Pierre Waldeck-Rousseau (1846 - 1904)

Les syndicats et les associations, c'est lui

Il fait partie de ces figures de la IIIe République dont le nom résonne encore de nos jours mais dont le souvenir s’est quelque peu effacé avec le temps. Pourtant Pierre Waldeck-Rousseau a marqué l’Histoire à divers titres. D’abord, dans une époque troublée par l’affaire Dreyfus, face aux nationalistes, il dirige le cabinet de défense républicaine qui constituera le plus long ministère de la IIIe République (juin 1899-juin 1902). Ensuite, il laisse son nom attaché à deux lois qui demeurent inscrites dans notre patrimoine législatif : la loi sur les syndicats (1884) et celle sur les associations (1901).

La démocratie au cœur

Pierre Waldeck-Rousseau, est né à Nantes, le 2 décembre 1846 dans une famille de la moyenne bourgeoisie locale. Il est le fils de René Waldeck-Rousseau, avocat, député de l'Assemblée Constituante de 1848 et maire de Nantes entre 1870 et 1874. Il suit des études de droit et devient avocat à Rennes puis à Paris avant d’être élu député républicain d’Ille-et-Vilaine en 1879.

Remarqué par son éloquence sèche, il est nommé ministre de l’Intérieur par Léon Gambetta en 1881 avant d’être confirmé dans cette fonction par Jules Ferry. Au gouvernement, Waldeck-Rousseau fait partie de ces « républicains opportunistes »  (dico) et pose la première pierre de son œuvre en faveur de la liberté d'association en portant devant le Parlement la loi du 21 mars 1884 qui autorise la création des syndicats et abroge la loi Le Chapelier, qui proscrivait toute association professionnelle depuis 1791.

Àla chute du gouvernement Ferry en 1885, il se retire de la politique et redevient avocat au barreau de Paris, où son cabinet, spécialisé dans les affaires, est l'un des plus réputés et le fait accéder à la grande bourgeoisie. Mais il ne tarde pas en revenir en politique en devenant sénateur.

Pierre Waldeck-Rousseau (Nantes, 2 décembre 1846 ; Corbeil-Essonnes, 10 août 1904), portrait par Henri Gervex, 1894 (musée Carnavalet, Paris)Son bâton de maréchal, il l’obtient le 22 juin 1899, lorsqu’il est appelé par Émile Loubet à la présidence du Conseil. Il dirige jusqu'en 1902 un gouvernement de « défense républicaine » avec une grande fermeté, dans lequel il occupe également le portefeuille de ministre de l'Intérieur et des Cultes, se définissant comme un « républicain modéré et non modérément républicain ».

Rentré tardivement dans l’Affaire Dreyfus  qui enflammait le pays, il tente d’apaiser les passions et se trouve à l’initiative de la grâce accordée, le 18 septembre 1899, par le président Loubet, au capitaine injustement condamné pour trahison une deuxième fois.

Il fait arrêter soixante-sept personnes, dont Paul Déroulède, appartenant à divers mouvements nationalistes, antisémites ou boulangistes. Son gouvernement adopte des mesures sociales qui permettent de réduire la durée du travail quotidienne à 11 heures et à améliorer les conditions de travail des femmes et des enfants.

Mais la grande législation qui marquera son action politique est celle du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association. Son objectif : la définition par la loi républicaine des conditions dans lesquelles les individus peuvent librement se regrouper en associations. « Nous disons que l'association se forme comme se forment les contrats, et nous en tirons cette conclusion logique et nécessaire que le contrat d'association doit, comme tous les autres, avoir une cause licite ». Il s’agit d’une convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager les bénéfices.

Par ailleurs, il s'attache aussi à une grande réforme de l'enseignement secondaire et aux échanges diplomatiques qui vont déboucher, en avril 1904, sur l'Entente cordiale. Mais, malade, il démissionne de la présidence du Conseil le 3 juin 1902 et meurt d’un cancer le 10 août 1904.


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La IIIe République
Publié ou mis à jour le : 2022-01-19 11:34:22

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