Joseph Lebon (ou Le Bon) naît dans les quartiers populaires d’Arras le 25 septembre 1765 dans une famille pauvre de neuf enfants. Son père possède un petit office de sergent à verges de l’échevinage.
Grâce à la protection de Bernard Thellier de Sars, avocat, échevin de Saint-Pol près d’Arras et député aux États d’Artois, il entre au Collège d’Arras dirigé par les Oratoriens. On le dit hautain, acrimonieux, malveillant, parfois exalté et de « complexion nerveuse ».
En 1781, il préside l’Académie littéraire pendant que Robespierre occupe la charge de juge au tribunal épiscopal. Deux ans plus tard, il part en Bourgogne pour enseigner la rhétorique chez les Oratoriens de Beaune et accomplir sa vocation ecclésiastique.
En 1789, alors que la France est secouée par les premières agitations de la Révolution, il est ordonné prêtre par Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, évêque d’Autun. Ambitieux, il se passionne pour la vie publique. En mai 1790, il fait savoir que la vertu est le premier des biens et s’affilie à la Société des Amis de la Constitution. Entre 1791 et 1792, Lebon fréquente les Robespierre, en particulier Augustin, le frère de Maximilien.
Il connaît aussi Philippe Lebas originaire de Frévent, village près d’Arras, qui deviendra député du Pas-de-Calais sous la Convention. Ce dernier épousera Élisabeth Duplay, l’une des filles de Maurice Duplay qui héberge Robespierre.
Devenu prêtre constitutionnel, Lebon accepte la cure de Neuville-Vitasse près d’Arras et reçoit un revenu de dix-huit cent cinquante livres. Il écrit à sa cousine, Elisabeth Régniez : « Me voilà devenu grand marchand de messes… Dès cinq heures du matin je pars à cheval et fais le tour de ma paroisse, débitant ma marchandise aux amateurs ! ».
Et le curé devint procureur...
En septembre 1792, il est élu député suppléant à la Convention et siège sur les bancs de la Montagne. Envoyé en mission dans la Somme un mois plus tard, il réprime la « petite Vendée » artésienne, installe le Tribunal révolutionnaire au palais de l’ancien Conseil d’Artois et fait dresser la guillotine sur la place de la Convention (actuelle place du Théâtre).
Il est nommé maire d’Arras puis procureur général près du directoire du département du Pas-de-Calais. Il épouse Elisabeth Régniez, sa cousine qu’il appelle sa « Mimi » et que les Arrageois appellent « la Hyène ». Il est l’un des premiers prêtres à se marier civilement dans le Pas-de-Calais.
En septembre 1793, il est élu au Comité de sûreté générale. Après Thermidor et la chute de Robespierre dont il fut l’un des fidèles, il est dénoncé comme révolutionnaire « exagéré », arrêté et conduit à Paris.
Son rôle face aux Autrichiens et sa contribution à la victoire de Fleurus le 26 juin 1794 lui assurent la vie sauve. Mais le 7 mai 1795, sur dénonciation, il est à nouveau arrêté aux motifs d’ « assassinats juridiques, oppression des citoyens en masse, vengeances personnelles et dilapidations des biens de l’État ».
Condamné à mort le 11 octobre 1795, il écrit à sa femme : « Ma chère amie, l’instant du malheur est arrivé… L’acharnement de mes persécuteurs s’accomplit... Vous ne tarderez pas à recueillir de mes cendres la reconnaissance nationale… Ton cœur… Joseph . »
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