La France semble plus laxiste que les pays anglo-saxons ou scandinaves en matière de moralité politique. Mais ce laxisme trouve ses limites dans les périodes de crise économique, quand l'incivisme de la classe politique insulte les citoyens ordinaires...
La IIIe République sous tension
Au milieu du XIXe siècle, les républicains ne se sont pas fait faute de dénoncer la corruption qui régnait sous le Second Empire mais une fois au pouvoir, ils ne furent pas eux-mêmes à l'abri des compromissions douteuses.
À la fin du XIXe siècle, des hommes nouveaux arrivent au pouvoir. Leur réussite passe en général par un beau mariage mais aussi sur la monétisation de leurs relations. Il s'ensuit des scandales financiers particulièrement périlleux lorsqu'ils surviennent dans des périodes de crise économique.
C'est le cas avec le trafic des décorations et la banqueroute de Panama, à la fin des années 1880, l'affaire Stavisky, en 1934, ou, plus près de nous, en 2013, l'affaire Cahuzac.
Les deux premiers ont facilité les menées antiparlementaires du général Boulanger et placé la République en grand danger d'être renversée.
Qui plus est, le scandale de Panama a nourri l'antisémitisme et l'affaire Dreyfus du fait de l'implication de quelques financiers israélites.
En 1934, l'affaire Stavisky a débouché sur des émeutes sanglantes et encouragé les partis de gauche à former le Front populaire.
Trente Glorieuses : « les copains et les coquins »
Après la Seconde Guerre mondiale, sous la IVe République, plusieurs affaires assez obscures font la Une de l'actualité, comme le trafic de piastres en Indochine. La Ve République qui lui succède ne se signale pas par son exemplarité même si son fondateur, le général de Gaulle, se montre à titre personnel très respectueux de la morale.
Le projet de reconstruction des abattoirs de la Villette, au nord de Paris, se solde dans les années 1960 par des dépassements de crédits pharamineux autant que suspects, jusqu'à ce que le président Giscard d'Estaing décide de reconvertir le site en Cité des Sciences !
Cela n'est rien en comparaison des scandales qui vont agrémenter les années dorées de la présidence de Georges Pompidou (1969-1974). La France jouit alors d'une croissance solide. Sous l'égide d'un président moderne et libéral, elle s'industrialise et s'urbanise à tout va, dans une frénésie sans équivalent depuis le Second Empire. C'est pourquoi sans doute le scandale de la Garantie foncière, qui éclate en 1971, sera si vite oublié malgré l'émotion du moment.
On en retient une dénonciation de la «République des copains et des coquins» par Michel Poniatowski, éminence grise du ministre de l'économie et des finances, Valéry Giscard d'Estaing, futur président de la République. Autre affaire qui émeut l'opinion : Le Canard Enchaîné publie la feuille d'impôt du premier ministre Jacques Chaban-Delmas, révélant que celui-ci, bien que fortuné, ne paie aucun impôt du fait d'une optimisation fiscale judicieuse, l'essentiel de ses revenus étant constitué d'indemnités parlementaires non imposables.
Dans les années 1990, enfin, François Mitterrand et Jacques Chirac règlementent le financement des partis politiques en limitant les dépenses des campagnes électorales, en finançant les partis par l'impôt, en encadrant les dons des entreprises aux partis et en réglementant les passations de marchés des collectivités locales.
Les médias n'en continuent pas moins de faire leurs choux gras des petits et gros accommodements des hommes politiques avec la morale et l'Argent. Ainsi avec l'affairiste Bernard Tapie, le ministre Jérôme Cahuzac en 2013, enfin le candidat à la présidence François Fillon en 2017...
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Voir les 6 commentaires sur cet article
Arigo (13-02-2017 00:57:33)
Rien de nouveau sous le soleil depuis ALCIBIADE.
Nos élus sont les champions de la corruption.
Mais qui les élit?
Jacques (05-02-2017 10:46:18)
Vous illustrez chaque billet sur la corruption par une caricature contre Clemenceau, caricature anti-sémite (voir la tête du souffleur) particulièrement mensongère. Il est parfaitement établi que... Lire la suite
Boutté (05-02-2017 08:28:39)
J.L.Taxil y va un peu fort en limitant l'action politique à l'enrichissement personnel . On pourrait du moins espérer que les fonctionnaires qui constituent l'essentiel des Députés en soient dispe... Lire la suite