Alors même que, dans la deuxième partie du XIXe siècle, l'impressionnisme venait donner un nouveau souffle au monde de l'Art, elles ne furent pas nombreuses, ces artistes-peintres, à s'illustrer dans un milieu résolument masculin. Si le nom de Berthe Morisot a réussi à s'imposer, on connaît moins celui de Mary Cassatt, cette Américaine qui fut pourtant à son époque une figure de proue pour le nouveau mouvement.
Miss Mary
C'est un lien fort qui unit à la France la famille américaine de la petite Mary, née le 22 mai 1844. Son père est en effet un riche banquier d'origine huguenote et sa mère une francophile au bel accent tourangeau.
Alors que leur fille n'a que 7 ans, ils décident de lui faire découvrir l'Europe et ses richesses artistiques, ce qui l'incite, à son retour à Philadelphie, à suivre les cours de l'Académie des Beaux-Arts. Elle prend alors sa décision : elle sera artiste professionnelle. À nous deux, Paris !
En 1865, Mary part s'installer près de Pigalle pour commencer son apprentissage auprès du peintre Jean-Léon Gérôme. 3 ans plus tard, son obstination et son talent sont enfin récompensés lorsque sa Joueuse de mandoline est acceptée à la grand-messe des arts, le Salon, mais son style encore très classique ne lui permet pas de vivre de son œuvre.
L'artiste égarée
C'est un refus qui va changer sa carrière : en 1877, recevant une réponse négative du Salon pour deux œuvres, elle accepte « avec joie » la proposition d'Edgar Degas de prendre part à des expositions impressionnistes.
Scènes du quotidien, couleurs brillantes, touches fragmentées... Comme on peut le voir dans Petite fille dans un fauteuil bleu (1878), Mary choisit l'audace. Son style change, au grand dam des critiques américains qui suivent sa carrière, comme ce journaliste du New York Times : « J'ai de la peine pour Mary Cassatt […] Mais pourquoi s'est-elle à ce point égarée ? » (1879).
Cela ne touche pas l'Américaine qui mène désormais sa vie et sa carrière à la française, participant en 1879 à la 4e exposition des impressionnistes.
Femme moderne...
C'est finalement avec la gravure à la pointe sèche qu'elle va véritablement connaître le succès. S'inspirant des estampes japonaises alors à la mode, elle expérimente les lignes fluides, les prises de vue audacieuses et les couleurs vives pour créer des scènes d'intérieur à la simplicité touchante.
Le public plébiscite tout particulièrement ses portraits de mère à l'enfant dont elle devient la spécialiste, toute célibataire qu'elle soit. Mary se veut en effet indépendante, libre de préférer à une vie de famille bourgeoise l'existence d'une artiste accueillant ses amis dans son château de Beaufresne (Oise), acquis en 1894.
Peintre de la féminité, elle n'hésite pas à organiser une exposition pour soutenir financièrement le mouvement des suffragettes.
… et femme d'influence
Mais surtout c'est elle qui, en persuadant son riche frère Alexander de commencer une collection d'art, permet aux toutes premières œuvres impressionnistes de rejoindre le sol américain. Profitant de son carnet d'adresses, elle convainc elle-même marchands parisiens et bonne société américaine de se procurer rapidement des Degas et autres Monet.
À la fin de sa vie, des problèmes de vue l'éloignent des chevalets mais elle continue à promouvoir les impressionnistes jusqu'à sa mort, à 82 ans, le 14 juin 1926. Cette francophile convaincue, que Georges Clemenceau avait qualifiée de « gloire de la France », repose près de son château de Beaufresne, au Mesnil-Théribus.
Une oeuvre, une époque
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vieille rabat-joie (12-05-2024 22:50:32)
BONJOUR ! Ce que j'ose retenir / un copié-collé , i.e. en 1881, ...."elle rencontre le marchand Paul Durand-Ruel qui achètera près de 400 de ses œuvres mais aussi, sur ses conseils, nombre de ... Lire la suite