Fils de marchands drapiers protestants, Olivier de Serres lit très tôt les agronomes latins, se passionne pour l'agriculture et devient le premier Européen à aborder celle-ci sous un angle scientifique.
À 20 ans, sans souci des guerres de religion, il vend des terres dispersées pour constituer un vaste domaine au Pradel, près de Villeneuve-de-Berg, dans le bas-Vivarais.
Il le met aussitôt en valeur en multipliant les innovations : drainage et irrigation, compostage des déchets organiques, soufrage de la vigne, suppression de la jachère...
Il était jusque-là habituel d'alterner les cultures tous les ans pour permettre au sol de se régénérer selon le principe de l'assolement triennal : une première année, on cultive des céréales d'hiver (froment ou blé), l'année suivante des céréales de printemps (orge...), la troisième année enfin, on laisse le sol en vaine pâture afin qu'il se repose et par la même occasion nourrisse les bovins du village.
Au lieu de la vaine pâture, Olivier de Serres promeut la culture de plantes fourragères comme la luzerne, qui ont le double avantage de nourrir le bétail et d'apporter au sol l'azote indispensable à la conservation de sa fertilité.
L'agronome promeut aussi de nouvelles cultures comme le maïs, le houblon, la betterave, dont il signale les qualités sucrières, la garance, le safran, le coton, les agrumes, le tabac, la tulipe, le riz et également la pomme de terre.
Consécration royale
En février 1599, désireux de récupérer une dette du roi Henri IV envers sa famille, Olivier de Serres entre en relation avec son ministre Maximilien de Béthune, futur Sully.
Celui-ci l'interroge sur l'élevage du ver à soie et lui demande de publier son Traité de la cueillette de la soye par la nourriture des vers qui la font.
Des milliers d'exemplaires sont distribués dans le royaume en vue d'acclimater la culture de la soie et éviter ainsi de coûteuses importations. Olivier de Serres, à la demande du roi, plante même à cet effet 20.000 mûriers à soie dans le jardin des Tuileries, à Paris.
L'année suivante, il publie son ouvrage majeur, qui consigne l'ensemble de ses recherches, Théâtre d'agriculture et mesnage des champs. Écrit dans une langue française déliée, il fourmille de mots nouveaux : olivette, petit pois, oeillet de poète, palissade...
Notons que le vieux mot mesnage est employé dans le sens d'économie. Il a donné en français moderne le mot ménagère, qui désigne la personne (généralement une femme !) qui a la charge de l'économie domestique... et en anglais le mot manager, qui désigne la personne (généralement un homme !) placée à la tête d'une grande entreprise.
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