La police ? Une création… française ! C’est au XVIIe siècle que Louis XVI met sur pied un corps chargé d’assurer le respect des biens et des personnes. D’abord lancé à Paris, cette future institution va très vite essaimer à travers le monde, y compris aux États-Unis. La France restera longtemps un modèle à suivre grâce aux perfectionnements réguliers qu’elle apporte aux techniques policières.
Rues éclairées et pavées !
Le 15 mars 1667, par un édit signé à Saint-Germain-en-Laye, le roi Louis XIV confie au magistrat Gabriel Nicolas de La Reynie la charge inédite de lieutenant de police de Paris.
La capitale française compte alors un demi-million d'habitants dont environ 30 000 larrons et mendiants. Pour faire face à cette engeance, il n’y avait jusque là que guets et gardes hérités du Moyen Âge et sans commandement centralisé.
Le nouveau lieutenant de police va donc en premier lieu rassembler sous son autorité tous les corps de police (commissariats, prévôté de l'île, archers et exempts du guet, compagnie du lieutenant criminel) et se faire représenter dans les 17 quartiers de la ville par 48 commissaires de police.
Avec une vision extensive de sa mission, il va faire installer l'éclairage dans les rues afin d'en diminuer l'insécurité. Il va aussi faire paver les rues et engager la lutte contre les incendies et les épidémies, faisant de Paris l'une des métropoles les plus propres d'Europe...
L’élan est donné. Un siècle plus tard, à la fin de la Révolution, le regain d’insécurité et l’agitation politique conduisent le Premier Consul à rénover la police. Il installe au ministère de la Police générale un moine défroqué, Joseph Fouché.
Cet homme froid et dénué de scrupules sera l’inventeur de la police moderne. Comme le rappelle l’historien Jean Tulard, il va mener la première enquête policière de l’Histoire suite à l’attentat de la rue Saint-Nicaise qui faillit emporter Bonaparte le 24 décembre 1800.
Pour retrouver les instigateurs de ce premier attentat à la voiture piégée, aussi appelé « conspiration de la machine infernale », les enquêteurs n'eurent pas la tâche facile. Ils ne disposaient pour tout indice que de la tête du cheval qui traînait la machine infernale. Avec celle-ci, ils firent le tour des maquignons de Paris et identifièrent les acheteurs du cheval.
Une démarche semblable sera également effectuée chez les carrossiers avec les débris de la charrette. Fouché put bientôt apporter la preuve au Premier Consul que l'attentat de la rue Saint-Nicaise avait bien été ourdi par les chouans royalistes et non les jacobins comme le croyait Bonaparte.
Moins de trois décennies plus tard, c’est encore en France qu’apparaît l’amorce du roman policier. On peut en voir les prémices dans les Mémoires de Vidocq (1828) dont les récits font le tour du monde.
Le FBI : une création… française !
Elles inspireront Balzac qui publie l’année suivante Les Chouans qui par certains aspects préfigure le roman policier. On retrouvera le personnage du policier Corentin, fils naturel présumé de Fouché, dans Une ténébreuse affaire (1841) qui oscille entre roman policier et roman d’espionnage.
Vidocq inspirera également à Edgar Allan Poe le personnage d’Auguste Dupin, héros de la première nouvelle policière de l’Histoire : Double assassinat dans la rue morgue (1841). L’histoire se passe d’ailleurs à Paris.
En 1865, Émile Gaboriau publie L'Affaire Lerouge, considéré comme le premier roman policier moderne. Son héros, Lecoq, servira de modèle à Conan Doyle pour créer Sherlock Holmes.
À la fin du XIXe siècle, la police française est la première à se doter d’une technique révolutionnaire : l'anthropométrie. Mise au point par Alphonse Bertillon, chef du service de l'identité judiciaire à la préfecture de police de Paris, elle repose sur un système de classement de fiches signalétique sur la base de onze caractères fondamentaux (taille du crâne, des membres...).
Grâce à la « signalisation » systématique des criminels et délinquants, l'inventeur aboutit à quelques succès dans l'identification des récidivistes et lui vaut une immense popularité. L'opinion publique en vient même à le comparer à Pasteur.
Son classement anthropométrique est parfois encore appelé « bertillonnage » en son honneur. Il sera rapidement utilisé par les grandes polices du monde. Mais le grand Bertillon va se disqualifier honteusement en prétendant reconnaître l’écriture du capitaine Dreyfus dans le célèbre bordereau qui va conduire à son injuste incarcération.
Quelques années plus tard, le 2 août 1913, sous l'impulsion du préfet de police de Paris Célestin Hennion, est créée la direction régionale de la police judiciaire de Paris, plus communément appelée PJ. Son siège, fixé sur l'île de la Cité, au 36 quai des Orfèvres, deviendra un lieu mythique sous les caméras des cinéastes et la plumes des romanciers, tel Georges Simenon.
Autre invention française appelée à un grand avenir : le portrait-robot. À l’origine il s’agit d’un simple jeu de société breveté en 1953 par Roger Dambron et récompensé au concours Lépine. Son principe : créer des visages à partir de 2000 photos prédécoupées représentant tous les éléments du visage (yeux, cheveux, nez, front, bouche, etc).
Si le jeu s’avère un échec commercial, la police ne tarde pas à voir l’usage qu’elle peut faire du procédé pour reconstituer le visage d’un suspect à partir des témoignages. La technique du portrait-robot va accéder à la reconnaissance en 1956 en permettant d’identifier et d’arrêter l’assassin d’une touriste anglaise, Janet Marshall, dans la Somme. Le procédé s’imposera dès lors dans le monde entier.
Notons enfin que la police la plus célèbre du monde, le FBI, a des origines françaises puisqu’elle fut fondée par Charles Bonaparte, petit-neveu de Napoléon Ier et petit-fils de Jérôme Bonaparte qui se maria une première fois lors de son exil aux États-Unis.
Ministre de la Justice dans le gouvernement du président Theodore Roosevelt, Bonaparte créé en 1908 le Bureau of Investigation. L'agence a pour mission de lutter contre le crime organisé dans toute l'étendue des États-Unis, en suppléant aux insuffisances des polices des différents États.
Elle a en charge aussi la sécurité intérieure et le service de renseignements. L'appellation Bureau, inusitée en anglais (on dirait normalement Office), est due aux origines françaises du ministre et sera reprise dans son nom actuel en 1935 : Federal Bureau of Investigation.
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