Le 18 mai 1917, au plus fort de la Grande Guerre, le théâtre du Châtelet, à Paris, crée le ballet Parade. Il va révolutionner les arts, pas seulement la chorégraphie mais aussi la peinture, la musique, la poésie et la littérature. Il va engendrer aussi le surréalisme.
Cette création singulière, qui raconte les tourments d'une troupe de comédiens, a été suggérée à Diaghilev, fondateur des Ballets russes, par le dandy Jean Cocteau qui va en écrire le scénario. Le rideau de scène et les costumes vont porter la signature déjà prestigieuse de Picasso ! La musique est l'oeuvre d'Erik Satie.
L'argument est simplissime : devant l'entrée d'une baraque foraine, des saltimbanques et artistes de cirque font la parade pour inciter le public à entrer, avec les encouragements de leurs managers. La légèreté du propos, le son d'une machine à écrire, une sirène, les costumes en style cubiste... Tout choque en cette période troublée.
Le poète Guillaume Apollinaire consacre un article à Parade. Il voit dans les décors et les costumes conçus par Picasso comme dans la chorégraphie de Messine une « sorte de surréalisme ». C'est la première fois qu'apparaît le mot.
Le mot reviendra quelques semaines plus tard, le 24 juin 1917, à l'occasion de la première représentation des Mamelles de Tirésias, une pièce écrite par le même Apollinaire et sous-titrée « drame surréaliste en deux actes et un prologue ». Le poète, de nationalité russe, s'était engagé dans la Légion étrangère dès le 5 décembre 1914. Il avait été gravement blessé à la tête par un éclat de shrapnel dans une tranchée, le 17 mars 1916, alors qu'il lisait le Mercure de France ! Réformé, il avait eu le loisir de reprendre ses travaux d'écriture et c'est ainsi qu'il avait inventé le surréalisme...
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