Victor Schoelcher (1804 - 1893)

Une vie vouée à l'abolition de l'esclavage

Précurseur dans l'abolition de l'esclavage avec l'édit de Pluviôse (4 février 1794), la France était néanmoins revenue sur ses engagements à la fin de la Révolution et avait rétabli la situation antérieure dans ses colonies ou ce qu'il lui en restait. Il faudra une nouvelle révolution en février 1848 pour que l'esclavage soit enfin aboli pour de bon dans les colonies françaises. L'édit du 27 avril 1848 sera porté par un abolitionniste de la première heure, le philanthrope Victor Schoelcher.

Fabienne Manière
Billet de banque émis en 1946 en l'honneur de Victor Schoelcher

Un jeune bourgeois idéaliste

Victor Schoelcher est né à Paris, en 1804, dans la riche famille d'un fabricant de porcelaine catholique, originaire de Fessenheim (Alsace). Jeune homme idéaliste, il fréquente les milieux artistiques et se pénètre d'idéaux républicains. Désireux de le ramener à la sagesse, son père l'envoie faire un voyage de dix-huit mois au Mexique, aux États-Unis et à Cuba sous le prétexte de développer les affaires familiales.

Victor Schoelcher (Paris, 22 juillet 1804 ; Houilles, 25 décembre 18933) (1832, Henri Decaisne, musée de Fessenheim)De passage à Cuba, aux Antilles, il est horrifié par la découverte de l'esclavage. Le jeune homme envoie à des journaux parisiens des Lettres du Mexique.

À son retour en 1830, devenu journaliste, il publie dans La Revue de Paris deux articles : « Des Noirs », dans lesquels il plaide pour une abolition très progressive de l'esclavage, jugeant  que les intéressés ne sont pas mûrs pour la liberté.

En 1832, à la mort de son père, il hérite de l'entreprise familiale et la revend aussitôt pour se consacrer tout entier à son combat philanthropique. Il publie un premier ouvrage intitulé De l'esclavage des noirs et de la législation coloniale (1833) dans lequel il analyse avec autant de froideur qu'il lui est possible les contradictions inhérentes à l'esclavage. La même année, notons-le, le Parlement anglais vote l'abolition progressive de l'esclavage dans toutes ses colonies d'ici au 1er août 1840.

Victor Schoelcher adhère à la loge maçonnique « Les Amis de la Vérité » puis à la Société française pour l'abolition de l'esclavage, fondée le 15 août 1834 sur le modèle britannique. Plus tard, enfin, en 1840, il accomplit un nouveau périple dans les colonies à esclaves de la France. C'est pour y noter une situation proprement explosive. Il milite dès lors pour une abolition concertée avec les planteurs.

Un militant confirmé des justes causes

Quand éclate la révolution de février 1848, Victor Schoelcher, connu à travers ses nombreux articles et livres, devient tout naturellement sous-secrétaire d'État aux colonies dans le ministère de la Marine dirigé par l'astronome François Arago. C'est à ce titre qu'il peut rédiger et signer le décret d'abolition du 27 avril 1848.

Victor Schoelcher (photographie d'Étienne Carjat)Dans la foulée, Victor Schoelcher se fait élire député de la Martinique ainsi que de la Guadeloupe (en Martinique, il sera battu l'année suivante par Cyrille Bissette, un  « libre de couleur » qui a aussi beaucoup milité pour l'abolition). Siégeant à la gauche de l'Assemblée, il est présent sur les barricades auprès du malheureux député Alphonse Baudin le 3 décembre 1851, à la suite du coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte.

Exilé en Angleterre sous le Second Empire, Victor Schoelcher reviendra en France à la chute de Napoléon III comme député de la Martinique avant d'être promu sénateur inamovible le 16 décembre 1875. Ainsi peut-il poursuivre ses combats contre la peine de mort, la bastonnade dans les bagnes etc.

Statue de Victor Schoelcher à Fort-de-France (1904, Anatole Marquet de Vasselot)En 1888, le village de Case-Navire, en Martinique, prend son nom, Schoelcher. À sa mort, célibataire et sans enfant, le philanthrope distribue ses biens et lègue notamment à la Guadeloupe sa collection, installée aujourd'hui dans le musée Schoelcher. de Pointe-à-Pitre.

En 1904 a été érigée devant le Palais de Justice de Fort-de-France (Martinique) une statue du grand homme, due au sculpteur Anatole Marquet de Vasselot, élève de Rodin.

Cette belle oeuvre d'art se signale néanmoins par une touche paternaliste dérangeante : elle montre Schoelcher caressant la tête d'un enfant noir chargé de chaînes. Cela ne saurait justifier toutefois sa destruction par des vandales le 22 mai 2020, le jour où les habitants de l'île ont coutume de commémorer l'abolition de l'esclavage. 

Le 20 mai 1949, à l'initiative du sénateur guyanais (et métis) Gaston Monnerville, les cendres de Victor Schoelcher ont quitté le cimetière du Père-Lachaise pour rejoindre le Panthéon, aux côtés de celles de Félix Éboué, gouverneur du Tchad originaire de Guyane, premier noir à entrer au Panthéon,.

Publié ou mis à jour le : 2021-12-24 18:09:57
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Même herodote.net, dont je suis un fidèle, se laisse ici - marginalement, Dieu merci ! - infecter par l'idéologie " indigénisto-repentante " en écrivant " Cette belle œuvre d'art se signale n... Lire la suite

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