parallèle, Mehmed II cherche à s’emparer des possessions vénitiennes et génoises qui contrôlent toujours le commerce en Mer Noire et en Mer Egée. Grâce au développement d’une flotte puissante, il conquiert notamment l’Eubée aux dépens de Venise et la Crimée côtière aux dépens de Gênes. Il en profite pour vassaliser le khanat de Crimée plus au nord, issu d’une scission au sein de la Horde d’Or et dirigé par des Turco-Mongols appelés les Tatars. Puis en 1480, il parvient à prendre pied à Otrante en Italie aux dépens du royaume de Naples qui est alors en lutte contre le pape. Mehmed II meurt un an plus tard après un règne particulièrement énergique.

Son successeur Bayezid II parvient à rendre tributaire la principauté de Moldavie, habitée par les Roumains tout comme la Valachie et la Transylvanie. Cependant il doit faire face à une double menace à l’est : celle de l’Egypte des Mamelouks, et celle de l’empire perse séfévide fondé en 1501. Ca va entraîner une pause dans les conquêtes européennes.

Soldats ottomans marchant contre les rebelles albanais, British Library.

Lorsque le sultan Sélim Ier monte sur le trône en 1512, il décide de concentrer toute son attention sur ce front oriental. Il commence par s’allier aux Mamelouks pour lutter contre les Perses, et remporte une grande victoire à Tchaldiran en 1514 qui lui ouvre toute l’Anatolie orientale.

Pour contrer la puissance croissante de l’empire ottoman, les Mamelouks changent ensuite d’alliance et rejoignent les Séfévides. Sélim Ier réagit aussitôt et remporte la bataille de Marj Dabiq en Syrie qui écrase l’armée égyptienne en 1516. Il peut alors progresser sans résistance jusqu’en Egypte où il remporte une nouvelle victoire près du Caire en 1517. L’empire ottoman peut ainsi s’emparer de l’ensemble de l’empire égyptien et les villes saintes du Hedjaz lui prêtent allégeance.

A cette époque, le Maghreb doit lutter contre les tentatives d’expansion de l’Espagne de Charles Quint, ce qui pousse certains chefs musulmans à appeler les Ottomans à l’aide. Ainsi naît la Régence d’Alger en 1516, soumise à l’empire ottoman et dirigée par les frères Barberousse. L’Espagne se détournera finalement vers Annaba et Tunis.

Sipahis de l'Empire ottoman à Vienne, Józef Brandt,  XIXe siècle.

En l’espace de trois ans, Sélim Ier aura considérablement étendu son empire vers l’Asie et l’Afrique en écrasant les plus grandes puissances de son époque. La force des Ottomans repose notamment sur une armée professionnelle chapeautée par le corps des janissaires. Il s’agit d’esclaves chrétiens capturés jeunes, puis convertis à l’islam et entraînés pour devenir des troupes d’élite. On retrouve donc le même principe que le corps des Mamelouks en Egypte, mais à une échelle bien plus grande : les territoires chrétiens conquis en Europe constituent en effet une ressource humaine inépuisable. Les janissaires sont notamment d’origine grecque, albanaise, serbe et bulgare. Les Ottomans sont également à la pointe des innovations, comme dans le domaine de l’artillerie. Enfin ils ont su récupérer l’héritage byzantin, à l’origine notamment de leur flotte puissante.

Lorsque Soliman succède à son père en 1520, il hérite d’un empire rayonnant. Il se tourne aussitôt vers l’Europe que son père avait quelque peu délaissée et s’empare de Belgrade aux dépens du royaume de Hongrie en 1521. Puis il s’empare de l’île de Rhodes en 1522 aux dépens de l’ordre des Hospitaliers qui doit alors trouver refuge sur l’île de Malte.

En 1526, Soliman reprend la guerre contre la Hongrie qui subit une défaite décisive à la bataille de Mohacs. Le roi de Hongrie meurt dans la bataille et le pays est démembré entre la suzeraineté ottomane et la souveraineté du roi de Bohême. En 1529, Soliman conforte son emprise en prenant la future Budapest, mais il échoue à prendre Vienne, ce qui marque une nouvelle étape très symbolique : l’empire ottoman ne parviendra jamais à progresser vers l’Europe Occidentale.

Soliman doit alors reporter ses efforts plus à l’est : il reprend les guerres contre l’empire perse qui lui permettent de progresser peu à peu vers l’Arménie et vers l’Irak. Ces nouvelles acquisitions sont actées au traité de paix de 1555, confortant l’ouverture de l’empire ottoman vers l’Océan Indien amorcée avec la prise de l’Egypte en 1517. Cette époque est marquée par les conflits récurrents entre les flottes ottomanes et portugaises. Les villes de Mascate et d’Aden changent plusieurs fois de main ; finalement, les Ottomans doivent se contenter d’un monopole sur la Mer Rouge, conforté par la conquête du Yémen.

En Méditerranée, leur hégémonie maritime est menacée par la flotte espagnole qui parvient à s’emparer de Tunis en 1535. Ca pousse Soliman à s’allier au roi de France François Ier qui est encerclé par les possessions de Charles Quint. La flotte espagnole est finalement battue par l’amiral Barberousse en 1538, ce qui facilite les opérations en Afrique du Nord. En 1551 est créée la Régence de Tripoli tandis que celle d’Alger s’agrandit.

Soliman le Magnifique n’est pas seulement un grand conquérant comme son père, c’est aussi un grand législateur et un amoureux des arts. La capitale Constantinople est particulièrement favorisée et voit se multiplier les nouveaux monuments. Lorsque Soliman meurt en 1566, l’empire ottoman est à l’apogée de son rayonnement.

Vincent Boqueho
Publié ou mis à jour le : 2023-10-15 16:30:26

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net