Officier de qualité, Ferdinand Foch pâtit d'être catholique au service d'une République anticléricale. Au moment le plus critique de la Grande Guerre, en mars 1918, c'est tout de même à lui que les gouvernants franco-britanniques confient le commandement suprême de leurs armées, pour l'offensive de la dernière chance. La victoire lui vaudra de figurer comme le grand vainqueur de la Grande Guerre et d'être élevé à la dignité de Maréchal de France, comme sept autres généraux...
Ancien élève des Jésuites et Polytechnicien, Ferdinand Foch se révèle très vite un brillant officier d'artillerie.
Son avancement va néanmoins être ralenti avant la guerre du fait de ce qu'il ne cache rien de sa foi catholique et qu'au surplus son frère est jésuite !
Commandant de l'École de guerre en 1907, il est quatre ans plus tard, au début de la Grande Guerre général commandant du XXe Corps d'armée de Nancy, sous les ordres du général Édouard de Castelnau.
Partisan invétéré de l'offensive à outrance, il déclare en février 1914 : « Les lauriers de la victoire flottent à la pointe des baïonnettes ennemies. C'est là qu'il faut aller les prendre, les conquérir par une lutte au corps à corps si on les veut. Se ruer, mais se ruer en nombre et en masse » (note)
Offensives à contretemps
Ses initiatives vont se révéler dramatiques dans les premières semaines de la guerre, face aux mitrailleuses et aux canons allemands.
Le 18 août 1914, un aviateur, le capitaine Armengaud, avertit le colonel Duchêne, chef d'état-major de Foch, de la présence de troupes allemandes solidement retranchées au nord de Morhange, en Lorraine. Il est rembarré par Duchêne qui, pas plus que Foch, ne croit à l'intérêt de l'aviation : « Nous sommes fixés au XXe corps sur ce que valent les renseignements des aviateurs. Vous êtes des farceurs, nous le constatons chaque jour »
Désobéissant aux consignes de prudence de Castelnau, Foch lance le 20 août ses troupes à l'attaque des hauteurs de Morhange. Les soldats et lui-même affectent de ne pas comprendre à quoi peuvent servir les poteaux gradués qui jalonnent le sol... Ce sont des repères pour guider le tir des batteries allemandes cachées derrière les collines !
Quand la canonnade commence, les troupes, surprises, doivent replier. Leur échec entraîne le reflux de toute les autres corps. La Lorraine est perdue à la grande colère de Castelnau et Joffre.
Parmi les victimes tombées au champ d'honneur figurent un fils et un gendre du général Foch, tombés l'un et l'autre le 22 août 1914, ainsi qu'un fils du général Castelnau, tombé à Morhange le 20 août...
Foch va contribuer néanmoins de manière décisive à la contre-offensive victorieuse de la Marne par sa résistance entêtée dans les marais de Saint-Gond, illustrant mieux que jamais la formule qu'on lui prête : « Ma droite recule, ma gauche est menacée, mon centre est enfoncé. Situation excellente. J'attaque ».
Il arrête ensuite sur l'Yser la « course à la mer » des forces allemandes puis dirige en 1915 l'offensive de l'Artois.
En 1916, responsable du front en Picardie, le voilà revenu à une opinion plus tempérée et même excessivement molle. Il ne croit pas aux chances de succès de la percée projetée par les Anglais avec l'offensive de la Somme. Son adjoint le général Fayolle n'y croit pas davantage. Surpris par le succès inattendue de leurs propres troupes, le 3 juillet 1916, ils rejetteront la proposition de Castelnau de concrétiser leur avantage et capturer l'armée allemande qui leur fait face !
En décembre 1916, quand il s'agira de remplacer Joseph Joffre, c'est Robert Nivelle, alors perçu comme le vainqueur de Verdun, qui est promu à la tête des armées, au Grand Quartier Général de Chantilly. Foch, quand à lui, est relégué à une fonction subalterne de conseiller, à Senlis, pour réfléchir à une éventuelle attaque de... la Suisse par l'Allemagne !
En mai 1917, après la destitution de Nivelle et son remplacement à la tête des armées françaises par Pétain, Foch succède à ce dernier comme chef d'état-major général et conseiller militaire du gouvernement.
L'heure de l'offensive enfin venue
Le 26 mars 1918, dans l'urgence de faire face à l'ultime offensive allemande, il est choisi par Clemenceau (en dépit de leur opposition en matière religieuse !) pour devenir le généralissime des troupes alliées à la conférence franco-britannique de Doullens, avec autorité sur les commandants en chef britannique (Douglas Haig) et français (Philippe Pétain).
Son atout à ce moment critique est précisément ce qui lui a porté tort en 1914 et 1915 : son obsession de l'offensive !
Il est élevé à la dignité de Maréchal de France le 7 août 1918 et, le 11 novembre 1918, participe à la signature de l'armistice dans la forêt de Rethondes.
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible