1775-1783

La guerre d'Indépendance

Tout vient d'une affaire de gros sous. L’Angleterre, lourdement endettée à l'issue de la guerre de Sept Ans (1756-1763), décide de taxer les habitants de ses Treize colonies d'Amérique qui ont été les principaux bénéficiaires de la victoire. Quoi de plus normal, après tout ?

Mais lesdits habitants ne l’entendent pas de cette oreille. « No taxation without representation » (pas d’impôt sans représentants au Parlement), proclament-ils, ce qui ne manque pas non plus de logique… Il va s'ensuivre une guerre civile et l'indépendance des États-Unis d'Amérique.

Le 19 avril 1775, un détachement anglais tombe dans une embuscade à Lexington, au Massachusetts, en allant détruire un dépôt d'armes clandestin. 200 soldats trouvent la mort dans l'échauffourée.

Ce fait d'armes marque le début de la guerre d'Indépendance qui va conduire à la naissance des États-Unis d'Amérique. Celle-ci est le fait d'une minorité de colons qui se dénomment « Patriots » (Patriotes) ou « Insurgents » (Insurgés).

L'armée des insurgés est placée le 15 juin 1775 sous le commandement en chef de George Washington. Forte de 20 000 hommes, elle assiège Boston. Les soldats anglais devront évacuer la ville le 17 mars 1776.

Profession de foi républicaine

Il ne manque plus à ces combattants que de donner forme à leur révolte. C'est chose faite avec la publication, le 10 janvier 1776, d'un pamphlet intitulé Common Sense. L'auteur, Thomas Paine, un ami de Benjamin Franklin, appelle ses concitoyens des Treize Colonies anglaises d'Amérique du nord à s'unir dans une grande nation libérée des servitudes et de la monarchie au nom du bon sens (common sense en anglais).

« Un seul honnête homme est plus précieux à la société et au regard de Dieu que tous les bandits couronnés qui ont jamais existé », écrit-il en guise de profession de foi républicaine. L'ouvrage se vend à 100 000 exemplaires et rallie beaucoup d'hésitants à la cause patriote. Son succès fabuleux annonce celui de la Déclaration d'indépendance publiée par le Congrès continental de Philadelphie le 4 juillet suivant.

Cette déclaration est unilatérale, l'indépendance des Treize colonies n'étant en aucune façon admise par la métropole. Il faut dire que les deux tiers des 2,5 millions de colons restent fidèles au roi George III ou au moins indifférents aux revendications des insurgés.

La guerre ne fait que commencer entre l'armée des Insurgents et les armées loyalistes et anglaises, renforcées par de nombreux mercenaires allemands.

Retentissement européen

L'insurrection et la déclaration d'indépendance ont un très grand retentissement dans la noblesse libérale d'Europe.

Contre l'avis du jeune roi Louis XVI, le marquis de La Fayette (19 ans) arme une frégate à ses frais et rejoint les Insurgents. D'autres officiers se joignent au mouvement comme le commandant Pierre L'Enfant, qui jettera les plans de la future capitale, le général Louis Duportail, mais aussi le Prussien von Steuben, le Polonais Kosciusko ou l'Allemand de Kalb. Leur expérience militaire sera précieuse aux insurgés.

Beaumarchais, homme de théâtre et aventurier exalté, organise des envois d'armes clandestins à destination des insurgés, via une société-écran (Roderigue Hortalze et cie, à l'hôtel Amelot de Bizeuil), avec l'approbation du ministre des Affaires étrangères, Vergennes, désireux de favoriser tout ce qui pourrait affaiblir l'ennemie héréditaire de la France, l'Angleterre.

Les premiers combats ne sont pas favorables aux insurgés. George Washington est battu à Long Island le 27 août 1776. La ville de New York repasse aux mains des Anglais en octobre suivant. En désespoir de cause, les indépendantistes envoient le populaire Benjamin Franklin à Paris afin de négocier d'urgence l'appui de la France.

Le soutien apporté par les nobles libéraux européens permet aux insurgés de retourner la situation en leur faveur. Ils remportent un premier succès d'estime à Saratoga le 17 octobre 1777. Ce succès décide Louis XVI et son ministre des Affaires étrangères Vergennes à conclure le 6 février 1778 un double traité de commerce et d'alliance avec Franklin, Deane et Lee, représentants du Congrès des futurs États-Unis.

La Belle Poule

L'engagement maritime de la France débute le 17 juin 1778 avec la rencontre, au large de Brest, de la frégate La Belle Poule et de l'Aréthuse, un puissant navire anglais. Les Français l'emportent au terme de 22 heures de combat et l'Aréthuse, mal en point, s'enfuit.
Cette victoire navale, la première depuis très longtemps, a un immense retentissement à la Cour de Versailles. Elle suscite chez les extravagantes femmes de la haute aristocratie la mode de la coiffure à la Belle Poule : rien moins qu'une frégate en réduction posée sur la tête !

La contribution des troupes et de la flotte françaises permet aux insurgés de remporter enfin une victoire décisive à Yorktown le 19 octobre 1781.

L'Angleterre conserve de solides positions au nord du pays et au Canada. Mais, à Londres, les partisans de la négociation prennent le pas sur les jusqu'auboutistes. Le roi se résigne à des négociations de paix. Celles-ci s'ouvrent officiellement à Versailles mais les plénipotentiaires américains, parmi lesquels le rusé Benjamin Franklin, mènent des négociations parallèles à Londres, en cachette de leurs alliés français. L'indépendance des États-Unis est officiellement reconnue à Versailles le 3 septembre 1783.

La bannière étoilée

La nouvelle fédération s'est donnée un drapeau le 24 juin 1777. La « bannière étoilée » (surnommée en anglais « Stars and Stripes », Étoiles et bandes) compte 13 étoiles sur fond bleu, autant que de colonies, et autant de bandes horizontales rouge et blanc.
Depuis l'accession des îles Hawaï au rang de 50e État, en 1959, le drapeau compte cinquante étoiles (mais toujours treize bandes, qui rappellent les États fondateurs).

Naissance d'une nation

Les Treize Colonies, devenues autant d'États indépendants tout juste unis par un mince lien confédéral, vont devoir apprendre à vivre ensemble.

Ils s'aperçoivent que les Articles de la Confédération qui régissent leurs relations offrent un cadre institutionnel beaucoup trop lâche et ne peuvent être amendés que par un vote unanime. C'est ainsi que la Confédération se révèle impuissante à garantir la libre circulation des marchandises à l'intérieur du pays ou encore à défendre les intérêts commerciaux américains à l'étranger.

Pour y remédier, les États conviennent de réunir leurs délégués à Philadelphie le 25 mai 1787. Ceux-ci adoptent la forme d'un Congrès d'États européens (en anglais « Convention ») plutôt que celle d'un Parlement afin de mieux souligner l'autonomie de leurs États respectifs. Ils n'en publient pas moins le 17 septembre 1787 une Constitution encore en vigueur aujourd'hui.

Le premier président de la République entre en fonction le 30 avril 1789. Il s'agit de George Washington, héros de la guerre d'Indépendance. Un peu plus tard, le 15 décembre 1791, la Constitution est complétée par une Déclaration des Droits (The Bill of Rights) de dix articles. Tout est désormais en place pour l'avènement d'une grande nation à nulle autre pareille.

Fabienne Manière
Publié ou mis à jour le : 2022-11-23 18:07:11

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