Ludwig Erhard (1897 - 1977)

Député chrétien-démocrate au Bundestag, Ludwig Erhard devient ministre de l'Économie en 1949 dans le cabinet de Konrad Adenauer, premier chancelier de la République Fédérale Allemande. Avec l'aide des États-Unis, il devient l'artisan du « miracle économique » allemand, ce qui lui vaut de succéder à Adenauer à la Chancellerie le 16 octobre 1963. Battu aux élections, il doit à son tour quitter le pouvoir le 30 novembre 1966. Il est remplacé par Kurt Georg Kiesinger, qui forme un cabinet de « grande coalition » avec les sociaux-démocrates.

Le journaliste Éric Branca (L'Ami américain, Tempus, 2022) rappelle le passé trouble d'Erhard et Kiesinge. Alors qu’Adenauer fut un résistant de la première heure au nazisme, les deux autres avaient été des rouages importants du régime hitlérien ; Ehrard en tant qu’adjoint du général SS Otto Olhendorf, nommé en 1943 secrétaire d’État à l’Économie du Reich, et Kiesinger comme directeur adjoint de la propagande radiophonique extérieure du Reich à la Wilhelmstrasse (le ministère des Affaires étrangères allemand), ce qui lui avait valu le surnom de « Goebbels de l’étranger ».

Tous les deux, désireux que les services secrets américains ne dévoilent pas leur passé, se montreront résolument atlantistes. C'est ainsi que Ludwig Erhard va manoeuvrer en coulisse avec Jean Monnet pour vider le traité de l'Élysée du 22 janvier 1963 de son contenu en faisant voter par le Bundestag un préambule qui affirme l'attachement irréductible de l'Allemagne à l'alliance avec Washington. Kurt Georg Kiesinger, quant à lui, va obtenir, toujours avec l'appui de Jean Monnet, de faire voter par le Bundestag, le 17 octobre 1967, une motion condamnant la politique européenne de la France et sa décision de quitter le commandement intégré de l’OTAN.

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