L’archéologie sous-marine est une discipline récente, liée à l’invention du scaphandre autonome. Les chasseurs d’épaves et les collectionneurs ne l’ont pas attendu pour récupérer ce qui pouvait l’être dans les mers et sur les littoraux.
Autrefois, en cas de naufrage en eaux basses ou sur des hauts-fonds, il était toujours possible pour un capitaine ou un armateur de reprendre ce qui pouvait l’être en envoyant des plongeurs fouiller méthodiquement en apnée le navire éventré.
Ce fut le cas lors du naufrage du galion Nuestro Señora de las Maravillas qui s’échoua sur un récif des Bahamas en 1656, alors qu’il rentrait des colonies du Nouveau Monde : le navire transportait un trésor si considérable (lingots d’or et d’argent, pierres précieuses, monnaies…) que les Espagnols organisèrent plusieurs expéditions afin de récupérer au moins un quart de la fantastique cargaison, le reste ayant été disloqué par des tempêtes successives…
Il en fut de même pour les premières explorations de cités englouties dans des eaux peu profondes, en Italie ou en Égypte.
Certains sites sont connus de longue date comme celui de Baïes, dans le golfe de Naples. Dans cette station thermale luxueuse et raffinée, bordée par la Méditerranée, s’étendaient les pavillons de l’aristocratie romaine : Pompée, Cicéron, les empereurs Auguste et Hadrien venaient s’y détendre dans leurs demeures ou palais, tout en dégustant les fameuses huîtres de la baie de Naples.
Mais le lent affaissement du sol provoqué par les phénomènes volcaniques de la région, a finalement raison du «Saint-Tropez» antique, dont plusieurs quartiers furent peu à peu recouverts sous quelques mètres d’eau.
Cette ville engloutie est devenue à l’époque moderne un parc archéologique de 80 000 m2, véritable cité des merveilles pour les pilleurs occasionnels qui ont pris l’habitude de venir se servir, comme à Pompéi tout proche.
Les plus belles pièces étaient revendues à des aristocrates fortunés, trop heureux de compléter ainsi leur cabinet de curiosité – un moindre mal puisque ces œuvres ont ainsi été préservées d’une détérioration quasi-certaine à une époque où l’archéologie restait une discipline encore brouillonne.
Il a fallu attendre les années 1980 pour qu’une importante campagne de fouille sous-marine sauve ce qui pouvait encore l’être, comme un nymphée de l’époque de l’empereur Claude.
Même constat avec l’ancienne Alexandrie d’Égypte, la cité engloutie dont on mesure désormais l’extraordinaire potentiel qui gît sous les flots. Ce n’est qu’à la fin du XXe siècle que les autorités ont entrepris des recherches sur un site jusqu’ici prisonnier de sa gangue de boue et de vase, là où se déversent depuis des années les eaux usées de la ville…
En 1961, un plongeur égyptien découvre une impressionnante statue d’Isis près de la digue du port. Les premières fouilles sérieuses révèlent des amoncellements de colonnes, de sphinx, de fragments de statues, des dallages antiques à un endroit où il était prévu de couler du béton pour renforcer le port !
Des équipes françaises interviennent dans les années 1990 et dévoilent peu à peu la richesse des vestiges sous-marins : des plans se dessinent, une ville renaît avec les quartiers royaux, le palais de Cléopâtre, le grand port antique et la base du fameux phare d’Alexandrie, à l’époque l’une des sept merveilles du monde.
Ce que tous les égyptologues savaient depuis longtemps se confirme par ces fouilles méthodiques : il s’agit bel et bien d’une partie de l’ancienne cité, recouverte peu à peu par les tremblements de terre, les tsunamis et les glissements de terrain, au moment même où la puissance romaine s’affaiblissait en Méditerranée.
Pour clôturer près vingt ans de fouilles, la ville d'Alexandrie envisage d'ouvrir un fantastique musée archéologique sous-marin. Ce serait l’un des pionniers du genre puisqu’il permettra d’appréhender la baie maritime de l’intérieur : situé directement sur le rivage, il proposera aux visiteurs de s’offrir un voyage dans le temps sous la mer, dans une sorte de musée amphibie où seront exposés les œuvres découvertes dans la zone.
L’ancienne Alexandrie des Ptolémée, endormie depuis des siècles, pourrait ainsi renaître sous nos yeux. Le projet a été lancé en 2005 mais l'inauguration est repoussée aux calendes grecques.
Protection du patrimoine
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