Consternant. Cent cinquante ans après l'affranchissement des esclaves américains et l'octroi du droit de vote (1865), soixante ans après le premier mouvement non-violent pour l'intégration des Noirs (1955), cinquante ans après le vote du Voting Rights Act (1965) qui levait tous les obstacles à l'usage du droit de vote par les Noirs, on attendait mieux que cette bluette ennuyeuse et sans consistance historique.
Si prompts à représenter au cinéma les débats qui agitent l'actualité (Dallas, Vietnam, Watergate...), les cinéastes américains montrent, peu d'appétence pour le film d'Histoire, à deux exceptions, Le jour le plus long, de Cornelius Ryan, et Lincoln, par Steven Spielberg... Cette « loi » se vérifie avec le premier (!) film consacré à Martin Luther King, l'une des figures les plus charismatiques de la deuxième moitié du XXe siècle.
L'action se déroule entre l'octroi du Prix Nobel de la Paix au pasteur, le 14 octobre 1964, et la signature du Voting Rights Act par le président Lyndon B. Johnson, le 6 août 1965.
Entre ces deux dates se tiennent les dernières grandes marches non-violentes du Mouvement des droits civiques, dans la petite ville de Selma (Alabama) où les fonctionnaires persistent à refuser le droit de vote aux Noirs, sous les prétextes les plus futiles. Après plusieurs incidents sanglants, la troisième, le 25 mars 1965, largement médiatisée, fait basculer l'opinion publique...
Le film de la réalisatrice Ana DuVernay ne montre rien d'autre des actions de Martin Luther King entre 1955 et son assassinat en 1968. Et il réduit le mouvement de Selma à des dialogues aussi anodins qu'imaginaires sans valeur historique ni intérêt pédagogique.
Les acteurs, faut-il le préciser ? sont aussi peu crédibles que possible. On comprend mal le charisme de Martin Luther King à voir l'acteur qui l'interprète. Le président Johnson et le patron du FBI J. Edgar Hoover ont quant à eux l'air d'empotés, sans aucune ressemblance physique avec leurs originaux. Plus surprenant encore, Coretta King, l'épouse du pasteur, apparaît comme une belle jeune métisse quasi-blanche. Rien à voir avec son modèle et ambigu.
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