Le 24 juillet 1775, au tout début du règne de Louis XVI, nait à Arras Eugène-François Vidocq. À vingt-cinq ans il a déjà été tour à tour soldat, faussaire et bagnard dans une France en révolution ; à trente-sept, sous l’Empire, il est devenu chef de la police.
Quand il démissionne en 1827, il écrit ses Mémoires à succès, crée des entreprises et devient un bon bourgeois parisien de la monarchie de Juillet, néanmoins poursuivi en justice ; il rédige aussi des essais méconnus pour plus de justice pénale et sociale. Il meurt en 1857 sous Napoléon III.
Malgré sa longévité, on retient avant tout de cette destinée deux faces illustrées par la couverture d’un livre paru en 1892 : Vidocq, le roi des voleurs ; le roi des policiers : résumé abusif, ce sont plutôt cinq vies en une que nous allons découvrir, en même temps que des témoignages passionnants sur une période pleine de ruptures.
Avec sa biographie de Vidocq, l’historien Jean-Pierre Jessenne propose une plongée dans une vie exceptionnelle, celle du bagnard devenu policier, et, à travers elle, une exploration de la grande transformation que vit la société française à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles. Vidocq a en effet vécu la Révolution, en tant que soldat victorieux à Valmy, avant d’évoluer sous tous les régimes qui se succéderont jusqu’à... Napoléon III. Sa trajectoire en fait un témoin particulièrement attentif à l’évolution politique mais aussi sociale qui va faire basculer la France vers la modernité telle que nous la connaissons.
Des armées de la Révolution au bagne : une jeunesse tumultueuse
François, fils d’un boulanger établi près de l’hôtel de ville d’Arras, est connu pour être un garçon turbulent ; il fréquente précocement les militaires de la garnison et leurs cabarets ; il apprend l’escrime et se trouve impliqué dans des rixes et des malversations, y compris à l’encontre de la caisse familiale. Le père finit par le faire enfermer à la prison des Baudets.
En 1791, il le laisse s’engager dans le régiment de Bourbon-Infanterie implanté à Arras ; à seize ans, le voilà donc soldat. L’imprévu est que dans une France en Révolution depuis 1789, la guerre est déclarée à l’Empire et à la Prusse en avril 1792.
Le soldat Vidocq participe ainsi à la victoire de Valmy (20 septembre 1792), la veille de la proclamation de la République. Un premier grade lui est promis. Mais une bagarre avec un sergent-major le conduit à quitter son régiment. Il en rejoint un autre peu après.
Dès lors, pendant plus de deux ans, le jeune soldat alterne présences à différents endroits du front du Nord, passages à Arras, y compris au moment de la Terreur, échappées amoureuses vers Lille, instruction des nouvelles recrues, mariage avec la sœur d’un sans-culotte arrageois.
L’histoire retient plus volontiers de cette armée de la Révolution les carrières longues et glorieuses des Murat et autres généraux issus du peuple. François incarne un cheminement plus sinueux, mais plus courant ; Il est surtout inspiré par les nécessités alimentaires, une puissante et fantasque fureur de vivre, en totale rébellion contre l’ordre paternel.
Le comble de ces divagations est atteint quand il intègre en Belgique « l’armée roulante », une fausse armée dont les membres vivent en marge des armées officielles. Alors qu’à l’hiver 1794-95, la France est plongée dans une grande incertitude politique et économique, le gouvernement hésite entre la recherche de la paix et la poursuite d’une guerre de conquête en Belgique et aux Pays-Bas.
Les mouvements de troupes et les déserteurs sont nombreux, parmi eux, notre François qui part vers Bruxelles. Il raconte sa situation en mars 1795 : « Pour me présenter dans cette ville, il me fallait des papiers justifiant que j’étais bien Rousseau, né à Lille. Un capitaine de carabiniers belges se chargea moyennant quinze louis de me fournir les pièces nécessaires […]. Sous le nom de Rousseau on me délivre une feuille de route de sous-lieutenant du 6e chasseurs, voyageant avec son cheval et ayant droit au logement et aux distributions. C’est ainsi que je me trouvai incorporé dans cette armée roulante, composée d’officiers sans brevet, sans troupe qui munis de faux états et de fausses feuilles de route en imposaient d’autant plus qu’il y avait moins d’ordre dans les administrations militaires. […] L’armée roulante n’était pas alors composée de moins de deux mille aventuriers qui vivaient là comme le poisson dans l’eau. […]. Revenus à Bruxelles, nous nous fîmes délivrer des billets de logement et je fus envoyé chez une riche veuve, la baronne d’I… . On me reçut comme on recevait alors les Français à Bruxelles, à bras ouverts » [Mémoires, chapitre 1]. Vidocq évoque les multiples réceptions chez la baronne, l‘idée du mariage pour lui soutirer le maximum d’argent à partager avec ses compagnons. Il y renonce et la quitte pour Paris avec un joli pécule donné ou volé, ce qui est invérifiable.
On assiste ainsi à une sorte de traversée insouciante et sans engagement durable de cette décennie incertaine. Dans la Révolution, à l’armée et ailleurs, les destinées individuelles varient. Celle de notre personnage conduit d’ailleurs à s’interroger sur la validité de ses Mémoires de 1828, témoignage sans conteste éclairant mais à utiliser avec esprit critique, d’autant plus que sont intervenus des « teinturiers » (prête-plumes) et que l’autobiographie conduit souvent l’auteur à se donner le beau rôle.
En tout cas, au fil de ces années du Directoire, Vidocq multiplie les fréquentations douteuses : tricheurs de cartes, « chauffeurs » du Nord (brigands torturant leurs victimes pour qu’elles avouent leurs cachettes), tziganes faux vétérinaires qui escroquent les paysans, etc. Ces aventures lui valent plusieurs emprisonnements, suivis d’autant d’évasions grâce à divers subterfuges : déguisements, moules de fausse clef en pomme de terre, tunnels.
Ces tentatives échouent parfois comme à la prison de Douai où l’eau de la Scarpe envahit le boyau creusé et oblige les candidats à l’évasion à appeler les gardiens à leur secours. Le 27 décembre 1796, Vidocq est condamné pour faux à huit ans de bagne par le tribunal criminel de Douai, car il a fourni un bulletin de sortie falsifié à un codétenu.
Comme la plupart des futurs bagnards, il est transféré à la prison parisienne de Bicêtre. La description des lieux et des conditions de détention, l’opération du ferrement avant le départ pour Brest donnent lieu à un récit passionnant ; il se termine par l’évocation de la violence des relations entre détenus : « À cinq heures le ferrement fut terminé. Il ne resta dans la cour que les condamnés. Livrés à eux-mêmes, ces hommes loin de se désespérer s’abandonnaient à tous les écarts d’une gaieté tumultueuse, de gestes abominables [….]. De grands cris retentirent ; on assommait à coups de chaînes trois condamnés, dont un voleur surnommé petit Matelot, qu’on accusait d’avoir trahi ses camarades par des révélations. […] Les argousins [gardiens] ne se donnèrent pas le moindre mouvement pour arracher le Petit Matelot des mains des forçats ; aussi mourut-il quatre jours après le départ.[…]. » [Mémoires, chap. 8].
On suit aussi les bagnards dans le dur cheminement de Paris à Brest ; à Pontanézen, à quelques kilomètres de la ville, une quarantaine est observée dans une ancienne léproserie. Vidocq tente une évasion en faisant le mur mais il est immobilisé par une double entorse.
Finalement amené au bagne, le prisonnier avoue « sa vive émotion » à la vue de l’imposant bâtiment brestois. On partage avec lui le travail forcé, les sinistres dortoirs où les bagnards rassemblés sont couchés sur des cadres en bois et une nouvelle évasion à travers la campagne bretonne jusqu’à Nantes et Cholet. Le fuyard y est recruté par un marchand de bœufs qu’il aide à acheminer les bestiaux jusqu’à Paris.
À nouveau ce sont les déplacements, la clandestinité, la rencontre de compagnons de bagne, le retour à Arras, le refuge dans un village où il se cache en exerçant la fonction de bedeau. Finalement, il est repris et cette fois transféré au bagne de Toulon ce qui permet d’autres descriptions des conditions de détention : les pontons (bateaux débarrassés des superstructures du pont), les travaux du port, mais aussi la fabrication de jouets vendus en ville.
Il réussit une nouvelle évasion en mars 1800, en se mêlant à un cortège de funérailles. Une deuxième séquence « vidocquienne » s’ouvre alors jusqu’en 1809. Toutefois après cette traversée de la période révolutionnaire, le passé débordant et la réputation du condamné le poursuit.
L’impossible retour à la normalité (1800-1809)
Plus qu’au détail des aventures, nous porterons l’attention sur la confrontation du trentenaire à des envies et à des situations contradictoires. Indéniablement, François aspire alors à une vie plus stable et compatible avec le nouvel ordre qui prévaut dans la France du Consulat et du Premier Empire (à partir de 1804).
Les signes de cette envie de normalisation sont multiples. L’évadé, toujours clandestin par force, change encore souvent de résidence, mais il séjourne prioritairement à Paris et dans les villes proches, même si pour se cacher il s’éloigne parfois, jusqu’au camp de la grande armée à Boulogne-sur-Mer par exemple.
Il gagne sa vie en pratiquant différents commerces, surtout textiles, en boutiques ou ambulants. Par ailleurs, celui qu’on considère comme un Don Juan impénitent, fait alors montre de fidélité dans ses relations, non seulement avec sa mère qu’il accueille chez lui (jusqu’à sa mort en 1824), mais aussi avec sa compagne Annette.
Toutefois, le prisonnier en fuite continue de rencontrer des personnes de sa vie d’avant, surtout des codétenus ou des compagnons d’aventures qui sollicitent divers services, comme certains Blondy, Duluc et Saint-Germain qui exigent qu’il « aboule du carle » (donne de l’argent) et lui empruntent une cariole ; Vidocq la retrouve maculée de sang : elle a servi à transporter une victime d’assassinat.
François, vulnérable, craint d’être entraîné dans les crimes de ces compagnons compromettants ; après l’échec de sa demande de grâce, il se convainc qu’il ne pourra sortir de l’inexorabilité de la prison, des condamnations aggravées et finalement de la guillotine qu’en s’intégrant au nouvel ordre impérial.
Pour cela, il adopte le rôle ambigu et dangereux de mouchard, à l’occasion d’une nouvelle incarcération en 1809. Il propose aux dirigeants de la police de dénoncer ses compagnons de cellule, pour les projets d’évasion notamment. Il s’avère d’autant plus efficace qu’il bénéficie d’une grande réputation auprès des condamnés. Ainsi culmine une décennie incertaine entre normalité et condamnation qui débouche sur une fonction officielle.
Policier d’exception et de circonstances
Au moment, où le régime impérial se durcit, le nouveau préfet de police de Paris, Pasquier, et Henry, chef du 2e bureau chargé de lutter contre la grande délinquance et les évadés, décident de lui faire confiance.
Le mouchard occulte devient en 1812, chef de la brigade de sûreté parisienne, chargée d’opérer les arrestations les plus difficiles. Pendant quinze ans, malgré les changements de régime et les jalousies, Vidocq demeure à la tête de cette brigade. Avec un effectif restreint, il multiplie les arrestations et finit par être gracié en 1818.
Ce parcours policier est jalonné, dans les Mémoires, de descriptions des mauvais lieux parisiens et d’arrestations spectaculaires. Vidocq parle de ses déguisements qui lui permettent de se fondre dans les milieux qu’il veut pénétrer. On lira par exemple le récit épique de l’arrestation, le 31 décembre 1813, dans le quartier Montorgueil, du « grinche de haute pègre » [voleur] Fossard, présenté le lendemain comme étrenne aux supérieurs du policier.
Ces narrations plaisent à un public de plus en plus friand des feuilletons à suspens. Ils donnent aussi un éclairage intéressant sur ce que fut cette police. Les méthodes restent traditionnelles, la connaissance du terrain compte beaucoup et la brigade de sûreté constitue une forme particulière de police de proximité dont la capitale avait grand besoin.
Elle a aussi ses zones d’ombre comme les rivalités avec d’autres services ou les interventions politiques que dénie le chef de brigade. Elles sont pourtant avérées avec la lutte contre « les goguettes », tavernes où se réunissent les opposants bonapartistes ou républicains dans les années 1815-20.
Finalement, en 1827, Vidocq démissionne pour incompatibilité avec ses supérieurs renouvelés par Charles X. Ainsi s’ouvre une quatrième phase de vie, brièvement interrompue en 1832 quand il revient pour quelques mois à la tête de la brigade de sûreté. Nous prêterons plutôt attention à des aspects moins connus de ce que fut Vidocq sous la monarchie du « roi bourgeois » Louis-Philippe.
Un embourgeoisé pluriactif (1828-1845)
Cet homme d’âge mûr multiplie les initiatives. Il publie d’abord ses Mémoires en 1828, qui connaissent immédiatement un grand succès, puis une dizaine d‘ouvrages. Il se fait aussi entrepreneur en créant à Saint-Mandé une usine de fabrication de papier infalsifiable. Puis en 1833, il fonde une agence de renseignements qui préfigure les agences de détectives privés.
Le salaire du policier a cru régulièrement et a sans doute été complété par des ressources plus ou moins licites. Toujours est-il que dans les années 1830, il a les attributs d’un « bon bourgeois » : achat d’une maison de maître à Saint-Mandé, création des deux entreprises, remarquable collection de tableaux.
Son ami Barthélémy Maurice affirme : « Son cocher, bien que provenant du bagne de Brest en ligne directe conduisait avec une élégance peu commune de superbes chevaux anglais. [Vidocq, vie et aventures, 1858] » Les témoins signalent la décoration recherchée de sa demeure et des sièges de ses entreprises ; on peut aussi remarquer une migration progressive de celui de l’agence, de l’est parisien à la rue Vivienne au cœur de Paris. Il fréquente des hauts personnages de son temps.
Pourtant cette réussite demeure fragile malgré le fait que Vidocq ait pu inspirer des personnages de roman à l’image de Vautrin, qui apparaît dans Le Père Goriot d’Honoré de Balzac en 1834 et revient dans les épisodes suivants de la Comédie humaine.
Les relations mondaines n'empêchent pas les critiques parfois cinglantes ; le secrétaire de Balzac lui-même, Gozlan, a la dent particulièrement dure. Mais le plus révélateur est sans doute l’évolution de son agence de renseignements, une des plus florissantes de son époque. Elle se singularise par la très efficace organisation et la publicité que le patron lui assure.
L’extension des enquêtes aux affaires privées de couples ou de familles est spectaculaire. Là commence néanmoins la pratique socialement équivoque de l’entreprise : le patron obtient la confiance de contemporains nantis qui veulent être renseignés sur des situations qui leur échappent, communément les factures impayées ou les escroqueries mais aussi de plus en plus les tromperies diverses dont les adultères.
Ce faisant, il heurte à la fois les règles du secret des familles qui prévalent dans ce monde bourgeois et la police officielle qui prétend à l’exclusivité des enquêtes. Cette hostilité lui vaut les deux procès intentés en 1837 et 1843. Malgré l’acquittement final, ces ennuis ont sans doute contribué à susciter chez ce transfuge social des comportements qui l’éloignent de la « bourgeoisie triomphante ».
En tant que patron, il veille à recruter d’anciens condamnés qui ont purgé leur peine. En outre, si ses écrits sont longtemps plutôt descriptifs, à partir de 1836, ils évoluent vers des diagnostics de portée plus générale sur la société et la justice.
Vidocq se réclame avant tout de ses expériences, mais sans doute est-il influencé par l’importance des enquêtes sur la condition ouvrière (Villermé), sur la criminalité et la prison (Appert), etc. La progression vers des observations plus explicatives culmine avec la publication en 1844 de Quelques mots sur une question à l’ordre du jour, les moyens propres à diminuer les crimes et les récidives (256 p.).
L’auteur associe ses observations sur la délinquance, le système pénal et la question sociale aux débuts de l’industrialisation. Il exprime une indignation véhémente à propos des travailleurs parisiens des fabriques du blanc de céruse. : « […] L’humanité se révolte à la pensée que pour se procurer des couleurs de plus en plus fines, on laisse à la cupidité de certains heureux du siècle, la faculté d’abréger les jours de malheureux qui viennent leur demander de l’ouvrage et du pain ! »
Il insiste aussi sur le fait que la délinquance est liée à la misère et au manque d’éducation qu’il compare à la petite vérole. Ses propositions taisent l’évolution du système carcéral après 1800, avec l’instauration des « maisons centrales », ces « prisons-manufactures » destinées aux condamnés à plus d’un an de prison qui sont affectés à des travaux industriels.
En revanche, il prend position sur plusieurs points : contre la peine de mort « qui habitue le peuple au spectacle des supplices et ne répare rien », contre la déportation outremer et pour le fait de réserver le bagne aux seuls grands criminels. Il développe aussi l’idée d’un système pénitentiaire réparti sur le territoire de telle façon que les prisonniers restent proches de leur famille. Il voit dans les peines infâmantes et les détentions dégradantes les cause de récidive.
En résumé, il écrit : « Si une société bien organisée a le droit incontestable de punir ceux qui violent ses lois, l’exercice de ce droit doit être subordonné à l’observation de quelques conditions ; avant de sévir contre le crime elle doit tout faire pour le prévenir, l’empêcher ; et en lui infligeant des peines, elle doit avoir pour premier but de corriger son auteur. »
En définitive, Vidocq plaide pour une meilleure redistribution des ressources : « Les secours destinés aux pauvres sont insuffisants ; il serait juste d’imposer en leur faveur les gens qui possèdent, proportionnellement à leur fortune. » L’engagement est donc fort et on pourrait s’attendre à des suites dans les comportements « vidocquiens », or il n’en est rien.
Retour à une vie aventureuse ou naufrage de la vieillesse ?
La dizaine d’années qu’il reste à vivre à François Vidocq sont plutôt sinueuses et médiocres : il cède ses différentes entreprises et liquide une partie de ses biens; il vit entre Paris et Londres où il joue, ses propres aventures dans un théâtre de Regent Street.
La Révolution de Février (1848) le voit perdre une bonne partie des ressources qu’il lui restait, soutenir les républicains modérés, renouer avec des rôles troubles de délateur, pour finalement se rallier à Napoléon Bonaparte qui ne lui en sait pas gré.
Ainsi des zones d’ombre ou de doutes sur le personnage s’en trouvent accentuées. Non seulement il ne s’est pas départi de formules négatives sur les juifs et les homosexuels, mais après 1845, on ne trouve trace des idées progressistes qu’il avait avancées ni dans ses écrits qui deviennent rares, ni dans ses activités.
Pourquoi ? Lassitude des ennuis judiciaires et envie de renouer avec une vie plus amusante? Réaction à la radicalisation des conflits politiques à l’approche et dans la révolution de 1848 le ramenant vers l’ordre plutôt que vers la justice ?
Cette hypothèse débouche sur les interrogations sur les opinions politiques de Vidocq au dernier chapitre du livre: total opportuniste ? Conservateur avant tout opposé aux désordres et défiant à l’égard des mouvements populaires ? Capable de basses œuvres aussi bien face aux émeutes de 1832 que de 1848?
Peut-on alors accorder crédit à la déclaration qu’il livre à son ami Charles Ledru à l’article de la mort [La vie, la mort et les derniers moments de Vidocq, 1857] : « Si je n’ai pas conquis la gloire des héros dans les batailles, je garde la consolation d’être toujours resté honnête homme […]. J’ai combattu pour la défense de l’ordre au nom de la justice » ? Peut-être, mais sans oublier qu’il fut un personnage hors-catégorie, par ses divagations de jeunesse et plus largement ses vies multiples.
Ni modèle, ni héros, homme complexe et sinueux sûrement, il demeure à la fois passionnant à suivre et à interroger aussi bien pour ses aventures, pour les mythes qu’il a suscités et qu’il faut décrypter en se gardant des outrances. C’est ce à quoi s’attache « mon » Vidocq, loin de la seule double face à laquelle on l’associe souvent et en exploitant ce qu’il apporte en témoin de son époque.
Assassinats politiques
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U Ricciu (28-12-2024 13:17:30)
Gaspard Antoine Pastourel (ou Pastorel), a été interrogé par Vidoqc. C'est son histoire qui est à l'origine de du roman "Le Comte de Monte-Cristo" d'Alexandre Dumas.
Bernard (16-12-2024 11:39:18)
Sur la Révolution et la noblesse : en lisant le "Louis XVI" de l'excellent Petitfils, on discerne les oppositions d'extrême-droite héritière de la noblesse féodale et d'extrême-gauche du petit p... Lire la suite