Le 17 novembre 1558, monte sur le trône d'Angleterre Elizabeth Ière. La nouvelle reine, âgée de 25 ans, est la fille du roi Henri VIII Tudor et de sa jeune maîtresse Anne Boleyn. Celle-ci a été décapitée 3 ans après que le roi ait divorcé de sa première femme et rompu avec l'Église catholique pour pouvoir l'épouser.
Elizabeth succède à son demi-frère Édouard VI, à la malheureuse Jane Grey et à sa très catholique demi-soeur Marie Tudor (surnommée Bloody Mary ou Marie la Sanglante par les protestants en raison des persécutions qu'elle leur infligea).
Malgré ces terribles précédents (ou à cause d'eux !), la nouvelle reine va se révéler le plus grand souverain qu'ait jamais eu l'Angleterre depuis Guillaume le Conquérant.
« I know I have the body of a weak and feeble woman, but I have the heart and stomach of a king, and of a king of England too ! »
« Je sais bien que je ne suis qu'une femme faible et fragile, mais j'ai aussi l'ardeur et le courage d'un roi, qui plus est d'un roi d'Angleterre ! » (Elizabeth Ière, vers 1570)
Une jeunesse pleine de périls
Élizabeth bénéficie d'une excellente éducation.
À la disparition de son père, elle est prise en charge par Catherine Parr, veuve d'Henri VIII, qui s'est remariée à l'ambitieux amiral Thomas Seymour. Ce dernier se montre quelque peu entreprenant envers l'adolescente, ce qui lui vaudra plus tard d'être décapité.
Après la mort prématurée de son frère Édouard VI, victime de la tuberculose à 19 ans, le 6 juillet 1553, Elizabeth tombe sous la tutelle de sa demi-soeur Marie Tudor, fille de Catherine d'Aragon et première femme à gouverner l'Angleterre.
La reine catholique se marie tardivement, en juillet 1554, à l'héritier du trône d'Espagne, le futur Philippe II. Cela lui vaut de sombrer dans l'impopularité.
En manière de riposte, elle lance une vague de persécutions contre les protestants. La jeune Elizabeth, soupçonnée à tort d'avoir participé au complot de Thomas Wyatt contre la reine, est elle-même internée pendant cinquante jours dans la Tour de Londres.
Mais après de fausses grossesses, faute d'avoir un enfant et héritier, la reine doit se résigner à laisser le trône à sa jeune rivale, à sa mort, à 42 ans, le 17 novembre 1558.
Un règne digne d'une tragédie de Shakespeare
Portée par l'espoir de son peuple, Elizabeth 1ère affirme très vite sa valeur en s'entourant de conseillers méritants, William Cecil, 1er baron Burghley, et sir Walsingham.
Elle revient prudemment au rite anglican en restaurant l'Acte de suprématie de 1534, qui fait du souverain le chef exclusif de l'Église d'Angleterre, par les Actes de Suprématie et d'Uniformité de 1559 et par les Trente-Neuf Articles de 1563. Cela lui vaut d'être excommuniée par le pape et l'oblige à changer tous les évêques.
Obligée de faire face à la conspiration des catholiques, Elizabeth emprisonne leur chef de file, sa cousine, ancienne reine d'Écosse et de France, Marie Stuart (c'est elle qui monterait sur le trône si Elizabeth venait à mourir sans descendant direct).
Poussée par Francis Walsingham, fanatique protestant et chef de la police secrète, la reine fait décapiter sa cousine en 1587.
L'Angleterre reine des mers
Surtout, Elizabeth 1ère bâtit la puissance maritime et commerciale de son pays.
Sous son règne, Londres surpasse ses rivales Amsterdam et Anvers par son dynamisme commercial. De nombreux drapiers flamands, chassés par la répression espagnole, s'établissent dans le pays et développent l'industrie de la laine.
Les marins anglais se lancent à la conquête des mers sous la conduite de sir Francis Drake et sir Walter Raleigh, les sea dogs ou « chiens de mer » d'Elizabeth.
À l'instigation de la reine, le premier, hardi marin et corsaire, se lance en 1579, à 36 ans, dans le deuxième tour du monde à la voile après celui de Magellan et del Cano.
Le deuxième, courtisan influent, équipe à ses frais en 1584 une expédition en vue d'explorer la Floride puis, l'année suivante, à 33 ans, tente en personne d'organiser la colonisation du littoral nord-américain.
Il fonde ce qui deviendra la colonie (puis l'État) de Virginie, ainsi nommée en l'honneur de la « reine vierge ».
Les deux marins participent un peu plus tard, en 1588, à la défaite de l'Invincible Armada, que le roi d'Espagne Philippe II avait lancé contre l'Angleterre pour venger la décapitation de Marie Stuart.
En 1600, les marchands de Londres créent la Compagnie anglaise des Indes orientales qui va s'illustrer dans le commerce avec le sous-continent indien - et plus tard sa conquête -.
Fin de règne
La « reine vierge », craignant de perdre son pouvoir au profit d'un quelconque mari, a refusé les avances de nombreux soupirants, y compris le roi Philippe II d'Espagne et le duc Henri d'Anjou, fils de Catherine de Médicis et futur Henri III, de 17 ans son cadet.
Restée célibataire (et sans enfant), elle garde néanmoins une relation affective pleine de passion pour son ami d'enfance Robert Dudley.
La fin du règne est terni par les blessures de la vieillesse et des maladies, l'abus de cosmétiques, le poids des deuils. Faisant face à la montée des mécontentements, la vieille souveraine prononce son discours le plus célèbre devant le Parlement. C'est le Golden Speech (le « discours d'Or » du 30 novembre 1601) : « I have reigned with your love » (« J'ai régné avec votre amour »).
Le siècle élizabéthain reste avant tout celui de William Shakespeare. Le dramaturge n'eut qu'à observer le spectacle de la cour pour trouver matière à « farce et tragédie, fureur et bruit ».
Dernier souverain de la branche des Tudor, inaugurée par l'accession au trône de son grand-père Henri VII, un siècle plus tôt, Elizabeth 1ère désigne le roi d'Écosse Jacques VI pour lui succéder.
Celui-ci n'est autre que le fils de la reine Marie Stuart, sa cousine, qu'elle a fait décapiter. Il monte sur le trône anglais sous le nom de Jacques 1er Stuart à la mort d'Elizabeth, qui survient le 24 mars 1603, dans sa soixante-dixième année.
Histoire de la Grande-Bretagne
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Serge hervet (17-11-2020 18:15:22)
Félicitations, une magnifique révision...à 76 ans toujours passionné d'histoire. Merci beaucoup
Mijabat (18-11-2019 02:52:44)
La Reine Elizabeth n'était pas plus "adultérine" que Mary la Sanglante, née de Catherine d'Aragon, épouse-veuve d'Arthur, prince de Galles, donc son mariage avec Henri VIII fut déclaré invalide ... Lire la suite
France Gelbert (14-11-2016 18:13:21)
Excellent article concernant Elisabeth I ère, mais Catherine de Médicis voulait lui faire épouser non pas le futur Henri III, mais son quatrième fils d'abord duc d'Alençon puis duc d'Anjou, FranÃ... Lire la suite