Paris, capitale de la gastronomie

Du Moyen Âge à nos jours


Paris, capitale de la gastronomie

Jusqu'au 16 juillet 2023, Parisiens et touristes peuvent visiter au coeur de Paris, sur l'île de la Cité, cette exposition qui rend hommage à l'un des aspects essentiels de notre art de vivre.

L'exposition se tient dans un lieu lui-même remarquable et que tout Français se doit de visiter : la Conciergerie de Paris. Là résidaient les rois au Moyen Âge et Saint Louis en fit un vrai palais avec, à proximité immédiate, la Sainte Chapelle. Son petit-fils Philippe le Bel fit ériger en 1302 la salle des Gens d'Armes qui est le plus ancien monument civil d'architecture gothique de Paris. Jouxtant la salle, on peut accéder aux cuisines. Elles donnaient autrefois sur la Seine et étaient approvisionnées par là. Sur une tablette vidéo, les visiteurs peuvent découvrir en « réalité augmentée » à quoi pouvaient ressembler ces cuisines à l'époque de leur pleine activité.

La salle des Cuisines de la Conciergerie en réalité augmentée (HistoPad © Histovery – CMN  © Benjamin Gavaudo - CMN)

C'est dans la superbe salle des Gens d'Armes que se tient l'exposition : témoignages picturaux, objets culinaires, livres et manuscrits, films. Le parcours débute par la table du roi Charles V le Sage. Nous sommes le 6 janvier 1378 et le souverain, au sommet de son prestige, reçoit son oncle qui n'est autre que le titulaire du Saint Empire, l'empereur Charles IV de Luxembourg. Le souvenir de ces agapes nous est transmis par une belle miniature des Grandes Chroniques de France et surtout par le menu de ce festin, avec ses trois mets ou services composés chacun d'une bonne demi-douzaine de plats. « C'est le plus ancien menu que l'on ait conservé », souligne Loïc Bienassis, commissaire de l'exposition et professeur à l'Université de Tours.

Miniature du Mesnagier de Paris (vers 1492)De la même époque date le Viandier, un célèbre manuscrit culinaire attribué à Taillevent, maître queux du roi Charles V. L'original est conservé en Suisse, à Sion, mais l'on peut en voir ici une copie réduite. Elle voisine avec le Mesnagier de Paris, non moins célèbre manuscrit écrit par un bourgeois parisien anonyme vers 1492, sous le règne de Charles VI. Il recèle rien moins que des conseils de l'auteur à son épouse sur la bonne manière de se comporter et tenir la maison !

La visite se poursuit avec d'autres festins comme celui des noces de Catherine de Médicis, à la fin de la Renaissance. On attribue à l'épouse d'Henri II l'introduction en France de la fourchette et quelques autres innovations dans l'art de la table mais tout cela n'est que légende, rappelle Loïc Bienassis.

Cuillère-fourchette, Argent ciselé, vers 1600-1610 Château d’Ecouen, Photo RMN-Grand Palais  Mathieu RabeauApparue en Italie, la fourchette s'est ainsi diffusée au XVIe siècle en Flandre avant d'arriver dans les bonnes tables de France.

C'est à vrai dire à partir du XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV, que Paris devient véritablement le haut lieu de la gastronomie et une référence pour toute l'Europe.

Cette réputation va se confirmer à la veille de la Révolution avec la naissance d'un concept appelé à un succès planétaire : le restaurant. Le mot lui-même est une invitation à « restaurer ses forces ».

Au lieu de la traditionnelle table d'hôtes où l'on mange le plat du jour et rien de plus, chacun peut y venir à sa guise et choisir ses plats sur une carte comme l'exposition en montre quelques exemplaires.

Le XIXe siècle donne lieu à de nouvelles révolutions dans la manière de cuisiner et manger. Notons l'invention au milieu du XIXe siècle, sous le Second Empire, d'un restaurant voué à un immense succès : le « bouillon ». Injustement oublié, son promoteur,  Baptiste Adolphe Duval, était un boucher qui, déplorant que sa clientèle n'apprécie que les « beaux morceaux », ouvrit un établissement rue de la Monnaie (1er arr.) pour y servir du bouillon et la « basse viande » qui ne trouvaient pas preneur dans sa boutique.

En 1856, après déjà ouvert plusieurs établissements similaires, il loua une grande halle commerciale dans la rue Montesquieu où il fut en mesure de servir jusqu'à sept cents couverts ! S'y rendaient toute une clientèle de petits employés ravis de pouvoir déjeuner dans un lieu hygiénique, fonctionnel, relativement bon marché, avec un service assuré par de diligentes jeunes femmes strictement vêtues, les bonnes Duval. En quelque sorte, un McDo avant la lettre !...

André Larané



Publié ou mis à jour le : 2023-04-16 10:06:45

Aucune réaction disponible

Respectez l'orthographe et la bienséance. Les commentaires sont affichés après validation mais n'engagent que leurs auteurs.

Actualités de l'Histoire
Revue de presse et anniversaires

Histoire & multimédia
vidéos, podcasts, animations

Galerie d'images
un régal pour les yeux

Rétrospectives
2005, 2008, 2011, 2015...

L'Antiquité classique
en 36 cartes animées

Frise des personnages
Une exclusivité Herodote.net