Dante Alighieri, reconnu comme le plus grand écrivain et poète du Moyen Âge, a donné à la langue italienne ses lettres de noblesse.
Né à Florence, une république marchande en rupture avec les traditions médiévales, il amorce avec son ami le peintre Giotto (1266-1335) la révolution intellectuelle et culturelle qui va mener à la Renaissance.
Méconnu des Français, le « triste Florentin » (selon le mot de Joachim du Bellay) fut aussi un homme d'action, un combattant et un politique au service de sa patrie. Il demeure outre-monts l'indépassable symbole de l'identité italienne...
Un patriote Florentin
Au mitan du XIIIe siècle, Florence est déjà une cité assez prospère pour frapper la première monnaie d'or depuis l'Antiquité, le florin. Ses bourgeois sont plus soucieux de commerce et d'industrie que de théologie. Comme dans les autres cités italiennes, ils sont divisés entre guelfes et gibelins, partisans du pape contre partisans de l'empereur germanique. Les guelfes l'ont finalement emporté en 1260 mais sans pour autant s'inféoder au pape. C'est dans ce contexte que naît le poète.
Son père, de petite noblesse, est agent de change. L'enfance du poète est marquée par la disparition de sa mère, « la madre bella », alors qu'il n'a pas 10 ans, puis par celle de son père en 1281. A-t-il encore le temps de rêver à la petite Béatrice Portinari dont il est tombé amoureux à 9 ans ? Toujours est-il que cet amour platonique sera plus tard au coeur de son inspiration poétique.
En attendant, comme il faut bien vivre, c'est avec Gemma Donati qu'il s'unit en 1285. Le couple aura plusieurs enfants.
Noir ou blanc ?
À 24 ans, il prend part à deux expéditions militaires contre les cités rivales d'Arezzo et de Pise. Mais en juin 1290, il apprend la mort de Béatrice, qui s'est entretemps mariée, et cherche du réconfort dans la philosophie avant que la politique le rattrape.
Il accède en 1300 à la Seigneurie, la magistrature suprême de la ville. Le parti guelfe qui dirige la ville est alors déchiré deux factions : d'un côté les Blancs issus de la bourgeoisie et proches du peuple, de l'autre les Noirs, proches de la noblesse. Pour tenter d'apaiser les tensions, Dante, qui lui-même se range du côté des Blancs, choisit d'exiler les chefs des deux factions.
En 1301, il se rend à Rome pour convaincre le pape Boniface VIII de ne pas s'immiscer dans les affaires de la ville. Mais sa mission échoue. Les Noirs en profitent pour prendre le pouvoir et se livrent à des représailles contre les Blancs. Dante choisit l'exil. Il ne reviendra jamais dans sa ville natale.
L'exil
Commence une longue errance de ville en ville qui durera vingt ans. Le banni parcourt Vénétie et Toscane, une plume à la main, et rédige l'essentiel de la Commedia (1312-1316), cette oeuvre monumentale que ses admirateurs, notamment le poète Boccace, rebaptiseront pour l'éternité la « Divine Comédie ».
Devenu célèbre, il peut fièrement refuser en 1315 la proposition que lui font les nouveaux dirigeants florentins de revenir dans sa patrie d'origine. C'est donc en exil, à Ravenne, qu'il meurt le 14 septembre 1321, à 56 ans, et c'est là qu'il repose depuis lors.
L'inventeur d'une langue
L'œuvre de Dante s'inscrit dans le courant du Dolce Stil Nuovo (« doux style nouveau »), cette poésie courtoise florentine caractéristique du XIIIe siècle et héritière des troubadours (dico). Mais il va plus loin en refusant de limiter son œuvre à l'expression de l'amour et en choisissant, pour ses 14 000 vers, non le latin mais une langue nouvelle qu'il baptise le « vulgaire illustre ».
Convaincu qu'il lui faut être compris par tous, il rédige en « langue naturelle », celle, dit-il, avec laquelle ses parents ont échangé leurs premiers mots. Son italien est donc essentiellement du toscan.
Un voyage fabuleux
« Notre œuvre peut être appelée Comédie, car, si nous considérons le contenu, le début, l'Enfer, est horrible et fétide, mais le dénouement, le Paradis, est agréable et heureux ». Ces quelques mots résument le projet de Dante : il s'agit de raconter son propre voyage, imaginaire bien sûr, au royaume des morts. Guidé par le poète Virgile, il suit un « cheminement fatal » au milieu des pièges et des monstres peuplant les 9 cercles de l'Enfer avant d'atteindre le centre de la Terre, le nombril de Lucifer.
Puis c'est le détour par le Purgatoire où il voit Béatrice en rêve avant d'être aspiré vers le haut, vers le Paradis.
« Scribe de la matière divine », Dante donne naissance à ce qu'il définit comme un « poème sacré » qui marquera fortement toute la culture européenne.
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