Donatello (1386 - 1466)

Maître du bronze et des bas-reliefs

David, par Donatello (détail, 1408, Donatello, palais national du Bargello, Florence)Donatello est l’un des plus grands sculpteurs du Quattrocento (dico). Son oeuvre, très largement présente à Florence, sa ville natale, témoigne encore aujourd'hui de la magnificence de l'époque des Médicis.

Artiste virtuose touche-à-tout soutenu par les Médicis, il s’associa à son élève Michelozzo et inspira Michel-Ange. En plus de sa maîtrise du bronze et de son approche très expressive de l’art sacré, Donatello révolutionna la technique des bas-reliefs. Partez sur les traces de ce Florentin...

Pénélope Pélissier
Le voyage à Rome

Donato di Niccolo di Betto Bardi est né le 1er janvier 1386 à Florence dans une famille modeste. Adolescent, il étudie l’orfèvrerie et travaille pour un tailleur de pierre. Sa technique demande cependant à être perfectionnée ; il part donc pour un voyage initiatique à Rome en 1402 en compagnie de son confrère peintre et sculpteur Filippo Brunelleschi. Sur place, il contemple les œuvres antiques et remet en question sa vision de l’art.

Une fois rentré, le jeune homme essaie de donner plus d’humanité à ses sculptures. Il travaille des métaux comme le bronze et des bas-reliefs sous la houlette des artistes Bicci di Lorenzo et Lorenzo Ghiberti, adeptes du style gothique.

David, par Donatello (1408, Donatello, palais national du Bargello, Florence)En 1406, il est recruté pour embellir le dôme de Florence de statues de prophètes. Cela lui vaut un succès considérable et un emploi constant durant 20 ans. Donatello s’attelle définitivement à la sculpture en marbre : Saint Georges (1415), David (1408) ... Cette dernière rencontre le triomphe : elle est achetée par les seigneurs de Florence, qui l’installent sur la place du Palazzo Vecchio (une copie y  figure toujours, l'original étant remisé au palais du Bargello).

Donatello reçoit ensuite plusieurs commandes d’art sacré : statue de saint Marc en 1411 pour la Corporation des Liniers, de saint Jean l’Évangéliste en 1408 et de saint Georges pour la Corporation des Batteurs d’Armures et des Armureries.

Donatello crée une technique spéciale pour réaliser le bas-relief Saint Georges délivrant la princesse : le stiacciato, ou « relief écrasé ». Ce procédé est issu de la perspective centrale initiée par Brunelleschi. La nouveauté réside dans la finesse du rendu : en taillant beaucoup la pierre, Donatello parvient à réaliser des personnages en relief de faible épaisseur. L’illusion de profondeur est totale.

Salomé ou le festin d'Hérode (1435, Donatello, palais des beaux-arts de Lille) ; ce bas-relief illustre la technique du stiacciato ou relief écrasé, mise au point par l'artiste

L'atelier de Donatello

En 1416, Donatello crée son atelier. Les commandes affluent, telle celle d’une statue en pierre d’un lion, le Marzocco, en 1419, par le pape Martin V, symbolisant la force de Florence. La ville de Sienne n’est pas en reste : en 1423, des clients demandent à Donatello de représenter le banquet d’Hérode, puis deux statues en bronze, la Foi et l’Espérance, pour le baptistère. Une commande est également passée pour la cathédrale de Sienne : un bas-relief pour le tombeau de l’évêque Giovanni Pecci.

Monument funéraire du cardinal Rainaldo Brancacci (1437, Donatello, Sant'Angelo a Nilo, Naples. Agrandissement : détail, Assomption de la Vierge)Donatello se rend une seconde fois à Rome, en 1430-1433. Ce séjour lui permet de découvrir de grands artistes comme Giotto. À Florence, le sculpteur, stratégique, décide de produire des œuvres avec son élève Michelozzo au sein d’un atelier partagé. Ensemble, ils décorent le tombeau du Cardinal Rainaldo Brancacci, à Naples, à l’aide d’un magnifique bas-relief, et celui de l'antipape Jean XXIII (Baldassare Cossa), à Florence. Ils réalisent aussi le bas-relief de la chaire extérieure de la cathédrale de Prato de 1432 à 1438.

En 1434, la cathédrale de Florence organise un concours de vitraux sur le thème du Couronnement de la Vierge ; Donatello est le vainqueur. Il sculpte un bas-relief pour la basilique Santa Croce : l’Annonciation Cavalcanti.

Malgré son succès, Donatello rencontre des problèmes financiers. Aussi, lorsque le banquier Cosme de Médicis lui propose de devenir son mécène, il accepte sans hésiter. Ce dernier lui demande en 1435 d’orner la sacristie de l’église San Lorenzo, conçue par Brunnelleschi, puis de réaliser un deuxième David, cette fois-ci en bronze. Ce David est placé en majesté au sommet d’une colonne, dans la cour du palais des Médicis.

En 1443, Donatello déménage pour Padoue afin de faire un crucifix en bronze et un maître-autel pour la basilique du Santo avec l’aide de cinq assistants. Pas de repos : l’année suivante, il sculpte un monument en bronze en l’honneur du condottière Erasmo da Nardi, dit le Gattamelata (dico).

Statue équestre du condottiere Gattamelata (1453, Donatello, Piazza del Santo, Padoue)

Le retour à Florence

En 1454, Donatello rentre dans sa ville natale, Florence. Il réalise des œuvres singulières : Judith et Holopherne en bronze, Marie-Madeleine en bois polychrome... De passage à Sienne en 1457, le sculpteur termine un Saint Jean-Baptiste en bronze.

À la mort de son protecteur Cosme de Médicis, en 1464, Donatello reçoit une propriété. Pierre Ier de Médicis lui verse ensuite une rente jusqu’à sa mort.

En dépit de sa paralysie, Donatello continue à travailler d’arrache-pied. Il meurt à 80 ans, le 13 décembre 1466, alors qu’il réalise un bas-relief en bronze, la Déploration sur le Christ mort. Le tout-Florence se réunit pour assister à ses funérailles dans la basilique de San Lorenzo.

Publié ou mis à jour le : 2021-06-22 10:45:02
Cédric Debarbieux (13-06-2021 17:04:46)

L'Assomption de la Vierge pour le tombeau du Cardinal Brancacci est étonnante : les mouvements et circulations des anges ont sans doute inspiré bien plus tard William Blake... Merci pour cet articl... Lire la suite

PHD (13-06-2021 11:04:30)

Je suis surpris de trouver Jean XXIII à Florence au quattrocento...Herodote.net répond :Votre surprise est compréhensible. Ledit Jean XXIII est un antipape (nous sommes à l'époque du Grand Schism... Lire la suite

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