Il est indiscutable que le Royaume-Uni est le pays qui a le plus contribué au développement du sport moderne en créant, codifiant et popularisant au XIXe siècle la plupart des disciplines sportives. Le rôle prépondérant joué par les Britanniques ne doit cependant pas éclipser celui de la France, laquelle peut largement prétendre au titre de deuxième patrie du sport.
Les origines françaises du football et du tennis
De nombreux sports pratiqués dans le monde entier sont nés en France. À commencer par le plus populaire d’entre eux, le football, qui n’a pas été créé ex nihilo par les Anglais. Comme le rugby, il dérive d’un vieux jeu de plein air, auquel s’adonnaient Normands et Picards depuis le Moyen Âge : la soule.
Dans ce jeu qui admet de multiples variantes, deux équipes se disputaient une balle, avec pour objectif de la déposer dans un but. La balle pouvait être une petite boule de bois ou une vessie de porc remplie de paille. Quant au but, généralement le même pour les deux camps, il prenait des formes très diverses : un trou, un arbre, un lieu…
Chaque équipe n’avait pas forcément le même nombre de joueurs et les rencontres pouvaient opposer aussi bien les hommes de deux villages que les mariés aux célibataires ou les paysans aux marchands. Son manque de règles faisait de la soule un jeu viril mais surtout dangereux qui disparaitra à l’avènement de ses héritiers : le football et surtout le rugby.
Le tennis est quant à lui la version modernisée du jeu de paume. Celui-ci était d’abord pratiqué par les moines français du XIIe siècle. Séparés par un filet, les joueurs devaient se renvoyer avec la paume de la main une balle en cuir bourrée de son.
Le jeu de paume se jouait à l'origine dans les champs. Il pénétra dans les villes au XIIe siècle mais la croissance de celles-ci ne permit bientôt plus de le pratiquer dans les ruelles. Les joueurs se replièrent à partir du XVIe siècle dans des salles dédiées à un jeu dit « de courte paume ».
En lieu et place de gants ou de battoirs, la noblesse, fervente de ce jeu, commence au XVIe siècle à employer des raquettes. Le jeu devient extrêmement populaire sous la Renaissance dans toutes les couches sociales. Certains joueurs sont même professionnels.
Dans son livre, The View of France, le voyageur anglais Robert Dallington écrit que la France est « un pays semé de jeux de paume, plus nombreux que les églises et des joueurs plus nombreux que les buveurs de bière en Angleterre. » Preuve de cette popularité, beaucoup d'expressions aujourd'hui passées dans le langage courant en dérivent : « épater la galerie », « rester sur le carreau », « tomber à pic », « qui va à la chasse perd sa place », « prendre la balle au bond »...
C’est du jeu de paume que le tennis actuel tire son système de points : dans le jeu de paume, en effet, chaque point gagné permettait d’avancer de 15 pieds et d’acquérir ainsi un « avantage », avec une limite à 20 pieds du filet (d’où le « 40 » puisque la moitié de terrain mesurait 60 pieds). Le décompte se retrouve dans le tennis actuel même s'il n'est plus question d'avancer en fonction des points gagnés.
Les Anglais, qui avaient reçu le jeu de paume des Français au XVe siècle, l'auraient rebaptisé « tennis », déformation phonétique de l'interjection : « Tenez », adressée à l'adversaire au moment de servir. Les Internationaux de France (Roland-Garros), un des quatre tournois majeurs du tennis, témoigne du rôle des Français dans l’histoire de ce sport.
Notons également que le cricket, sport apprécié au Royaume-Uni et dans les anciennes colonies britanniques, serait lui aussi originaire de France puisque la plus ancienne mention de ce jeu se trouve dans une lettre de doléance adressée en 1478 à Louis XI à propos d’une dispute dans le village de Liettres, près de Saint-Omer.
Les Français inventeurs du cyclisme, de l’escrime, du billard…
Plusieurs sports modernes ont vu le jour en France. En 1868, le Véloce club de Paris devient le premier club cycliste au monde. La même année se tient la première course à vélo de l’Histoire dans le parc de Saint-Cloud à Paris. D’une longueur de 1200 mètres, elle tient davantage du sprint… Mais, dès l’année suivante, une première véritable course en ligne est organisée entre Paris et Rouen. Quant au Tour de France, créé en 1903, il demeure l’épreuve la plus prestigieuse de ce sport.
La France peut également se targuer d’avoir inventé le sport automobile. En 1895 est organisée la première course automobile de l’histoire : Paris-Bordeaux-Paris. Pour l’anecdote, sur les 21 concurrents ayant pris le départ, seuls 9 seront à l’arrivée ! La renommée des 24 Heures du Mans (créées en 1923) atteste de la place de la France dans le sport automobile.
L’escrime est incontestablement un sport français. Dès le XVIIe siècle, des maîtres d’armes français publient des traités dissociant l’escrime sportive du simple combat à l’épée. En 1882, la Société d'encouragement à l'escrime est créée. Onze ans plus tard, le premier tournoi d’escrime est organisé à Paris.
En 1913, lors de la naissance de la Fédération internationale d’escrime, on décide logiquement d’adopter les règles françaises pour l’épée et le fleuret. Le français devient du même coup la langue officielle de l’escrime. Aujourd’hui encore, dans les compétitions internationales, les arbitres interviennent en disant : « En garde ! », « Prêts ? », « Allez ! », « Halte ! »
S’il est une invention française méconnue en matière de sport, c’est bien le billard. Son origine remonte à 1469, lorsqu’un maître ébéniste conçoit pour Louis XI une table permettant de jouer au croquet à l’intérieur. Elle est alors composée d’une dalle de pierre recouverte de drap d’Elbeuf. Un siècle plus tard, paraît le premier traité de billard. Le jeu deviendra très populaire au XVIIe siècle avant de conquérir les salons du monde entier.
La pétanque est la plus récente innovation française en matière de sport. Inventée à La Ciotat au début XXe siècle, ce jeu de boules compte désormais des licenciés dans une centaine de pays.
Les Jeux olympiques, une idée française
La principale réalisation de la France en matière de sport est d’avoir œuvré, plus qu’aucun autre pays, à son internationalisation.
Les Jeux olympiques modernes sont une idée française. Le 25 novembre 1892, dans un amphithéâtre de la Sorbonne, un jeune aristocrate de 29 ans, le baron Pierre de Coubertin, prononce un discours devant l'Union des sociétés françaises de sports athlétiques dans lequel il propose de recréer les Jeux olympiques qui réunissaient tous les quatre ans les Grecs autour de grandes compétitions pacifiques.
Il porte son projet à bout de bras, jusqu'à la création, le 23 juin 1894, toujours à la Sorbonne, du Comité international olympique (CIO) par les délégués de neuf pays. Celui-ci se donne pour mission de recréer les jeux antiques en évitant les excès du professionnalisme qui avaient gâté ces jeux sur leur fin. Sa langue officielle est naturellement le français. Il faudra attendre 1972 pour qu’on l’y adjoigne l’anglais.
Le comité décide symboliquement d'organiser les premiers jeux à Athènes. Ceux-ci se déroulent du 6 au 15 avril 1896. Ils réunissent en tout et pour tout 241 athlètes représentant 14 nations et 43 épreuves dans 9 disciplines. La même année, Pierre de Coubertin prend la présidence du CIO et la conservera jusqu'en 1925. Il obtient que les jeux se déroulent d'une fois à l'autre dans une ville différente. Quatre ans après Athènes, les deuxièmes jeux de l’ère moderne auront lieu à Paris.
Pour les Jeux olympiques d’Anvers de 1920, Coubertin conçoit lui-même le drapeau officiel de l'olympisme avec cinq anneaux entrelacés représentant les continents.
De la Coupe du monde de football au Ballon d’or
Si le football est une invention anglaise, ce sont les Français qui vont permettre de l’internationaliser.
Le 21 mai 1904, est créée à Paris la Fédération Internationale de Football Association (FIFA), à l'instigation du journaliste et arbitre Robert Guérin qui en devient le premier président. À l’inverse de l’amateurisme aristocratique prônée par Coubertin, elle se donne pour objectif de professionnaliser le football pour permettre aux classes populaires d'y participer.
En 1920, un autre Français, Jules Rimet, devient président de la FIFA. Dans un souci d'apaisement et de réconciliation, il obtient le retour dans la fédération des pays vaincus de la Grande Guerre et reprend aussi un vieux projet, retardé par la guerre, celui d'une coupe du monde accueillant les meilleurs joueurs professionnels, en concurrence avec les Jeux olympiques qui les excluent de leurs compétitions.
Pour montrer que le football professionnel ne se limite pas à l'Europe, Rimet fait tout pour que l'Uruguay, petit pays d’Amérique latine et vainqueur des Jeux olympiques de 1928, obtienne l'organisation de la compétition. Et de fait, c'est à Montevideo que se jouera la première Coupe du monde en 1930.
Dès lors, Jules Rimet devient une célébrité en Amérique du sud où il est accueilli comme un chef d'État. En 1946, à l'occasion de ses 25 ans de présidence, on décide que la Coupe du monde porte dorénavant son nom.
Quant au championnat d’Europe, il prendra forme beaucoup plus tard, en 1960, sous l’impulsion d’un autre français, Henri Delaunay, secrétaire général de la Fédération française de football et premier président de l'Union des associations européennes de football (UEFA). Le prestigieux trophée porte encore son nom : « Coupe Henri Delaunay ».
Quelques années plus tôt, en 1955, est née la première Coupe d’Europe des clubs (actuelle Ligue des champions). L’idée a été lancée par un journaliste de L’Équipe, Gabriel Hanot. Le quotidien s’est chargé de l’organisation et a réussi à réunir 16 grands clubs européens, y compris ceux du bloc de l’Est. Seuls les Britanniques feront défection. La finale de la première édition se tient naturellement au Parc des Princes.
Un an plus tard, Gabriel Hanot sera à l’origine de la création par le magazine France Football du Ballon d’or, une récompense décernée au meilleur footballeur européen de l'année, choisi par des journalistes de toute l'Europe.
Le cyclisme
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