Après le très long (trop long) pontificat de Pie IX (32 ans), la papauté va montrer une nouvelle fois qu'elle a du ressort avec l'avènement de Gioacchino Pecci sous le nom de Léon XIII le 20 février 1878.
Ce pape est le premier après Pie VII à comprendre que la foi chrétienne est parfaitement compatible avec les idéaux démocratiques et il va le faire savoir en amorçant un rapprochement avec la République française.
À son initiative, le 18 novembre 1890, le cardinal Charles Lavigerie, archevêque d'Alger, prend prétexte d'une visite de l'escadre française de la Méditerranée dans sa ville pour lever son verre devant les officiers. Il émet alors le souhait d'une réconciliation entre la République laïque et l'Église catholique. C'est le fameux « toast d'Alger ».
Mais il faudra encore beaucoup d'années, une quinzaine, avant que les extrémistes des deux camps ne laissent la place à une cohabitation de bon aloi, fondée sur la séparation des Églises et de l'État. Léon XIII élabore une doctrine sociale critique envers le libéralisme économique au nom de l’ordre juste et du respect de la personne humaine.
Sa grande oeuvre est la publication le 15 mai 1891 de sa célèbre encyclique sociale Rerum Novarum (Les Choses Nouvelles). Dans cette lettre circulaire (étymologie grecque du mot encyclique) adressée à tous les catholiques, le souverain pontife exprime sa compassion pour les ouvriers avec une audace inhabituelle.
En avance sur la plupart des responsables de son époque, il condamne la cupidité de la bourgeoisie, la concentration des richesses entre les mains d'un petit nombre d'hommes opulents et de ploutocrates... ainsi que la suppression de la propriété prônée par les socialistes. Il y voit un remède pire que le mal. Le pape dénonce plus précisement le travail des enfants et les horaires excessifs. Il condamne les patrons qui versent des salaires insuffisants et affirme le droit des ouvriers à se syndiquer.
Ainsi écrit-il : « La classe riche se fait comme un rempart de ses richesses et a moins besoin de la tutelle publique. La classe indigente, au contraire, sans richesses pour la mettre à couvert des injustices, compte surtout sur la protection de l’État. L’État doit donc entourer de soin et d’une sollicitude toute particulière les travailleurs qui appartiennent à la classe pauvre en général. »
Léon XIII entrouvre aussi la porte à une lecture historico-critique des textes sacrés et rétorque à ceux qui s'y opposent : « Dieu n'a pas besoin de nos mensonges ». Il ouvre les Archives Vaticanes et encourage le développement de la philosophie néo-thomiste pour combattre le « relativisme ».
L'émotion est immense à sa mort, le 20 juillet 1903, à l'âge de 93 ans. À preuve cette épitaphe du journal anticlérical Le Matin : « Chaque fois que ses lèvres parlent, elles ont toujours laissé tomber, sur la misère de notre époque, des paroles de charité infinie, de mansuétude et de pardon ».















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Jeanclement (11-05-2025 13:45:54)
De tous les articles que j'ai pu lire ou des commentaires que j'ai pu entendre, seul celui ci évoque -à l'initiative de Léon XIII- le "ralliement" de l'église catholique à la république qui me ... Lire la suite
MONTUREUX M-C (08-10-2006 16:37:54)
Passionnant et bien documenté.
La vie des Romanov est digne d'un roman!