8 mai 1360

Préliminaires de paix à Brétigny

Le 8 mai 1360, Français et Anglais s'entendent à Brétigny sur des préliminaires de paix. Ils mettent fin à plus de deux décennies de combats et ouvrent une longue trêve dans la guerre dite « de Cent Ans ».

André Larané
Effondrement de la monarchie française

Miniature de la bataille de Poitiers par le Maître de la Chronique d'Angleterre, tirée du Recueil des Chroniques d'Angleterre, tome 2, BNF, Fr.87, f.199r.La bataille de Poitiers a conduit à la défaite et à la capture du roi de France, Jean II le Bon. En prison à Londres, celui-ci a promis le 14 mars 1359 au roi d'Angleterre Édouard III une rançon de 4 millions d'écus d'or ainsi que la cession de toutes les possessions des Plantagenêt, soit près de la moitié des domaines capétiens !

À Paris, son fils et héritier, le dauphin Charles, ne l'entend pas de cette oreille. Fort de sa victoire sur les bourgeois parisiens guidés par Étienne Marcel, il convoque les états généraux afin que ceux-ci dénoncent les accords de Londres.

Édouard III y voit une forfaiture. Trop sûr de lui, il débarque illico à Calais avec une énorme escorte et 6000 chariots. Il se propose d'entrer à Reims pour s'y faire sacrer roi de France. Mais il est repoussé tant par les Parisiens que par les Rémois.

À Poitiers, le 19 septembre 1356, le roi Jean le Bon (en bleu au centre) est capturé par les Anglais (à gauche)Contraintes à de longs sièges, les troupes anglaises s'usent et épuisent leur ravitaillement. Là-dessus, le roi apprend que des Normands ont réussi un sanglant coup de main en Angleterre même, sur les ports des environs de Rye, notamment Winchelsea.

Se voyant en mauvaise position et craignant que sa chevauchée ne s'achève sur un désastre, il consent à revenir sur les accords de Londres et décide de rentrer chez lui au plus tôt. Après un pèlerinage à Chartres, il embarque à Harfleur sans prendre la peine de raccompagner son escorte jusqu'à Calais,d'où elle va à son tour rembarquer pour l'Angleterre.

Les plénipotentiaires ennemis se retrouvent dans le village de Brétigny, un hameau aujourd'hui situé sur la commune de Sours, près de Chartres (une stèle a été dressée par la société archéologique d'Eure-et-Loir à proximité des lieux présumés de la négociation).

Les tractations se déroulent pendant sept jours en présence du duc de Lancastre, Henry Grosmont, et de l'évêque de Beauvais. Elles aboutissent le 8 mai 1360 à la signature des préliminaires. La rançon est ramenée à 3 millions d'écus d'or, ce qui reste un montant énorme.

Les Français promettent par ailleurs aux Anglais de leur céder en pleine souveraineté, sans hommage féodal, une région côtière qui inclut Calais, le Ponthieu (la région de la Somme), le comté de Guînes et l'Aquitaine. Cette dernière, élargie de l'Auvergne aux Pyrénées, comprend rien moins que le Poitou, la Saintonge, le Limousin, le Quercy, le Rouergue, la Gascogne et la Guyenne ! Édouard III se propose de la donner en apanage au Prince Noir, son fils et héritier.

En échange, l'Anglais convient de ne plus revendiquer le trône de France et renonce à afficher les lys capétiens sur ses armoiries. Jean le Bon quitte quant à lui sa prison (mais pour quelques mois seulement : il se livrera à nouveau aux Anglais pour gommer le déshonneur de la fuite de son jeune fils, qui était également emprisonné !).

Prise de la ville de Cahors par les Anglais. Tableau de Jacques-Edmond Leman.
Habile redressement

Ces conditions de paix sont ratifiées par un traité signé à Calais le 24 octobre 1360. Elles sont calamiteuses pour la monarchie des Valois. Elles ramènent le domaine capétien à ce qu'il était au début du règne de Philippe Auguste, 150 ans auparavant. À vrai dire, elles ne seront jamais appliquées grâce à l'habileté et à l'énergie du Dauphin, le fils de Jean II le Bon, futur Charles V le Sage.

Sur une idée de Charles, le traité prévoit en effet que la souveraineté du roi d'Angleterre sur ses nouvelles possessions ne sera effective qu'après la remise de celles-ci par les Français. La renonciation d'Édouard III à la couronne française interviendra au même moment. De cette façon, le Dauphin se donne la possibilité de retarder indéfiniment l'application du texte !

Jusqu'à sa mort, en 1380, il n'aura de cesse de lutter contre les Anglais pour défaire le traité de Brétigny. Il luttera également contre son beau-frère, le roi de Navarre Charles II le Mauvais, et contre ses frères qui ont bénéficié de vastes apanages de la part de leur père et désirent s'émanciper de la couronne tout en abaissant celle-ci.

Publié ou mis à jour le : 2021-05-19 18:20:00

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