Jusqu'au 5 mai 2024, Gengis Khan, ses ancêtres et ses descendants ont investi le château des ducs de Bretagne, au coeur de Nantes. C'est leur première incursion dans l'hexagone et celle-ci est des plus réussies. Elle permet de découvrir un peuple et une civilisation qui ont véritablement changé le monde, ainsi qu'il est dit dans l'intitulé de l'exposition.
Le musée d'Histoire de Nantes est à l'origine de cette initiative qui vise à mettre en lumière les fabuleuses découvertes archéologiques de ces dernières décennies sur les civilisations de la steppe, avec notamment des tombeaux princiers dont certains remontent à plus de deux mille ans, notamment en Mongolie intérieure (une province chinoise).
Après plusieurs années de préparation en concertation avec la Chine, les Nantais ont subi les contrecoups de la montée des tensions politiques entre Pékin et Washington ! En 2021, ils se sont heurtés à des exigences incompatibles avec la liberté académique, le gouvernement chinois exigeant un droit de regard sur les commentaires de l'exposition.
À la suite de cela, les négociations ont été rompus et le musée de Nantes s'est retourné vers la république de Mongolie. Ce petit pays (3 millions d'habitants sur 1,5 million de km2, soit près de trois fois la France) défend farouchement son indépendance et sa démocratie, bien que coincé entre deux géants, la Chine populaire et la Russie.
Le gouvernement d'Oulan-Bator a saisi l'opportunité de cette exposition pour mettre en valeur l'ancienneté et la grandeur de son Histoire plus que bimillénaire (Modun, fondateur du premier empire des steppes, est un contemporain du Premier Empereur chinois, au IIIe siècle av. J.-C.).
Les visiteurs peuvent s'en féliciter avec la découverte de cette civilisation nomade sous ses multiples aspects, avec ses richesses artistiques, son inventivité technique et intellectuelle et sa chaleur humaine, bien au-delà des clichés qui réduisent les Mongols à Gengis Khan (1160-1227) et font de lui une « brute épaisse ».
L'exposition est l'occasion de découvrir la force de caractère et les qualités d'homme d'État du conquérant, lequel se range parmi la petite dizaine de fondateurs d'empire qui ont infléchi chacun à leur manière le cours de l'Histoire universelle. Gengis Khan, ses fils et ses petits-fils ont ainsi pour la première fois mis en relation l'Extrême-Orient et l'Extrême-Occident (l'Europe). Ils sont à l'origine de la première mondialisation et ils ont rendu possible Marco Polo et même Christophe Colomb (le navigateur génois et ses contemporains n'auraient sans doute pas conçu l'idée d'atteindre la Chine par la mer si les Mongols n'avaient pas déjà ouvert la voie terrestre).
En parallèle, l'exposition photographique consacrée à la Mongolie et au monde de la steppe, présente les images somptueuses et émouvantes de Tuul et Bruno Morandi. Elle est née en Mongolie et lui en Toscane.
Tous les deux nous racontent par l'image la survivance de la civilisation nomade dans l'ancien empire mongol, de la Sibérie à Samarkande. Ils nous font entrevoir l'humanité profonde de cette civilisation confrontée à un environnement d'une rudesse sans égale.
Publié ou mis à jour le : 2024-04-30 08:45:52
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Voir les 5 commentaires sur cet article
patrick (03-05-2024 22:31:10)
Très intéressant, mais quel dommage d'en être informé si tard.
plb69 (02-05-2024 06:23:30)
Cette apologie gengiskanide est effectivement très intéressante. Mais elle oublie que Gengis Khan a été à l'origine de l'extermination d'un quart de la population mondiale. Si la "civilsation" mo... Lire la suite
Danie Mirat (02-05-2024 05:40:45)
Il y a très longtemps, j’ai découvert les mongols grâce à un roman d’Homeric « Le Loup mongol », intéressée, j’ai ensuite lu« l’Empire des steppes » de René Grousset et « lâ... Lire la suite