Ne cherchez pas Franz Kafka, il est sur Tiktok ! Un siècle après sa mort (3 juin 1924), l'écrivain praguois n'a jamais été aussi populaire auprès des adolescents qui se partagent en ligne ses citations. Mais que trouvent-ils dans les rares ouvrages de cet éternel angoissé ? Pourquoi cet homme discret marque-t-il tant les lecteurs avec ses histoires atroces ?
Notre homme au chapeau melon et au regard sombre aurait été bien étonné de cette kafkamania ambiante, lui qui n'a cessé de se trouver simplement « lamentable ». Voyons combien il avait tort !
Le bon-à-rien
Dans la famille Kafka, c'est le père qui a réussi. Issu d'un milieu campagnard juif très pauvre, Hermann est parvenu à force de volonté à se créer une bonne situation en ouvrant en plein Prague un magasin de nouveautés.
Mais pas question de s’installer dans le ghetto : il préfère prendre ses distances avec la communauté juive, à ses yeux trop misérable et méprisée. Lui veut s'intégrer !
S'il respecte encore quelques usages religieux, c'est surtout un « fantôme de judaïsme » qui prévaut dans le foyer. Né le 3 juillet 1883, son premier fils est donc baptisé Franz en l'honneur de l'empereur François-Joseph. Suivront deux garçons morts jeunes et trois filles qui ne seront guère proches de leur aîné.
Hypersensible, celui-ci ne peut trouver refuge dans l'école, cet « objet de terreur » qu'il apprivoise en faisant le dos rond.
Ses études seront donc sans éclat : « Je n'ai guère étudié, et rien appris du tout » dira-t-il, exagérant quelque peu... Faut-il vraiment le croire lorsqu'il parle de sa médiocrité pour cause de fainéantise et d'absence de mémoire ? Sa « somme de connaissances […] absolument pitoyable » ne l'a en effet pas empêché de passer toutes les étapes de la scolarité avec succès. Il finit même par décrocher un doctorat en droit qui présente pour lui un avantage énorme : ne pas avoir à reprendre le magasin paternel.
Pour quelqu'un d'aussi angoissé que Franz Kafka, naître à Prague à la fin du XIXe siècle n'avait rien de reposant : il fut en effet obligé de jongler avec plusieurs identités puisqu'il était à la fois de nationalité tchèque, de culture juive et de langue allemande... Lors de sa naissance, en 1883, la ville faisait encore partie de l'empire des Hasbourg et abritait de nombreuses communautés, à commencer par une importante population juive qui vivait essentiellement au centre-ville, dans l'un des plus anciens ghettos d'Europe. « Monde souterrain démoniaque [et] lieu d'angoisse » selon l'écrivain Gustav Meyrink, le quartier du Josevof avait une bien sinistre réputation...
Si le « cercle étroit » aux ruelles sombres a été détruit lorsque Kafka était encore enfant, ses légendes étaient encore bien vivantes, à commencer par celle du Golem, ce géant de terre et d'argile qu'aurait modelé au XVIe siècle un rabbin pour protéger la communauté. Son ombre planait encore au pied du Château, ce quartier qui domine la ville de toute son inquiétante froideur. Kafka s'inspirera de ce labyrinthe pour son livre éponyme (1926), peut-être influencé par son séjour dans la fameuse Ruelle d'Or où, dit-on, les alchimistes faisaient autrefois leurs petites expériences... S'il est resté profondément attaché à sa cité de naissance qu'il ne quitta qu'à de rares occasions, Kafka se rendait bien compte que son atmosphère particulière n'était pas sans conséquences : ne parlait-il pas de Prague avec une tendresse filiale avant de préciser : « cette mère a des griffes » ?
Tentatives de fuite
Toute sa vie, Franz Kafka aura lutté contre la terreur que lui inspirait son propre père, chez lequel il vécut pourtant pratiquement jusqu'à sa mort. Il faut dire que le personnage, « cet homme gigantesque », aussi costaud que son fils était « maigre, chétif, étroit », se voulait l'incarnation de l'autorité et ne s'est guère montré tendre pour ses enfants.
Dans sa longue Lettre au père (1919), Kafka nous fait le portrait d'un homme intransigeant qui aurait peu à peu noyé son garçon trop craintif dans un sentiment de médiocrité et d'échec insurmontable. « La faiblesse, le manque de confiance en soi, le sentiment de culpabilité » qui l'ont toujours habité en seraient les conséquences.
Décrocher un premier emploi, voilà une solution pour fuir cette influence néfaste et accéder à la normalité ! Malheureusement, l'expérience s'avère catastrophique, le monde de l'assurance n'offrant au jeune diplômé qu'horaires surchargés et salaire médiocre. Bienvenue dans la « rue-tremplin pour les candidats au suicide » !
Une démission plus tard, le voici fonctionnaire juriste, spécialisé dans les accidents du travail (1908). Étonnamment, alors qu'il a un rapport compliqué avec son propre corps, il se passionne pour cet emploi qui présente un avantage considérable : il lui laisse des après-midi entiers de liberté, une liberté qu'il va pouvoir consacrer à sa nouvelle passion, l'écriture.
Rédigée alors que Kafka avait déjà 36 ans, la Lettre au père tente de faire le point sur une relation difficile qui fut lourde de conséquences sur la personnalité et l'oeuvre de l'auteur. Celui-ci, avec une rare sincérité, s'y dévoile dans toute sa complexité et ses doutes. Notons que la lettre n'a jamais été lue par son destinataire...
« Tu m'as demandé récemment pourquoi je prétends avoir peur de toi. Comme d'habitude, je n'ai rien su te répondre, en partie justement à cause de la peur que tu m'inspires […]. Ce sentiment de nullité qui s'empare si souvent de moi [...] tient pour beaucoup à ton influence. Il m'aurait fallu un peu plus d'encouragement, un peu de gentillesse, j'aurais eu besoin qu'on dégageât un peu mon chemin, au lieu de quoi tu me le bouches, dans l'intention louable, certes, de m'en faire prendre un autre. Mais à cet égard, je n'étais bon à rien. »
L'écriture ou la vie
Depuis tout jeune, Kafka est un adepte de la plume mais c'est surtout à partir de 1908 qu'il commence sérieusement à envisager de publier. Son ami Max Brod n'y est pas pour rien puisqu'il partage avec lui goût pour l'écriture et fréquentation des salons littéraires. Mais surtout il possède cette confiance qui manque tant à Kafka et qui lui permet de prendre contact avec des revues puis des éditeurs, quitte à faire l'éloge de textes que l'apprenti-écrivain n'a pas encore rédigés.
Il faut dire que le temps lui manque, entre son métier, sa nouvelle passion pour le théâtre juif et la rédaction de son Journal (1910-1923). Publiées après sa mort, ces centaines de pages disent toute la souffrance d'un homme qui, jour après jour, ne peut échapper à une vie faite d'ennui et d'amertume.
En 1912, il accepte une commande pour un livre où il rassemble plusieurs textes aboutis. Enfin ! Regard marque d'autant plus un tournant qu'il est dédié à une jeune fille... Kafka, à 29 ans, se déciderait-il à mettre fin à son statut de célibataire ?
« Cheveux raides sans charme, menton fort » et fausses dents en or, la berlinoise Felicia Bauer ne ressemble guère à la fiancée idéale, et pourtant : Kafka va trouver en elle une âme soeur dont témoignent une longue correspondance et deux cérémonies de fiançailles, rompues l'une après l'autre. Qu'il est difficile de s'engager dans la vie !
Déclarés coupables !
D'ailleurs, comment un auteur peut-il concilier écriture et mariage ? Pour Kafka, il faut sacrifier l'un des deux mais « cesser d'écrire, [il] ne le peu[t] pas... » explique-t-il. Il continue donc à noircir les pages d'un roman, L'Oublié (publié en 1927 sous le titre L'Amérique), qui porte bien son nom lorsque l'on sait qu'il ne le terminera jamais.
Mieux vaut faire simple et enchaîner sur une nouvelle. Ce sera « La Métamorphose », une histoire quelque peu étrange puisqu'elle met un scène un cancrelat bien malmené. Publié en 1913, le texte est accueilli favorablement et prouve enfin à Kafka qu'il peut se revendiquer écrivain et que son observation de la vie, aussi pessimiste soit-elle, peut trouver un public.
Alors que la Première guerre mondiale débute, il se lance dans une réflexion sur le pouvoir à travers La Colonie pénitentiaire (1919) qui met en scène une exécution au déroulement aussi sadique qu'absurde, et surtout Le Procès (1925) qui commence par ces mots : « On avait sûrement calomnié Joseph K., car sans avoir jamais fait de mal, il fut arrêté un matin ».
Pour quelle faute le personnage est-il condamné ? Pourquoi accepte-t-il placidement son sort et son exécution « comme un chien » ? On ne le saura jamais. Peut-être est-il simplement coupable d'exister...
« La Métamorphose » s'appuie sur un sujet somme toute banal : un jeune homme mal aimé par les siens s'isole dans sa chambre. Mais dès la première phrase, on comprend qu'on n'est pas face à une crise familiale comme une autre : « Lorsque Gregor Samsa s'éveilla un matin au sortir de rêves agités, il se retrouva dans son lit changé en un énorme cancrelat ». Cette énorme bestiole qui fait la honte de sa famille, c'est bien sûr Kafka lui-même qui projette sur son personnage de petit employé tout son mal-être : cohabitation avec un corps souffreteux, honte de ne pas correspondre à l'image que son père se faisait du fils idéal, sentiment d'inadaptation et de rejet. La violence qui imprègne ce texte au fantastique dérangeant découle autant de l'indifférence et de la cruauté de la famille face à ce bouleversement, que des souffrances vécues par l'insecte, bien plus humain que son entourage.
Dans ce passage, le père oblige son fils-cancrelat à réintégrer sa chambre :
« Maintenant, il n’était vraiment plus question de plaisanter et Gregor - advienne que pourra - passa la porte [de sa chambre] en forçant. Son corps se releva d’un côté, il se trouva de biais dans l’ouverture de la porte, le flanc tout écorché, le blanc de la porte était maculé de vilaines taches, bientôt il fut coincé, et tout seul il n’aurait plus pu bouger, ses petites pattes de l’autre côté étaient suspendues en l’air toutes tremblantes, de ce côté-ci elles étaient douloureusement écrasées sur le sol... c’est alors que son père lui administra par-derrière un coup violent et véritablement libérateur qui le fit voler jusqu’au milieu de sa chambre, saignant abondamment. Ensuite, la porte fut encore claquée d’un coup de canne, puis ce fut enfin le silence ».
Rares « lumières dans les ténèbres »
En septembre 1917, le diagnostic tombe : Kafka souffre de tuberculose pulmonaire. À 34 ans, il se sait condamné, condamnation qu'il met sur le compte de ses névroses puisqu'il souffre d'« une plaie dont les poumons ne sont que le symbole ».
C'est le temps des séjours en sanatorium et dans des pensions de famille, comme celle où il rencontre une jeune fille « pas juive, pas non-juive, pas allemande, pas non-allemande ».
Pleine de gaieté, Julie Wohryzek ne ferait-elle pas une épouse idéale ? Ce n'est pas l'avis du père de Kafka qui se propose de l'aider à rompre le plus vite possible avec cette fille de cordonnier. Pour l'écrivain, c'est l'humiliation de trop : il rédige la magnifique Lettre au père (1919) dans laquelle, sur une centaine de pages, il détaille sa souffrance d'enfant incompris.
Il faut dire qu'il n'a alors guère de raisons de se réjouir : l'empire dans lequel il a grandi s'est effondré dans la guerre, les Tchèques désormais au pouvoir s'en prennent aux germanophones et les synagogues sont attaquées, leurs archives brûlées. Pour beaucoup de Juifs, il est temps de partir pour la Palestine, idée qui n'aurait pas déplu à Kafka. Mais la maladie est là, qui s’aggrave de jour en jour, jusqu'à une rencontre décisive de septembre 1919 au café Arco où l'écrivain aime à retrouver ses collègues de plume.
Milena Jesenská a 23 ans et traîne une réputation scandaleuse au point que son père ait décidé de lui faire faire un séjour en hôpital psychiatrique. Pour Kafka, elle est surtout « la vie qui [lui] tend la main », « une lumière dans les ténèbres » qui durera le temps d'une riche correspondance.
Au cœur des flammes
En 1922, sa santé l'oblige à demeurer isolé dans une station du nord du pays où il s'attaque à la rédaction du Château.
Ce roman, qui n'existe « que pour être écrit, pas pour être lu », raconte les mésaventures d'un arpenteur perdu dans un village aussi labyrinthique que l’administration dans laquelle Kafka lui-même a travaillé. D’ailleurs, aurait-il perdu la clef de cette œuvre ? Toujours est-il qu'il la laisse inachevée, abandonnée au milieu d'une phrase.
Le voici parti sur les rives de la Baltique où il fait la connaissance d'une jeune croyante, Dora Diamant, qui l'incite à se rapprocher du judaïsme. C'est à ses côtés qu'il va vivre ses derniers mois, marqués par la souffrance et la difficulté à communiquer qui l'oblige à avoir recours à des paperolles.
Il finit par mourir d'inanition le 3 juin 1924 à Kierling, près de Vienne, après une dernière publication au titre cruel : « Un Artiste de la faim » (1922).
Cet homme, toute son existence inquiet de son propre talent et convaincu que la littérature l’a détourné de la vraie vie, avait émis une dernière volonté : faire brûler « sans restriction et sans être lu » tout son Journal, ses lettres, ses textes inédits... Sa carrière n’était-elle pas un échec ?
C'est son ami, Max Brod, qui avait été chargé de l'exécution et qui, fort heureusement, préféra conserver et ranger les innombrables feuillets qu'il découvrit. Finalement c'est la Gestapo qui se chargea d'une partie de cette triste mission lorsqu'elle saisit en 1933 à Berlin les papiers détenus par Dora.
Arrivée tardivement dans la vie de Kafka, Milena Jesenská n’en fut pas moins une observatrice très perspicace de son étrange ami. Résistante pendant la guerre, elle mourut en 1944 à Ravensbrück.
« Il était timide, inquiet, doux et bon, mais les livres qu’il a écrits sont cruels et douloureux. Il voyait le monde plein de démons invisibles qui déchirent et anéantissent l’homme sans défense. Il était trop lucide, trop sage pour pouvoir vivre, trop faible pour combattre, faible comme le sont des êtres beaux et nobles, qui sont incapables d’engager le combat avec la peur qu’ils ont de l’incompréhension, de l’absence de bonté, du mensonge intellectuel, parce qu’ils savent d’avance que ce combat est vain et que l’ennemi vaincu couvre encore de honte son vainqueur.
Il connaissait les hommes, comme seul peut les connaître quelqu’un de grande sensibilité nerveuse, quelqu’un qui est solitaire et qui reconnaît autrui à un simple éclair dans son regard. Il connaissait le monde d’une manière insolite et profonde, lui-même était un monde insolite et profond. Il a écrit les livres les plus importants de toute la jeune littérature allemande. […] Ils sont pleins de l’ironie sèche et de la vision sensible d’un homme qui voyait le monde si clairement qu’il ne pouvait pas le supporter et qu’il lui fallait mourir, s’il ne voulait pas faire de concessions comme les autres » (hommage paru dans le journal Narodini listy, 7 juin 1924).
Un engouement très kafkaïen...
Kafka, son chapeau melon et son air triste, star des réseaux sociaux ? Qui l'eût cru ? Et pourtant, il n'a jamais été aussi présent auprès de la nouvelle génération qui reconnaît son propre mal-être dans le désarroi de cet éternel adolescent.
Les jeunes en sont convaincus : Gregor Samsa, le cloporte enfermé dans sa chambre, rejeté par ses parents, pétri de culpabilité, c'est chacun d'entre eux ! Cette appropriation est d'autant plus étonnante que l'écrivain a longtemps eu une réputation d'auteur austère et engagé, admiré en Occident pour ce que l'on croyait être une dénonciation des pouvoirs totalitaires.
La Guerre froide en fait un héraut de la liberté d'un côté du Mur, un délateur clairvoyant mais dangereux de l'autre, sans comprendre que Le Procès et l'arrestation de son anti-héros, sans explication, au petit matin, n'avaient pas de but politique. « Comment ne pas se dire sans cesse : cet être traqué, c’est moi ? » expliquera André Gide pour rappeler la cruauté de la condition humaine, condamnée à mort.
Aujourd'hui, sa critique des univers absurdes qui enferment l'homme dans un cauchemar sans fin continue à nous parler : telle administration bureaucratique, tel confinement sanitaire sont vite qualifiés de « kafkaïen » pour mieux en traduire l'aspect à la fois angoissant et grotesque, voire comique. Il ne nous reste plus, comme le héros du Château, qu'à observer avec recul ces situations loufoques et surtout à ne jamais abandonner. La sortie du labyrinthe est à ce prix !
Rédigé de 1910 à la fin de sa vie, les 13 cahiers du Journal de Kafka se présentent comme un assemblage d'aphorismes, d'ébauches de textes et autres récits de rêves... Mais il est surtout le portrait d'un homme qui, nuit après nuit, n'a cessé de lutter contre l'impossibilité d'écrire, de partager les images et histoires qui se bousculaient en lui.
« Chaque jour au moins une ligne doit me viser comme on vise les comètes avec le télescope. [...] Tout oublier. Ouvrir la fenêtre. Vider la chambre. Elle est traversée par le vent. On ne voit que le vide, on cherche dans tous les coins et l’on ne se trouve pas. […]
Ce dimanche 19 juillet 1910, j’ai dormi, je me suis réveillé, dormi, réveillé, misérable vie. […]
Le monde prodigieux que j'ai dans la tête. Mais comment le libérer et me libérer sans me déchirer ? […]
La lampe électrique allumée, l’appartement silencieux, l’obscurité au dehors, les derniers instants de veille, tout cela me donne le droit d’écrire, fussent les choses les plus lamentables. Et ce droit, je m’empresse d’en user. Voilà donc ce que je suis. [...]
Je n’ai plus assez de force pour faire une phrase. Si encore il s’agissait de mots, s’il s’agissait de jeter un mot sur le papier et qu’on pût s’en détourner, dans la calme certitude d’avoir entièrement empli ce mot avec soi-même ».
Un livre comme une hache
Trois romans inachevés, quelques récits courts, un gros journal et une belle correspondance : finalement l'œuvre de Kafka ne remplit pas les rayons des bibliothèques. Il est pourtant aujourd'hui considéré comme un auteur majeur de la langue allemande, admiré pour un style qu'il voulait neutre.
« L’allemand de Kafka est comparable à l’eau face à la multiplicité infinie des boissons » dira Hanna Arendt pour tenter d'en définir la sobriété. Il est d'autant plus étonnant que ses livres soient considérés comme de véritables coups de poing, tant leur contenu peut s'avérer violent.
C'était d'ailleurs son objectif, comme il l'avait expliqué : « Il me semble d’ailleurs qu’on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? [...] nous avons besoin de livres qui agissent sur nous comme un malheur dont nous souffririons beaucoup, comme la mort de quelqu’un que nous aimerions plus que nous-mêmes, comme si nous étions proscrits, condamnés à vivre dans des forêts loin de tous les hommes, comme un suicide — un livre doit être la hache pour la mer gelée en nous. Voilà ce que je crois » (Lettre à Oskar Pollak, 1904).
Bibliographie
Claude Thiébaut, Les Métamorphoses de Franz Kafka, éd. Gallimard (« Découvertes »), 1996 ; du même auteur, commentaires sur La Métamorphose, Le verdict et autres textes parus du vivant de Kafak (Foliothèque, Gallimard).
David Zane Mairowitz et Robert Crumb, Kafka, éd. Actes Sud, 1996.
Au théâtre
Vos réactions à cet article
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Bottom (24-06-2024 07:13:37)
Les ravages que peut faire un père qui se prend pour un dieu! Nombre d'entre-nous et pas seulement les ados patissent et patissent encore des folies paternelles!
André (23-06-2024 17:19:32)
Merci de rappeler ce genre de familles où dès l'enfance on est coupables existentiels, qu'elle soient juives ou pas ! Comme le disent certains depuis tout ce drame inextinguible : "Nos ancêtres se ... Lire la suite