Kazakhstan

Au contact de la Russie, de la Chine et du monde turc

Le Kazakhstan est parfois surnommé « pays des cosaques » (les mots cosaque et kazakh ont la même origine turque). C'est un géant de l’Asie centrale cependant bien mal connu. Façonné par son histoire avec la Russie voisine, il est aujourd’hui plus que jamais au cœur des manœuvres géopolitiques dans cette Asie centrale, creuset de nombreux empires...

L'Asie centrale actuelle et le Grand Jeu au XIXe siècle

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L'Asie centrale, aujourd'hui très largement islamisée et turcophone, longtemps appelée Turkestan, est en 2021 partagée en cinq États plus ou moins inféodés à Moscou :
Kazakhstan (2,7 millions de km2 et 19 millions d'habitants), capitale : Noursoultan (ex-Astana),
• Ouzbékistan (450 000 km2, 31 millions d'habitants), capitale : Tachkent,
• Turkménistan (490 000 km2, 5,5 millions d'habitants), capitale : Achgabat,
• Kirghizistan (200 000 km2, 6 millions d'habitants), capitale : Bichkek,
• Tadjikistan (143 000 km2, 9 millions d'habitants), capitale : Douchanbé,.

Troupeau devant des installations industielles (photo. G. Grégor)

Des tribus aux khanats

Situé au cœur de l'Asie centrale turcophone, le Kazakhstan se distingue d'abord par sa superficie, 2,7 millions de km2. Bordé à l'ouest par la mer Caspienne, le pays d'à peine 19 millions d'habitants (2021) s'étend à l'est jusqu'en Chine, du côté de la région du Xinjiang. Il est aussi frontalier avec la Russie au nord et les anciennes républiques de l'URSS au sud (Ouzbékistan, Turkménistan, Kirghizistan).

Voie de passage, la région accueille par la suite les nomades scythes, les Huns puis, quelques siècles plus tard, des hordes venues de Turquie. Au XIIe siècle, ce sont les Mongols qui s'installent dans le pays et permettent le développement de villes dans le sud.

Jeune fille kazakh, photographie de I. Poliakov et S. Doudine, 1899.Au XIXe siècle, après la parenthèse des guerres napoléoniennes, la Russie se lance dans une politique d'expansion de son empire. Voici les Kazakhs, malgré eux, au cœur du Grand Jeu qui se met en place dans la région.

Il s'agit pour les Russes de contrer l'influence grandissante des puissances occidentales, notamment de l'empire britannique présent en Inde. Mais la Russie va être la plus rapide en annexant au cœur de l'Asie, en moins de 10 ans, un territoire grand comme la moitié des États-Unis.

Finalement, en 1891, le Kazakhstan est officiellement intégré à la Russie.

À marche forcée jusqu'à l'indépendance

Habitants d'Asie centrale avec le portrait de Joseph Staline, archives de la période soviétique, 54e Biennale de Venise.Tout au long du début du XIXe siècle, les colons slaves se font de plus en plus nombreux, provoquant la disparition d'une partie des pâturages, transformés en terres agricoles, et le recul de la population kazakhe qui ne représente plus aujourd'hui que 60 % des habitants.

En 1916, des troubles permettent aux bolchéviques d'assurer leur mainmise sur le territoire qu'ils transforment en République soviétique, soi-disant autonome.

Moscou commence par imposer une industrialisation frénétique, incitant le gouvernement à déplacer des milliers de Russes pour répondre aux besoins.

En agriculture, pour mener à bien la collectivisation, les populations nomades sont obligées de se sédentariser. Famine et maladies s'installent dès 1933, faisant plus d'un million et demi de victimes.

La culture du coton est encouragée, entraînant l'assèchement de la mer d'Aral. Dans le même temps, le pays est choisi pour abriter les essais nucléaires à Semipalatinsk et pour construire un cosmodrome, connu sous le nom de Baïkonour.

Le « Tigre de l'Asie centrale » ?

Affiche de propagande de Noursoultan Nazarbaïev (photo. G. Grégor). Agrandissement : Palais présidentiel construit en 2004 à proximité de Noursoultan.Après la chute de l'Union soviétique, le Kazakhstan se tourne vers le capitalisme, profitant de ses nombreuses ressources naturelles. Ces richesses profitent essentiellement à des oligarques proches du pouvoir politique fort qui est mis en place par Noursoultan Nazarbaïev. En 1996, ce « père de la nation » transfère la capitale d'Almaty à Astana (rebaptisée Noursoultan). Sa démission surprise en 2019 au profit de Kassym-Jomart Tokaïev n'a pas été l'occasion de plus de liberté, au contraire.

Sur la scène internationale, le pays a cherché à développer ses liens avec la Chine, en pleine construction de ses « Nouvelles routes de la soie », mais aussi avec la Turquie, pays frère puisque turcophone et musulman. Dans le même temps, États-Unis et Europe n’ont cessé d’y investir, conscients du trésor qui dort encore dans ses sous-sols.

vue de Noursoultan, nouvelle capitale du Kazakhstan

Un « Janvier sanglant »

Portrait d'un homme kazakh (photo. G. Grégor).Pour le Kazakhstan, le partenaire privilégié reste la Russie à cause non seulement de liens historiques forts mais aussi d'intérêts communs : Vladimir Poutine ne peut se permettre de perdre la main sur le cosmodrome de Baïkonour ou le site d’essais de missiles de Sary Chagan.

C'est pourquoi, lorsque des manifestations ont secoué l'ancienne capitale Almaty en janvier 2022 pour dénoncer l'augmentation du prix du gaz, c'est vers Mocou que s'est immédiatement tourné Tokaïev pour sauvegarder son pouvoir.

Ces manifestations qui ont fait plus de 200 morts ont mis un coup de projecteur sur un pays qui, par sa position, ses richesses et ses liens avec les grandes puissances, ne doit pas être oublié.


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L'URSS communiste
Publié ou mis à jour le : 2022-02-10 14:37:31

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