« Faire mieux, encore et toujours ! » Avec une telle devise, Marie Marvingt ne pouvait qu'aller plus loin et plus haut, bousculant si nécessaire les règles.
Le parcours de cette sportive, pionnière et curieuse de toutes les innovations, nous prouve qu'il y a 100 ans certaines femmes ne manquaient pas d'idées, et d'ambition...
Un esprit sain dans un corps sans limites...
Née à Aurillac le 20 février 1875, Marie est très tôt poussée par son père, receveur des Postes, à découvrir le sport, tous les sports. La voici à 6 ans capable de parcourir plusieurs kilomètres à la nage !
Après avoir déménagé avec sa famille en Lorraine, elle découvre l'art du cirque et se lance dans le trapèze, le jonglage et le funambulisme. À 15 ans, c'est en canoë qu'elle avale les 300 km séparant Coblence et Nancy. Tout en suivant avec succès des études d'infirmière, elle obtient une licence de Lettres et apprend 5 langues étrangères.
Un mélange de d'Artagnan et d'équilibriste
Mais ce sont bien les activités sportives atypiques, de préférence chipées aux hommes, qui la passionnent.
Elle devient ainsi en 1899 une des premières femmes à obtenir son permis de conduire avant d'enchaîner les exploits : parvenir au sommet de la Dent du Géant dans le Mont-Blanc (4000 mètres - 1903), nager 12 kilomètres dans la Seine (1905), faire du saut à ski (1907), suivre en solo le parcours du Tour de France (1908) qui lui est interdit en tant que femme.
Les journaux n'en reviennent pas : « Elle ferraille comme d'Artagnan, tire comme un Bas-de-Cuir, monte à cheval et voltige à rendre des points aux plus célèbres écuyères » (Annales africaines, 1922). Conduire une locomotive, faire du bobsleig ou du Jiu jitsu, chasser à la panthère, effectuer un saut périlleux sur un cheval galop... rien en effet ne semble impossible à Marie !
« La fiancée du danger »
Il est temps d'aller voir encore plus haut. En 1909, ayant en poche son brevet de pilote de mongolfière, elle se lance dans un raid de 720 km entre Nancy et l'Angleterre. Le défi est relevé en 14 heures, ponctué par 52 contacts avec la mer. Trop simple !
Elle se tourne donc vers l'aviation naissante et empoche, bien sûr, son brevet en 1910. C'est l'époque des meetings aériens dont elle connaît bien les dangers puisqu'on dit qu'elle acheta à l'avance un cercueil, au cas où...
La mort, elle va avoir l'occasion de la voir de près lors de la Première Guerre mondiale. On refuse ses services parce que femme ? Et la voilà qui emprunte un uniforme d'homme, adopte le nom de Beaulieu et se présente au 42e bataillon de chasseurs à pied. Blessée et dénoncée par une mèche de cheveux, elle est renvoyée dans ses foyers.
Qui peut arrêter Marie ?
Personne ! Et surtout pas le maréchal Foch qui, devant ses supplications, accepte de l'envoyer comme infirmière de la Croix-Rouge dans les Dolomites.
Bouleversée par le nombre de soldats qui ne survivaient pas à leur évacuation, elle dessine un modèle d'avion-sanitaire permettant de les transporter sous le fuselage. Faute d'argent, le projet n'aboutit pas, mais Marie sait rebondir. Elle se fait à la fin de la guerre journaliste et conférencière.
On la retrouve à 82 ans sur les listes d'une école de pilotage d'hélicoptère, et même parmi les volontaires pour un voyage sur la lune !
Celle que les Américains appelaient « la Française la plus extraordinaire depuis Jeanne d'Arc » meurt le 14 décembre 1963, dans la misère et dans une indifférence bien injuste. N'était-elle pas la femme qui détenait le plus de records au monde ?
Les femmes à travers l'Histoire
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