Le 18 janvier 532, à Constantinople, capitale de l'empire romain d'Orient, une rumeur enfle à propos de l'empereur Justinien et de son favori Tribonien, auxquels on reproche autoritarisme et concussion.
Né en 482 ou 483, Justinien a hérité le trône de son oncle Justin Ier cinq ans plus tôt, le 1er août 527, à 45 ans. Quant à Tribonien, questeur du sacré palais, il a supervisé avec brio la compilation du droit romain mais il n'a lui-même rien de droit et sa vénalité hérisse l'opinion publique. Sa mauvaise réputation rejaillit sur l'empereur.
Sur les hauteurs de la ville, au-dessus de la Corne d'Or, dans l'Hippodrome que surmonte un obélisque, des courses de chars se disputent dans une ambiance survoltée.
Oubliant leur rivalité, les partisans de l'équipe des Verts, qui appartiennent aux franges populaires de la ville, font alliance avec les partisans de l'équipe des Bleus, d'origine patricienne.
Ils décident d'en finir avec l'empereur.
Ensemble, aux cris de Nika ! (« Sois vainqueur ! »), les insurgés brûlent la basilique de la Sainte Sagesse (Haghia Sophia). Ils se dirigent vers le palais impérial dont ils brûlent aussi le vestibule. Ils proclament un nouvel empereur.
Justinien se dispose à fuir lorsque son épouse Théodora prend les choses en main...
L'historien Procope rapporte ces paroles de l'impératrice au moment de la sédition Nika : « Quand il ne resterait de salut que dans la fuite, je ne voudrais point m'enfuir. Il n'est pas concevable que ceux qui ont porté la couronne puissent survivre à sa perte. Même si je tiens à la vie, la pourpre peut offrir un beau linceul ! ». L'empereur alors se ressaisit...
La garde impériale, sous le commandement du général Bélisaire, qui revient d'une campagne contre les Perses, noie la révolte dans le sang. Plus de 30 000 personnes sont massacrées dans l'Hippodrome.
Rassuré sur son pouvoir, Justinien se lancera dès lors à la reconquête de l'Occident romain, envahissant le royaume ostrogoth du défunt Théodoric le Grand. Il se consacrera aussi à la reconstruction de la basilique Sainte-Sophie, plus belle et plus grande que jamais.
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
André Herrou (05-03-2008 12:33:07)
Et toujours de Procope, ce "Procopius de Césarée", cet interdit de séjour, aux écrits censurés du vivant de Justinien et de sa belle épouse, laisserait donc entendre dans ces écrits découvert... Lire la suite