Jacques Androuet du Cerceau n'est sans doute pas l'architecte le plus emblématique de la Renaissance française mais cet artiste aux multiples talents s'avère être un merveilleux témoin des réalisations de son époque, un peu à la manière du peintre Vasari grâce auquel rien ne nous a été caché de la peinture italienne de la même époque !
L'oeuvre majeure d'Androuet du Cerceau, Les plus excellents Bastiments de France, est un recueil détaillé des principaux monuments du XVIe siècle tels qu'on pouvait les admirer en son temps, au début des guerres de religion...
Observateur inspiré de la Renaissance
Fils d'un marchand de vin parisien, Jacques Androuet « Du Cerceau » (en référence à l'enseigne de la boutique de son père) est contemporain du roi Henri II et de ses fils, de Catherine de Médicis ainsi que des architectes Philibert Delorme et Pierre Lescot. Lui-même devient graveur, par des voies qui nous échappent, avant de se spécialiser dans l'architecture.
Son domaine d'activité d'origine est très large et va du mobilier à la décoration et jusqu'à l'édification de petites structures architecturales. Mais il est aussi connu en tant que dessinateur. Il utilise ainsi les principes de perspectives qui ont été inventés dans l'Italie du XVe siècle.
Il se fait remarquer à la cour du roi Henri II en 1551, par la réalisation de décors provisoires destinés à fêter le passage du roi à Orléans. Il collabore dès lors à beaucoup de projets importants, sans que l'on sache vraiment la portée de sa participation. Il a sans doute œuvré sur le chantier avorté de Charleval et au château de Verneuil. On le sait assez en vue à la cour de Catherine de Médicis.
Mais sa carrière sera gênée par les guerres de religion. Lui même protestant, il devra se réfugier un certain temps chez des seigneurs protecteurs telle Renée de France à Montargis. Il ne restera pas pour autant inactif en tant que dessinateur, graveur et éditeur...
Fasciné par l'Antiquité, il multiplie les représentations de monuments en travaillant sur les perspectives et notamment la perspective à vol d'oiseau, que négligeaient ses contemporains. Il aime également représenter des constructions imaginaires et idéales, y compris circulaires. C'est donc moins le bâtisseur - ses réalisations sont peu nombreuses et leur attribution est contestée - que l'artiste qui a marqué l'Histoire de l'architecture.
Dans ses Logis domestiques puis dans ses trois Livres d'architecture, il fournit des modèles pour que toutes les couches sociales puissent faire construire des bâtiments selon des principes nationaux, sans avoir besoin de se rendre en Italie. Mais c'est plus encore par Les plus excellents bastiments de France qu'Androuet s'est acquis la célébrité : il s'agit de la première anthologie architecturale des châteaux et demeures importantes, avec nombre de planches de grande qualité.
Ce travail à la gloire des souverains français et en particulier des Valois lui a coûté de nombreuses années de travail (relevés scrupuleux, dessins etc). « Tel oeuvre ne peut se faire sans frais, peine et travail », se lamente-t-il auprès de ses mécènes.
Ses descendants poursuivront son œuvre au XVIIe siècle. Ainsi son fils cadet, Jacques, fera une carrière d'architecte royal. On lui attribue le Pont Neuf et la place Royale à Paris. L'un de ses petits fils, Salomon de Brosse, fera aussi une brillante carrière d'architecte et sera l'auteur notamment du palais du Luxembourg à Paris.
• Chantilly
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