16 octobre 1934-19 octobre 1935

La Longue Marche du président Mao

Le 19 octobre 1935 s'achève la Longue Marche des communistes chinois, sous la conduite de leur chef Mao Zedong. Cette péripétie proprement héroïque de quelques dizaines de milliers d'hommes demeure le plus haut fait d'armes du Parti communiste chinois dans sa conquête du pouvoir.

Ayant fui leur bastion du Jianxi, au sud-est, un noyau de militants communistes se réfugient au Shaanxi, au nord-ouest, après une épopée de douze mille kilomètres à travers la Chine. Dans cette province montagneuse isolée du nord-ouest, ils vont enfin se mettre à l'abri des attaques du gouvernement chinois dirigé par le parti du Guomindang et son chef Chiang Kaï-shek.

C'est au cours de la Longue Marche que Mao Zedong s'est imposé comme le leader des communistes chinois avant de les mener à la victoire finale...

André Larané

La victoire de Mao sur ses rivaux

Fils d'un riche paysan, Mao est né le 28 décembre 1893 au Hounan, au coeur de la Chine. Il a participé au mouvement étudiant du 4 mai 1919 puis à la fondation du Parti communiste en 1921.

Au risque de mécontenter les alliés soviétiques, il cultive l'idée que les révolutionnaires chinois doivent s'appuyer en priorité sur la paysannerie des campagnes, si méprisée soit-elle, plutôt que sur la classe ouvrière des villes, qui est à l'époque quasiment inexistante. Cette idée est longtemps combattue par les autres leaders du Parti, notamment le très influent Zhou Enlai, l'un des chefs de la malheureuse insurrection ouvrière de Shanghai de 1927.

Mais les troupes du Guomindang, le grand parti républicain de Sun Yat-sen, désormais dirigé par Chiang Kaï-shek, lancent une offensive sur les bastions communistes des régions côtières. Voilà Mao et ses fidèles obligés de fuir vers l'intérieur du pays. Ils ne sont pas les seuls. Au total, 130 000 hommes répartis en trois colonnes armées tentent de fuir vers l'ouest ou le nord-ouest.

Carte extraite de L'Atlas Histoire 2010, Le Monde diplomatique.La principale colonne, le 1er front, auquel participent Mao et les principaux hiérarques du Parti communiste chinois, compte près de 90 000 hommes au départ du Jiangxi, en octobre 1934. S'étant dirigés vers l'ouest, ils arrivent à Zunyi Guizhou) le 15 janvier 1935.

Mais les chefs s'interrogent sur la marche à suivre. Fuir mais où et dans quel but ? Mao Zedong témoigne alors d'une clarté de vue qui lui vaut le ralliement de Zhou Enlai. Au terme de rudes débats, il impose l'idée de se diriger vers le nord et, pourquoi pas ? d'en profiter pour combattre les Japonais et rallier les patriotes chinois à leur cause. 

La colonne poursuit donc sa route, toujours traquée par les troupes nationalistes et parfois mitraillée par leur aviation. La marche elle-même est épuisante, par les déserts et les montagnes enneigées. Les hommes doivent marcher environ quarante kilomètres par jour, avec une vingtaine de kilos sur le dos, ravitaillement et fusil compris. Autant dire que les effectifs fondent très vite, du fait des batailles, de la faim, des maladies... et plus que tout des désertions. 

Après Zunyi, le 1er front tourne un moment en rond car Mao, qui voit son autorité s'affermir sur le groupe, ne veut pas rejoindre trop tôt l'autre colonne qui vient à leur rencontre, celle du général Zhang Guotao.

Un chef communiste harangue la foule des survivants de La Longue Marche, dans le nord de la chine en 1935, Hutton archive.En février 1935, avec l'appui de Zhou Enlai, Mao se fait élire président du Comité central du PCC (Parti communiste chinois). Quand les deux colonnes se rejoignent enfin, leurs chefs ne tardent pas à diverger sur la stratégie.

Zhang Guotao entraîne ses hommes vers le plein Ouest avec l'espoir de rejoindre la république bolchévique du Sinkiang. Presque tous ses hommes se feront massacrer avant le but par les cavaliers Hui, des musulmans ralliés aux nationalistes. Lui-même finira par rejoindre le Guomindang !

Désormais chef incontesté de son groupe, Mao, quant à lui, est plus que jamais décidé à aller vers le nord. Incidemment, dans un village, il découvre en effet sur une coupure de presse qu'un soviet communiste s'est constitué au Shaanxi, une province misérable d'environ 200 000 km2 et 25 millions d'habitants.

Il y arrive le 19 octobre 1935, après un parcours de douze mille kilomètres en 368 jours, dont seulement cent jours de repos. Il n'est plus accompagné que de vingt à trente mille hommes, un cinquième des effectifs initiaux.

Le mythe fondateur du communisme chinois

Aujourd'hui encore, la Longue Marche fait l'admiration de la plupart des Chinois. Elle est vue non sans raison comme un spectaculaire exploit collectif, une anabase des temps modernes. Entre autres moments épiques, le franchissement sous la mitraille du célèbre pont suspendu de Luding s'inscrit dans le roman national !

Les guerres civiles

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De la fondation de la République en 1911 à la proclamation de la République populaire en 1949, la Chine connaît des décennies parmi les plus dramatiques de son Histoire : guerres civiles entre chefs républicains et impériaux, guerre civile entre communistes et nationalistes du Guomindang, invasion japonaise...

Publié ou mis à jour le : 2023-10-19 09:21:15

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