Nation sans État, la Pologne ne connaît au cours du XIXe siècle qu'une brève résurrection, sous la forme du Grand-duché de Varsovie, éphémère création de Napoléon Ier, entre 1807 et 1813. L'empereur des Français entend ainsi rendre hommage à la vigueur et la fidélité des soldats polonais de la Grande Armée, autant qu'à la beauté de Marie Walewska... Mais la campagne de Russie met fin à cette illusion et à la souveraineté des Polonais, rendus à leurs maîtres étrangers.
Le Congrès de Vienne met en place dans la région de Varsovie le fragile « Royaume du Congrès », État semi-indépendant sous tutelle russe (son souverain n'est autre que le tsar lui-même). C'est une bien maigre concession aux vœux d'indépendance des Polonais : après qu'une révolte eut éclaté contre la Russie en 1830, vite écrasée par les troupes du tsar, celui-ci rétablit un joug de fer sur la Pologne.
La suite du XIXe siècle est émaillée de nouvelles révoltes de ces Polonais que soutient toute l'Europe libérale, derrière Michelet ou Marx : pour l'auteur du Capital, le sort de la Pologne est un « crime historique ». Mais ce soutien moral est de peu de poids et en 1848, comme en 1861 ou 1864, le sang polonais coule en vain. C'est l'heure de l'exil pour les leaders nationalistes et, à la fin du XIXe siècle, pour de nombreux juifs persécutés par le régime tsariste.
Théâtre des opérations du front germano-russe pendant la Grande Guerre, la Pologne retrouve son indépendance le 11 novembre 1918. Mais les réjouissances sont de courte durée : dès le début de l'année 1919, la République polonaise dirigée par Jozef Pilsudski, un ancien socialiste révolutionnaire, doit livrer bataille à la Russie bolchevique.
Cette nouvelle guerre russo-polonaise a pour principal enjeu la partie orientale de la Pologne nouvellement indépendante, qu'entend réoccuper l'Armée rouge. Conseillées par des officiers britanniques et français, dont un certain Charles de Gaulle, les troupes polonaises, après avoir frôlé le désastre, forcent finalement en 1921 les nouveaux maîtres de Moscou à demander la paix.
Victorieuse, la Pologne du général Pilsudski évolue très vite en un régime autoritaire, car le chef de l'État est persuadé que la dictature est la seule parade aux menaces de plus en plus pressantes de ses deux bouillants voisins, l'Allemagne et l'Union soviétique.
Privée de son homme fort, qui meurt en 1935, la Pologne est finalement une victime toute désignée pour les ambitions de Hitler qui, en l'envahissant en quelques semaines en septembre 1939, déclenche la Seconde Guerre mondiale. Presque au même moment, suivant les clauses secrètes du pacte germano-soviétique, les troupes soviétiques s'emparent de l'est du pays, se rendant coupables d'exactions dont témoigne le charnier de Katyn.
La Pologne connaît les heures les plus sombres de son histoire lorsqu'elle se retrouve au cœur de la politique nazie d'extermination des Juifs d'Europe, qui se traduit par la mise en place de ghettos dans les grandes villes, et des six camps d'extermination de la Solution finale.
Six millions de Polonais, dont trois millions de juifs - presque toute la population juive du pays -, meurent au cours du conflit. À l'occupation germano-soviétique, puis exclusivement allemande, succède la tutelle soviétique.
Une République populaire très remuante
Prise au piège derrière le rideau de fer, la majorité de la population est désespérée du retour de la domination russe, sous une nouvelle forme qui prend le nom de République populaire de Pologne.
La poigne de fer du régime communiste se desserre quelque peu en 1956 à la suite d'une grève tournant au soulèvement politique à Poznan : à la tête du pays est alors placé Vladislav Gomulka, considéré comme le plus libéral des communistes polonais. Mais ce dernier met très vite fin à cette relative détente.
Dans les années 1970, la situation économique dramatique de la Pologne favorise toutefois la montée en puissance de l'opposition au système communiste, encouragée par l'élection pontificale d'un cardinal polonais, Karol Wojtyla, en 1978. À l'été 1980, les grèves sur les chantiers navals de Gdansk débouchent sur la création d'un syndicat indépendant, Solidarnosc, dirigé par Lech Walesa.
L'année suivante, le régime se raidit à nouveau, en confiant le pouvoir au général Jaruzelski, qui instaure la loi martiale. La répression est toutefois impuissante à juguler la contestation. Et lorsque le bloc soviétique s'effondre, en 1989, Jaruzelski est contraint de céder la place à Solidarnosc et à Lech Walesa, élu président de la République au suffrage universel en 1990.
Membre de l'OTAN depuis 1999 et de l'Union européenne depuis 2004, la Pologne tente aujourd'hui de se réinventer un destin, encore occupée à panser les plaies ouvertes par une histoire trop souvent tragique.
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