Retenu par la postérité comme l'un des plus grands chefs de cavalerie de l'histoire de France, Joachim Murat est un personnage emblématique de la période napoléonienne. Panache et bravoure, deux qualités qui animèrent la vie de cet homme dont les charges furieuses furent décisives lors de nombreuses victoires de Napoléon.
Né le 25 mars 1767 dans une famille d'aubergiste du Lot, Joachim Murat, dernier d'une fratrie de onze enfants, est d'abord destiné par ses parents à la condition ecclésiastique.
Après des études au collège de Cahors, il entre au séminaire des Lazaristes de Toulouse mais il est promptement renvoyé en raison d'une altercation liée à son tempérament sanguin. Cet incident met fin à une carrière religieuse peu en rapport avec son caractère : l'armée semble mieux correspondre à ses aspirations.
Le jeune Murat s'engage en 1787 au sein du 12e régiment de chasseurs à cheval des Ardennes. Il y devient en peu de temps maréchal des logis. C'est à ce grade que le trouvent les événements de 1789, pour lesquels il s'enthousiasme avec passion.
La Révolution bouleverse l'armée et la hiérarchie militaire. De nombreux soldats en viennent à contester ouvertement l'autorité de leurs chefs, souvent issus de la noblesse.
Une mutinerie éclate au sein du régiment de Murat. Impliqué dans cette révolte, le jeune sous-officier est contraint de quitter l'armée et de retourner dans sa famille.
Il devient alors épicier à Saint-Céré mais exprime son tempérament bouillonnant en participant activement à la vie politique locale et en prenant la parole au sein des nombreux clubs révolutionnaires. La municipalité le charge alors de représenter son canton lors de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790.
Peu de temps après, au début de l'année 1791, il est autorisé à réintégrer le 12e chasseur en tant que simple soldat. Cette même année, l'influence politique locale acquise lors de son retour à la vie civile lui permet d'être nommé membre de la garde constitutionnelle de Louis XVI par le département du Lot. Un poste qu'il va quitter en raison de l'ambiance antirévolutionnaire de ce corps, contraire à ses idéaux.
Après sa réintégration dans son régiment, son ambition va profiter de la guerre qui s'annonce contre l'Europe coalisée et lui assurer une ascension fulgurante.
Maréchal des Logis, sous-lieutenant, lieutenant, les grades se succèdent au cours de l'année 1792 et 1793 qui le voit servir dans l'armée du nord et obtenir même, par ses brillants états de service, le grade de chef d'escadron.
Toutefois, ses idées jacobines lui valent de se retrouver sans affectation à la chute de Robespierre. C'est l'année suivante, lors de l'insurrection royaliste de Vendémiaire, que son destin croise celui de Bonaparte. Chargé par le Directoire de réprimer les troubles dans la capitale, le général corse fait appel à lui pour récupérer quarante canons et, grâce à son action efficace, mate dans le sang cette rébellion. Son succès lui vaut le surnom de « général Vendémiaire » ainsi que le commandement de l'armée d'Italie.
Murat est, quant à lui, nommé général de brigade au début de l'année 1796 et devient l'aide de camp de Bonaparte lors de la campagne d'Italie. Il participe aux succès militaires légendaires de cette expédition victorieuse. En raison de sa bravoure au combat, il est même choisi pour remplir la la tâche honorable de ramener à Paris les drapeaux pris à l'ennemi.
La campagne se termine par le traité de paix de Campoformio, en 1797.
Comme Murat a fait preuve de panache et de bravoure à la tête de la cavalerie, Bonaparte l'entraîne avec lui dans l'expédition d'Égypte de 1798, où il participe activement aux victoires des Pyramides et d'Aboukir. Lors de cette dernière bataille, il est même nommé général de division.
En 1799, Murat rentre en France avec Bonaparte et participe au coup d'État du 18 Brumaire dans le but de renverser un Directoire à bout de souffle.
Lors de cette journée, Bonaparte est déstabilisé par l'hostilité des députés des Cinq-Cents à son encontre. Déconfit, il sort de la salle et rejoint ses soldats. C'est alors que Murat va rétablir la situation d'une façon toute militaire. Il entre dans la salle et s'écrie : « Citoyens, vous êtes dissous», avant de s'adresser à ses hommes par cet ordre : « Foutez-moi tout ce monde-là dehors ! ». Effrayés, les députés se débandent par les portes et les fenêtres. Cette journée marque la naissance du Consulat.
Déjà liés, les destins des deux généraux le sont encore plus à partir de 1800 lorsque Murat devient le mari de Caroline Bonaparte. C'est une année de consécration puisqu'il est également nommé chef de la cavalerie dans la nouvelle campagne d'Italie contre les forces autrichiennes, qui se termine par la brillante victoire de Marengo. Murat s'illustre par sa bravoure à la tête de ses escadrons de cavalerie et, selon Berthier, il a « ses habits criblés de balles » à la fin de cette bataille.
Il est par la suite chargé de signer la paix avec le royaume de Naples et de commander les troupes françaises en Italie avant d'être nommé gouverneur de Paris en 1803.
Mai 1804, l'Empire est proclamé et Murat est couvert d'honneurs. Il fait partie de la première promotion des « Maréchaux d'Empire ». L'année suivante, il est nommé Prince d'Empire, Grand Amiral et grand Aigle de la Légion d'Honneur !
À nouveau, lors de la campagne de 1805, il se couvre de gloire contre les Austro-Russes. Après être entré le premier dans Vienne, il culbute les régiments adverses à Austerlitz où il fait plus de sept mille prisonniers et s'empare de vingt sept canons et de deux drapeaux.
Il réitère ses exploits à la tête de ses cavaliers lors de la campagne de Prusse de 1806, où la cavalerie française fait quatorze mille prisonniers et prend à l'ennemi plus de soixante drapeaux et soixante canons. La campagne se termine sur ces mots célèbres de Murat à Napoléon : « Sire, le combat finit faute de combattants ».
La guerre se poursuit toutefois en 1807 contre les Russes, cette fois à Eylau, où Murat et ses cavaliers participent à une des charges les plus mémorables de l'épopée napoléonienne. Celle-ci permet de rétablir la situation d'une bataille particulièrement sanglante. La victoire laisse environ vingt-cinq mille Français hors de combat, mais permet d'ouvrir la voie à la future paix de Tilsit.
Napoléon, au sommet de sa puissance, offre des royautés à sa famille. Ses frères Joseph et Jérôme sont respectivement couronnés roi de Naples et roi de Westphalie. L'année suivante, Napoléon accorde finalement la couronne prestigieuse d'Espagne à Joseph. Par un jeu de chaises musicales, le royaume de Naples est alors donnée au fidèle Murat, membre par alliance de la famille Bonaparte. Murat, fils d'aubergiste, devient roi de Naples et de Sicile, le 15 juillet 1808, sous le titre de Joachim Ier.
Extrêmement populaire, le nouveau roi s'engage dans la modernisation de son nouveau royaume. Toutefois, cette couronne le réduit à n'être qu'un pion au service de la politique impériale. En raison de ses velléités d'indépendance, il suscite la colère de Napoléon qui attend une complète soumission de la part de cet homme qui lui doit tout.
Malgré les tensions entre eux, le nouveau roi de Naples participe à la campagne de Russie de 1812 et commande, comme à son habitude, la cavalerie française. Lors de la retraite, il est de tous les combats pour sauver les débris d'une armée en déroute dans les steppes enneigées. C'est lui qui est chargé de commander l'armée lorsque Napoléon rejoint Paris pour lever de nouvelles troupes. Toutefois, Murat craint pour l'avenir de sa couronne et abandonne le commandement à Eugène de Beauharnais afin de rejoindre son royaume.
L'année suivante, face à l'Europe coalisée contre la France, Murat soutient encore l'Empereur dans ce combat perdu d'avance. Il se bat en Allemagne jusqu'à la défaite de Leipzig d'octobre 1813 et décide alors de retourner à Naples afin de négocier avec les Alliés sa couronne : malgré l'abdication de Napoléon, Murat est maintenu dans sa dignité royale.
Quand Napoléon rentre de l'île d'Elbe, en 1815, il ne peut s'empêcher de reprendre le combat et déclare la guerre à l'Autriche. Après quelques victoires contre les Autrichiens dans les plaines du Pô, il est défait à Tolentino. Déchu, il quitte l'Italie et rejoint Napoléon à Marseille mais celui-ci refuse de recevoir son beau-frère en raison de son abandon de 1813 et parce qu'au surplus, il ne supporte plus ses frasques. Murat ne participera donc pas à la bataille de Waterloo où les cavaliers français auraient eu besoin de l'aura d'un tel chef.
En octobre 1815, exilé en Corse, il tente de reconquérir sa couronne.
Capturé à son arrivée sur les côtes de Calabre, il est condamné à mort et passé par les armes par un peloton d'exécution dont il commande lui-même le tir. Son courage face à la mort est à la hauteur de celui qui anima sa vie.
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible