20 novembre 2016 : il y a 300 ans, le 1er septembre 1715, le Roi-Soleil rendait l'âme après avoir régné plus longtemps qu'aucun autre souverain. Contraint de s'aliter le 12 août précédent, il avait mis en scène sa mort avec le même professionnalisme que tout au long de son règne.
Le palais de Versailles, qui lui doit tant, s'est plu à reconstituer pour nous ces funérailles et ce deuil à la mesure du souverain et de son royaume, alors le plus puissant d'Europe, voire du monde.
Tout commence au pied du grand escalier drapé de noir qui mène à l'exposition, entre deux pilastres funéraires décorés à la manière classique.
Au sommet de l'escalier, voici une reconstitution de la chapelle ardente qui a été aménagée dans le choeur de la basilique de Saint-Denis afin que chacun puisse se recueillir devant le cercueil du roi dans les quarante jours qui ont précédé la messe officielle des funérailles.
Le parcours de l'exposition accompagne ensuite le roi dans sa maladie, son agonie et sa mort. Nous l'entrevoyons au temps de sa grandeur, à cheval à la guerre ou au bureau, officiant au milieu de son Conseil. Puis vient l'alitement, les dernières représentations officielles, enfin l'agonie et la mort.
Selon un rituel bien établi, le duc de Bouillon, Grand chambellan du roi, paraît au balcon de la cour de Marbre (côté ville), coiffé d'un chapeau à plumes noires, et lance aux courtisans : « Le roi est mort », puis il réapparaît avec un chapeau à plumes blanches : « Vive le roi ! », en désignant Louis XV, 5 ans.
Après le dernier soupir viennent de macabres opérations sous la conduite du Grand chirurgien Georges Mareschal : autopsie du corps, « tripartition » (on enlève le coeur et les entrailles pour les envoyer à Saint-Louis des Jésuites et Notre-Dame) et embaumement.
Une semaine plus tard, le cercueil royal quitte le palais, à la tombée de la nuit, suivant le rituel établi par le père du défunt, Louis XIII (et non pour échapper aux lazzis de la population selon une idée reçue !).
Le roi rejoint la nécropole royale de Saint-Denis où l'attendent une cinquantaine d'aïeux !
Vient le deuil, qui dure un an et se partage entre « grand deuil » et « petit deuil » selon l'habillement : le nouveau roi s'habille en violet tandis que les courtisans et la veuve du roi (Mme de Maintenon, ci-contre) s'en tiennent au noir. Cette couleur n'est devenue celle du deuil qu'à la fin du XVIe siècle, au lieu et place du blanc, comme nous le rappelle ici un portrait de Marie Stuart.
L'exposition versaillaise saute les siècles et les régimes. Elle nous montre en conclusion comment les républicains ont acclimaté les fastes des funérailles royales pour asseoir la légitimité du régime et resserrer les liens entre le peuple et les élites.
Cela commence avec les funérailles de Victor Hugo, pour lequel on rouvre le Panthéon, érigé en nécropole républicaine. Ensuite viennent celles du président Sadi Carnot, assassiné par un anarchiste le 24 juin 1894. Deux millions de badauds, dit-on, auraient accompagné à sa dernière demeure ce président très « normal », assassinat mis à part.
Notons une curiosité sur l'oeuvre de commande ci-dessous, qui montre la cérémonie devant le Panthéon : on n'y voit aucune femme ! C'est un signe parmi d'autres de l'incroyable régression du statut de la femme au XIXe siècle, sous l'effet de la résurgence du droit romain par la bourgeoisie républicaine. Qu'en eut pensé le Roi-Soleil ?...
Entrée : 15 euros (visite du château incluse) euros |
Site internet : cliquez ici |
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Publié ou mis à jour le : 2016-06-30 14:08:57
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