Le 25 juin 1218, tandis qu'il fait le siège de Toulouse avec son armée de croisés, Simon de Montfort est mortellement blessé d'une pierre lancée du haut des murailles. Sa mort est ressentie comme une victoire par les méridionaux. Mais elle sera de courte durée et ne va pas empêcher la complète soumission du Midi toulousain au roi de France dix ans plus tard.
Guerrier efficace et brutal mais d'une piété à toute épreuve, Simon IV de Montfort avait été choisi par ses pairs pour commander la croisade contre les Albigeois, « Albigeois » étant le nom communément donné aux hérétiques cathares. La croisade avait été ordonnée en 1208 par le pape Innocent III.
Le 12 septembre 1213, contre toute attente, Simon de Montfort vainc à Muret le comte de Toulouse et son allié le roi Pierre II d'Aragon. Pierre II est tué au cours de la bataille cependant que Raimon VI doit s'enfuir en Angleterre.
Sous la pression des évêques du Midi et des croisés venus du Nord, le pape déchoit le comte de Toulouse et beaucoup de seigneurs locaux de leurs terres et titres. C'est plus que n'en peuvent supporter les gens du Midi et notamment les seigneurs dépossédés de leurs terres.
Pour eux, qui s'étaient tenus jusque-là à l'écart de la croisade, l'heure n'est plus au combat contre les hérétiques mais à la défense du Midi, de ses coutumes et de ses droits.
Raimon VI et son fils, le futur Raimon VII, quittent leur exil anglais et reviennent en triomphe à Avignon. Avec les vassaux qui leur sont restés fidèles, dont le comte de Comminges, ils marchent sur Toulouse et entrent subrepticement dans la ville le 13 septembre 1217 à la faveur d'un épais brouillard.
Aussitôt, la population se rue sur la garnison française et commet un massacre. Les rescapés se réfugient au château Narbonnais, résidence traditionnelle des comtes de la ville, auprès de l'épouse de Simon de Montfort.
Ce dernier, absent pour cause de combat dans la vallée du Rhône, revient sans attendre et entame un long siège entrecoupé de combats.
Comme il fait ses dévotions, on l'avertit d'une sortie des Toulousains. Recevant une dernière fois la communion, il enfile son heaume et monte au combat. C'est alors qu'il est blessé à mort : une « bricole », machine de jet utilisée en contrebatterie sur les remparts de la ville et actionnée par un groupe de femmes, lance dans sa dircection une pierre d'une demi-douzaine de kilos à une vitesse telle que sa protection de tête explose en même temps que son crâne !
Privés de leur chef, les croisés lèvent le siège de la ville. Raimon VI et son fils Raimon VII arrivent à reconquérir peu à peu l'essentiel de leurs terres.
Le roi Philippe II Auguste s'était jusque-là tenu à l'écart de la croisade. C'est qu'il avait fort à faire sur la frontière nord du royaume avec ses ennemis de Flandre, d'Angleterre et d'Allemagne.
Après la mort de Montfort, il envoie son fils Louis au secours des croisés. Le prince ne fait pas de quartier. La ville de Marmande lui ayant résisté, il fait massacrer les 5 000 habitants ! Louis le Lion n'en échoue pas moins à prendre Toulouse et doit se replier.
Mais Raimon VI meurt et Philippe Auguste le suit peu après dans la tombe. Le nouveau comte de Toulouse, Raimon VII, est excommunié et Louis le Lion, devenu Louis VIII, entreprend une deuxième expédition contre lui.
Ayant proprement ravagé le pays, il meurt sur le retour, emporté par une dysenterie aiguë à Montpensier, en Auvergne, le 8 novembre 1226. Sa veuve Blanche de Castille négociera au nom du nouveau roi, Louis IX (saint Louis) un traité de paix avec les Toulousains.
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