En 1993, Steven Spielberg sort un film poignant de plus de trois heures sur une histoire vraie qui se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale, La Liste de Schindler. Il raconte le sauvetage d'un millier de Juifs de la déportation vers les camps de la mort par un industriel allemand.
L’écrivain australien Thomas Keneally en avait fait le sujet d'un roman en 1982 mais c’est grâce à son adaptation à l’écran que cette histoire devint mondialement connue.
Oskar Schindler (1908-1974) était un industriel allemand propriétaire d’une usine de maillage en Pologne et d’une fabrique de munitions en Bohême-Moravie.
Il collabora avec le régime nazi dans les services de renseignements (parce qu’il avait besoin d’argent dira-t-il) et adhéra au Parti national-socialiste le 1er novembre 1938.
Dirigeant de la Deutsche Emailwarenfabrik, usine spécialisée dans la fabrication de batteries de cuisine en émail, située au sud de Cracovie, il fit fortune notamment grâce à la main d’œuvre importante dont il disposait. Celle-ci lui était fournie par son ami, Amon Göth, qui dirigeait le camp de concentration de Plaszow, à proximité de l’usine.
Mais lorsque les nazis voulurent déporter tous les Juifs vers les camps de la mort, Oskar Schindler s’y opposa. Comment ? En mettant en avant un argument qui intéressait fortement les officiers SS, l’argument financier ! Car cela coûtait moins cher d’embaucher des Juifs.
Charismatique, il parvint à mener à bien ses actions de sauvetage grâce aux nombreuses relations dont il disposait au sein du parti nazi. En 1940, il employait moins d’une centaine de Juifs et quatre ans plus tard, plus d’un millier.
Schindler fut arrêté à plusieurs reprises pour avoir embrassé une de ses ouvrières juives ou encore pour avoir offert des pots-de-vin à Göth pour sauver sa bonne, juive elle aussi. Mais à chaque fois, il fut relaxé.
À la fin de la guerre, il émigra en Argentine où il devint fermier puis commerçant de meubles. Il revint en Allemagne en 1958 et resta en contact jusqu’à la fin de sa vie avec les personnes qu’il avait sauvées.
Grâce à son action, il aurait évité la mort à plus de 1 100 Juifs. Il fut honoré le 18 juillet 1967 du titre de « Juste parmi les nations », par le mémorial de Yad Vashem.
Aujourd’hui encore vivent à Cracovie des descendants des rescapés de l’usine Schindler. C’est le cas d’Adam Liban, converti au catholicisme et devenu responsable de la synagogue Remou, seule synagogue encore en activité situé au cœur du quartier juif de la ville. Son père Jan, mort en 2007, fut le dernier survivant de la liste de Schindler.
Jan Liban, qui s’était marié avec une catholique après la guerre, fut figurant dans le film. D'après son fils, le film de Spielberg respecte la vérité factuelle à 80/90%. Notons ici toutefois que Spielberg a situé le ghetto dans le quartier juif de Kazimierz alors qu’il se situait de l’autre côté de la Vistule, à Podgórze. La raison est d'ordre pratique : il n’y avait presque pas besoin de décors car le quartier était en ruines.
Le film recueillit un immense succès auprès du public et rapporta 321 millions de dollars de recettes à travers le monde. En France, il attira en salles plus de 2,6 millions de spectateurs.
Mais les polémiques face à au sujet traité divisèrent la critique. L’une des plus virulentes vint Claude Lanzmann, le réalisateur de Shoah, un témoignage de dix heures sur le génocide perpétré par les nazis, sorti le 30 avril 1985.
Il écrit dans le journal Le Monde le 3 mars 1994 : « Comment (Steven Spielberg) peut-il dire ce qu’a été l’Holocauste en racontant l’histoire d’un Allemand qui a sauvé 1.300 juifs, puisque la majorité écrasante des juifs n’a pa été sauvée ? L’Holocauste est d’abord unique en ceci qu’il édifie autour de lui, en un cercle de flammes, la limite à ne pas franchir parce qu’un certain absolu d’horreur est intransmissible : prétendre le faire, c’est se rendre coupable de la transgression la plus grave. La fiction est une transgression, je pense profondément qu’il y a un interdit de la représentation. »
Si interdit de la représentation il y a, comment faire connaître à tous ces événements, si tragiques qu’ils soient, mais dont le devoir de mémoire est primordial pour ne pas oublier toutes les victimes de la Shoah et connaître l’horreur absolu dont l’humain est capable afin de ne pas reproduire les erreurs du passé ?
Les juifs en Europe
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Aucune réaction disponible