De 1433 à 1997

L'éclipse chinoise

À partir du milieu du XVe siècle, la Chine connaît une longue période de déclin en dépit d'une certaine vitalité territoriale, jusqu'au prodigieux renouveau économique de la première décennie du XXIe siècle.

Nous présentons ici les grandes lignes de cette Histoire tissée de drames et d'espoirs trahis, de la fin des Ming à la mise au musée du maoïsme, en passant par la longue et contrastée dynastie mandchoue.

L'animation multimédia ci-dessous illustre l'évolution du territoire chinois, ainsi que les guerres civiles et les invasions étrangères des deux derniers siècles.

Vincent Boqueho
 

Les Ming face aux barbares mandchous

Au milieu du XVe siècle, les Mongols redeviennent une menace au Nord : cela pousse les Ming à reconstruire la Grande Muraille mais ne les empêche pas de subir de graves défaites. En 1514, les Portugais atteignent la Chine, mais celle-ci, méfiante, interdit le commerce avec les Européens. À cette époque, la marine chinoise s'est complètement délabrée et les Portugais peuvent fonder une colonie à Macao en 1550.

À partir de la fin du XVIe siècle, la dynastie Ming s'affaiblit : des révoltes éclatent au début du XVIIe siècle. À cette époque, les Djurtchet s'unissent à nouveau en Mandchourie et commencent à remporter des succès contre la Chine à partie de 1618. En 1636, ils obtiennent le ralliement des tribus mongoles et fondent la dynastie manchoue des Qing.

Pendant ce temps, les révoltes s'étendent en Chine jusqu'à provoquer l'effondrement de la dynastie Ming en 1643. Les Manchous en profitent pour conquérir peu à peu le pays : ils en deviennent finalement maîtres en 1681. Même s'ils gardent leur identité, il adoptent la tradition confucéenne et se font accepter des Chinois.

Grandeur mandchoue

En 1683, les Mandchous conquièrent Formose (Taiwan). Au nord, ils doivent faire face à l'avancée des Russes : la frontière entre les deux pays est établie en 1689. Les Manchous sont aussi très dynamiques à l'ouest : ils affirment leur emprise sur le Tibet à partir de 1720, et sur le Xinjiang à partir de 1768. La Chine reste en revanche fermée au commerce avec les Occidentaux.

À cette époque, la population augmente fortement grâce à une meilleure productivité agricole, mais cela la rend plus vulnérable aux catastrophes naturelles. Des révoltes violentes éclatent à la fin du XVIIIe siècle.

Traités inégaux et guerres intestines

Le siècle suivant voit la poursuite de l'affaiblissement des Qing. L'importation d'opium cultivé en Inde par les Britanniques s'avère un fléau social et monétaire : en 1839, les autorités détruisent des cargaisons d'opium, ce qui provoque la riposte immédiate des Britanniques. La guerre navale s'achève en 1842 par le traité de Nankin : la Chine est contrainte à s'ouvrir davantage tandis que Hongkong est cédée aux Britanniques.

Peu après, les révoltes reprennent dans le pays. Celle menée par la secte des Taiping est la plus violente : ils parviennent à prendre Nankin en 1853 et à maintenir leur autorité sur un vaste territoire.

Face à l'incapacité des forces impériales mandchoues et mongoles, les Chinois se regroupent pour lutter contre la rébellion, qui se transforme en guerre civile. Bien d'autres révoltes se déclenchent à cette époque, tandis que des incidents éclatent face aux Occidentaux, ouvrant la seconde guerre de l'opium en 1856. La Russie en profite pour s'emparer de vastes territoires au nord-est.

En 1860, par la convention de Pékin, les Occidentaux ont obtenu gain de cause en s'attribuant une libre circulation dans le pays, et ils aident la Chine à faire face aux révoltes : elles sont matées une à une et le pays retrouve la paix en 1874, mais il en ressort encore plus affaibli.

Faillite des réformes

À l'inverse du Japon, les conservateurs l'emportent sur les réformateurs, et le retard technologique de la Chine s'accélère. En 1894, le Japon déclare la guerre à la Chine et remporte une victoire écrasante : il s'empare de Taiwan et la Chine doit payer de lourdes indemnités, ce qui l'appauvrit encore plus. Peu après, les Occidentaux obtiennent des territoires sur le sol chinois et se taillent des zones d'influence.

En 1900, la révolte des Boxeurs éclate avec le soutien de la cour impériale et s'attaque aux étrangers : un corps international riposte et la dette extérieure de la Chine devient considérable. En 1901, la Russie fait de la Mandchourie un protectorat. En 1904, le Japon attaque victorieusement la Russie : la Mandchourie se retrouve partagée en une zone d'influence russe au nord et japonaise au sud.

En 1911, les provinces se révoltent contre l'autorité impériale : la révolution conduit à l'instauration d'une république dont Nankin devient la capitale et Sun Yat-sen le président. Cependant, le gouvernement de Pékin reste en place et Yuan Shikaï y obtient les pleins pouvoirs. Sun Yat-sen accepte de se retirer à son profit en échange de son renoncement à la dynastie : l'empire chinois s'éteint en 1912. La Mongolie a profité des troubles pour obtenir son indépendance.

Yuan Shikai soutenu par les Occidentaux forme un régime de plus en plus autoritaire et projette de devenir empereur, mais il meurt en 1916. Les Japonais renforcent considérablement leur influence en Chine à l'occasion de la Première Guerre Mondiale. Le pays se retrouve profondément divisé, tandis que Sun Yat-sen tente de perpétuer la république depuis Canton. L'influence du communisme venu d'URSS se renforce considérablement à cette époque.

Sun Yat-sen meurt en 1925. Le nationaliste et anti-communiste Tchang Kai-chek s'affirme pour lui succéder et mène une série de campagnes victorieuses vers le nord pour restaurer l'unité de la Chine. Il exerce alors une véritable dictature depuis Nankin, en s'inspirant du fascisme. Fuyant la répression, les communistes menés par Mao Zedong entament leur Longue Marche et finissent par s'installer dans la boucle du Huang He en Chine du nord.

Pendant ce temps, le Japon s'empare de la Mandchourie, qui devient le Mandchoukouo en 1932. Les Japonais s'emparent ensuite de Pékin en 1937, puis de Nankin où ils se livrent à un grand massacre.

Tchang Kai-chek doit se replier à Chongqing.

Excès communistes

À la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945, les Japonais doivent se retirer de Chine, qui se voit l'objet de rivalités entres les nationalistes de Tchang Kai-chek soutenus par les Américains, et les communistes de Mao Zedong. Ce sont ces derniers qui finissent par l'emporter, avec le soutien des Soviétiques, en progressant depuis leur bastion en Mandchourie.

Mao proclame la République Populaire de Chine en 1949, dont Pékin devient la capitale. Tchang kai-chek se replie à Taïwan : l'île forme le bastion de la Chine nationaliste, qui est la seule alors reconnue par l'ONU. En 1951, le Xinjiang et le Tibet sont reconquis.

La priorité est d'abord donnée à l'industrie lourde, et la production agricole stagne : en 1957, Mao lance son Grand Bond en avant, qui se solde par un désastre avec 20 à 30 millions de morts à cause de la famine. Pendant ce temps, les liens avec l'URSS se tendent, jusqu'à la rupture en 1960. Pour réaffirmer son autorité, Mao lance la Révolution culturelle en 1966, qui s'attaque aux intellectuels : elle se transforme en guerre civile qui ne prendra fin qu'en 1969.

Les relations avec l'URSS continuent à s'envenimer, tandis qu'un rapprochement avec les États-Unis s'initie : en 1971, la Chine communiste obtient le siège permanent à l'ONU occupé jusqu'à présent par Taïwan.

Le temps du renouveau

Mao meurt en 1976. À partir de 1978, c'est le vice-président Deng Xiaoping qui exerce la réalité du pouvoir. L'appareil politique est laissé en place, mais de profondes réformes économiques plus libérales sont mises en œuvre. Le retour à l'initiative individuelle implique un désir de liberté, mais le Parti entend garder le contrôle : en 1989, il réprime dans le sang la manifestation sur la place Tian'anmen.

La décennie 1990 voit une croissance économique spectaculaire de la Chine. Hong Kong, puis Macao, sont rattachés au pays en 1997 et 1999. Deng Xiaoping meurt en 1997, mais ses successeurs maintiennent le même cap. La Chine est devenue aujourd'hui la deuxième puissance économique mondiale et reste la première puissance démographique.

Publié ou mis à jour le : 2019-07-02 08:50:09
MAGETTE (12-01-2022 18:20:22)

Excellent article lequel présente la réalité des faits, sans à priori contre la Russie. Cela montre la duplicité des raisonnements occidentaux qui ne tiennent pas compte des données notamment de... Lire la suite

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