Avec l'inauguration, le 26 mars 2012, du Muséoparc Alésia sur l'emplacement le plus probable de la fameuse bataille entre Gaulois et Romains, le site archéologique a acquis une reconnaissance officielle...
Les premières fouilles sur le Mont-Auxois, près du village d'Alise-Sainte-Reine, au cœur de la Bourgogne, ont été menées à l'initiative de Napoléon III.
Passionné par Jules César et désireux d'écrire sa biographie, l'empereur finança des recherches sur le site présumé de sa grande victoire sur Vercingétorix à l'été 52 av. J.-C. : Alésia. Et pour couronner celles-ci, il fit ériger en 1865 au sommet de l'ancien oppidum gaulois une statue monumentale de Vercingétorix de plus de six mètres. Le sculpteur Aimé Millet, par déférence, prêta les traits de Napoléon III au chef gaulois... Pour le reste, sa représentation a peu à voir avec l'image de Vercingétorix que se font les historiens contemporains.
Sur le socle de la statue, on peut lire : La Gaule unie, formant une seule nation, animée d'un même esprit, peut défier l'univers (citation libre inspirée de La Guerre des Gaules), avec cette dédicace : Napoléon III, empereur des Français, à la mémoire de Vercingétorix.
L'empereur demanda aussi à son aide de camp, le général Jean-Baptiste Verchère de Reffye, de reproduire grandeur nature les machines de siège utilisées par Jules César. Le polytechnicien, connu pour avoir inventé l'une des premières mitrailleuses et mis au poinnt le chargement des canons par la culasse, réalisa des démonstrations de balistes dans le camp militaire des Loges et sur la terrasse du château de Saint-Germain.
Tout, tout, tout sur la guerre des Gaules
Le Muséoparc, ou Centre d'interprétation, est un bâtiment de forme circulaire conçu par l'architecte Bernard Tschumi, avec une structure en béton de 52 mètres de diamètre recouverte d'une résille en mélèze et surmontée d'une terrasse plantée. L'apparence extérieure évoque symboliquement le fameux siège et les fortifications.
Il est implanté dans la plaine, à quelques centaines de mètres du Mont-Auxois sur lequel s'était réfugiée l'armée de Vercingétorix, au total 60 000 à 80 000 hommes. D'une superficie de 98 hectares, cet oppidum que domine aujourd'hui la statue de Vercingétorix, était l'un des plus grands du monde gaulois avec celui de Bibracte. Il était protégé par un mur de pierre mais aussi des falaises abruptes que dissimulent aujourd'hui les arbres.
Ainsi que nous l'apprenons en visitant le Muséoparc, la bataille d'Alésia est très vite tombée dans l'oubli au point qu'on en est venu à douter de l'endroit où elle s'est déroulée. Sur le Mont-Auxois lui-même, en lieu et place de l'oppidum gaulois, on a vu se développer une cité gallo-romaine prospère de plusieurs milliers d'habitants.
On peut aujourd'hui visiter les fouilles en complément de la visite du Muséoparc et profiter de lecteurs de réalité augmentée pour voir à quoi pouvaient ressembler les rues commerçantes, le forum, la basilique, le théâtre ou encore le curieux temple demi-enterré consacré au dieu gaulois Ucuetis, protecteur des forgerons. Sa présence atteste de la faveur dont jouissaient en Gaule les forgerons et artisans du métal.
C'est seulement au XIXe siècle, quand les Français héritiers de la Révolution ont choisi de se donner pour ancêtres les Gaulois de préférence aux Francs, que la Gaule est revenue à la mode. Opportunément, en 1839, on a alors découvert à Alise-Sainte-Reine une pierre lapidaire en écriture latine mais en langue gauloise, avec le nom gaulois Alisiia (on peut la voir au Muséoparc). Preuve était faite que le site était bien celui de la bataille. Napoléon III allait faire le reste...
Rappelons qu'après sa demi-victoire à Gergovie, l'oppidum des Arvernes, au-dessus de l'actuelle Clermont-Ferrand, au printemps 52, Vercingétorix avait cru bon de se réfugier dans l'oppidum des Mandubiens, Alisiia, en attendant une armée de secours.
César avait entouré l'oppidum d'une double ligne de fortifications en bois pour assiéger le chef gaulois et protéger ses propres troupes en prévision de l'arrivée de l'armée de secours : pas moins de 150 000 hommes venus de toute la Gaule pour secourir Vercingétorix.
D'une longueur totale de 21 kilomètres, ces circonvallations délimitaient un espace de 7200 hectares. Elles étaient espacées l'une de l'autre d'environ 120 mètres en moyenne. Entre elles s'étaient établies les dix à douze légions romaines, soit environ 60 000 hommes dans six ou huit camps et une vingtaine de redoutes plus petites.
Cette double ligne de fortifications a été reconstituée sur quelques dizaines de mètres à côté du Muséoparc proprement dit.
Au service de César figurent aussi quelques centaines de cavaliers germains, lesquels surprenaient les Gaulois par leur manière inhabituelle de combattre, des frondeurs baléares, des archers crétois…
Le site n'a pu être à ce jour fouillé que sur une toute petite partie mais on n'en a pas moins retrouvé quantité d'objets plus ou moins dignes d'intérêt. Par exemple des milliers de clous de sandales romaines mais aussi des monnaies de tous les peuples de la Gaule en rébellion contre César.
La plupart des objets trouvés sur le site sont exposés et mis en scène dans le Muséoparc. Celui-ci présente aussi des panneaux pour expliquer le déroulement de la bataille et présenter ses participants. Le public familial peut se repaître aussi de quelques séances d'entraînement au combat des légionnaires dans les circonvallations. Notons que les Gaulois sont absents de ces joutes.
On peut regretter que l'enveloppe en béton brut du bâtiment n'étouffe pas davantage les bruits et que le restaurant ressemble plus à une cantine scolaire qu'aux auberges d'Astérix.
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