XVIIe siècle

Le « Siècle des libertins »

Le XVIIe siècle français, siècle de Louis XIII (1610-1643) et Louis XIV (1643-1715), est le siècle des contrastes par excellence. Ce n'est pas pour rien que les peintres de cette époque ont cultivé le clair-obscur !

En matière de pensée et de moeurs, des mystiques et des dévots d'une rigueur encore inconnue à cette date côtoient des « libertins » de haut vol, puissants aristocrates ou fins lettrés, qui conjuguent liberté de pensée et licence sexuelle, impiété et amoralisme.  

La Femme entre les deux âges (école de Fontainebleau, vers 1575, 117 x 170 cm, musée de Rennes)

Siècle des Saints, siècle des libertins

Ce siècle a pu être qualifié de « Siècle des Saints » car il a connu des mystiques de très grande envergure : saint François de Sales, la famille Arnaud et les Messieurs de Port-Royal, saint Vincent de Paul... ainsi que de grands prédicateurs comme Fénelon, Bossuet et le rival de celui-ci, Bourdaloue.

Anne-Geneviève de Bourbon, duchesse de Longueville (Vincennes, 28 août 1619 - Paris, 15 avril 1679) Mais il pourrait être qualifié aussi de « Siècle des libertins » car, à la cour et dans les salons parisiens, la débauche parfois teintée d'athéisme côtoyait la dévotion, les mêmes personnes passant parfois de l'une à l'autre. Ainsi Madame de Longueville (1619-1679).

Si aujourd'hui le mot libertin rime avec coquin, il n'en a pas toujours été ainsi. Traduction du latin libertinus, il a été d'abord employé comme synonyme d'affranchi de la religion. À ses origines, le libertinage a eu donc un contenu plus subversif que sexuel.

Dès le XVIe siècle précédent, on a eu affaire à de premiers écrits mettant en cause les vérités officielles et même l'existence de Dieu, ce qui a valu le bûcher à Michel Servet ou encore Giordano Bruno.

Libertins « érudits » et licencieux

Le « libertinage », qui définit l'attitude d'un libertin, peut être banalement hédoniste ou « érudit »

Le premier « libertin érudit » fut Pierre Gassendi (1592-1655), un prêtre et mathématicien aux mœurs irréprochables qui a redécouvert la pensée d'Épicure. Avec lui aimaient à converser quelques jeunes gens spirituels et libres de moeurs, tels le mémorialiste Tallemant des Réaux (1619-1692), auteur des Historiettes, ou le poète Savinien Cyrano de Bergerac (1619-1655).

Mme de Sévigné (1626-1696), qui a sans doute fréquenté ces personnes, se dit elle-même « libertine » par sa manière spontanée d'écrire.

Théophile de Viau (1590, Clairac, Agenais - 25 septembre 1626, Paris)Simultanément, dans la période troublée qui sépare l'assassinat d'Henri IV (1610) de la reprise en main du pays par Richelieu (1630), quelques grands esprits  comme Théophile de Viau se lâchent dans tous les sens du mot. À la fois licencieux et athées, ils rejettent les conventions morales et les conventions religieuses dans une soif irrépressible de liberté individuelle.

La haute aristocratie viole la morale publique

En 1661, après que Louis XIV eut affirmé son autorité personnelle sur le royaume, il ne fit plus bon afficher son impiété à la cour et dans les salons. Molière témoigne à sa manière du nouveau cours politique avec Dom Juan ou le Festin de Pierre. La pièce met en scène un grand seigneur cynique et jouisseur qui ne craint pas de défier la puissance divine.

Est-ce à dire que la Cour s'aligne sur la morale janséniste ? Il s'en faut de beaucoup ! De grands aristocrates démontrent une totale indifférence à la religion et à la plus élémentaire morale, comme c'était déjà le cas à la génération précédente.

Au grand désespoir de Louis XIV, de jeunes princes ne craignent pas de violer la loi et la simple humanité par des jeux infâmes : tortures de prostituées, meurtres gratuits de manants, viols d'enfants etc. Bien entendu, leur statut leur assure discrétion et impunité.

Que la fête commence, film de Bertrand Tavernier, avec Philippe Noiret, Marina Vlady, Jean Rochefort et Monique Lejeune (1975)

Liberté et morale

À la mort de Louis XIV (1715), la haute aristocratie trop longtemps tenue en bride s'en donne à coeur joie avec la complicité du régent Philippe d'Orléans, lui-même débauché et indifférent en matière religieuse...

Le retour de la paix et les avancées en matière scientifique favorisent la croissance économiques et la montée d'une richissime classe de financiers. Cette bourgeoisie entend profiter de la vie avec mesure. Elle va faire la fortune des artisans décorateurs et en particulier du peintre Antoine Watteau qui invente un genre pictural plein de sous-entendus érotiques  : les « fêtes galantes », une forme adoucie et idéalisée du libertinage aristocratique.

Chez les hommes de lettres, le libertinage subversif du siècle précédent laisse la place à une aspiration à la liberté commune. C'est désormais la société qu'il s'agit de libérer et non plus soi-même. Cette aspiration va se développer tout au long du Siècle des Lumières sous la plume des « philosophes » et des « encyclopédistes ».

Publié ou mis à jour le : 2022-06-19 09:55:10
B. Cochin (10-07-2023 23:40:58)

Laclos n'était en rien un officier de cavalerie mais un artilleur ce qui explique la forme quasi mathématique du scénario des Liaisons dangereuses (on la retrouve par exemple chez Camus avec l'Etra... Lire la suite

GERALD (02-04-2014 11:28:28)

ok

deMailly (02-03-2013 10:32:47)

bonjour, jr viens de lire un bouquin sur Ninon de L enclos et mon avis est que cette femme était une libertine des plus douée, qui trouverait facilement sa place en ce XXI éme siècle, mais avec be... Lire la suite

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