15 septembre 1635

La Martinique devient française

Le 15 septembre 1635, Pierre Belain d'Esnambuc débarque à la Martinique. Au nom du roi Louis XIII, il prend possession de cette petite île volcanique des petites Antilles au climat tropical, jusque-là délaissée par les Européens.

Demeurée française presque sans interruption jusqu'à nos jours, l'île va se peupler de colons européens et d'esclaves africains qui vont, par des mélanges multiples, constituer une communauté originale au sein de la nation française...

Alban Dignat

La fondation de la colonie de la Martinique par les Français en 1635, Théodore Gudin, XIXe siècle, château de Versailles.

L'« 'île aux fleurs »

La Martinique a été abordée par Christophe Colomb le 15 juin 1502, lors de son quatrième voyage. Son nom viendrait selon une version poétique de la déformation phonétique de son nom indien : Matinino, que l'on traduit approximativement par « l'île aux fleurs ».
Une version plus vraisemblable serait que Christophe Colomb avait déjà donné à une autre île le nom du saint du jour, Saint Martin (fêté le 11 novembre). Il aurait en conséquence appelé cette nouvelle découverte « petite Saint Martin », soit, en espagnol Martin nino, nom qui figure sur des cartes espagnoles ou hollandaises du XVIIe siècle, puis fut francisé en Martinique.

Active colonisation

D'Esnambuc amène avec lui une centaine d'habitants de l'île voisine de Saint-Christophe dont il est le gouverneur (cette île deviendra plus tard anglaise). Il construit sans attendre le fort Saint-Pierre, à l'origine de la ville du même nom. Ce faisant, d'Esnambuc se conforme à la volonté du cardinal Richelieu d'occuper et de coloniser les îles des Antilles. L'un de ses lieutenants, la même année, occupe l'île voisine de la Guadeloupe.

Les deux îles font l'objet d'une mise en exploitation par la Compagnie des îles d'Amérique. Il s'agit d'une « compagnie à charte » ou compagnie privée qui a reçu du roi, en février 1635, différents privilèges fiscaux à charge de coloniser les îles en question (et de christianiser ses habitants).

L'objectif du roi et de son principal ministre, le cardinal Richelieu, est avant tout d'approvisionner la métropole en sucre, une denrée de luxe traditionnellement achetée dans les pays musulmans et qui occasionne d'importantes sorties de métaux précieux. Selon la doctrine mercantiliste de l'époque, ces sorties de numéraire sont le principal facteur d'appauvrissement de l'État.

La Compagnie organise la venue d'esclaves noirs du Sénégal, de Guinée et d'Angola, en vue de cultiver la canne à sucre. Les plantations, aussi appelées « habitations », généralement d'une centaine d'hectares, sont confiées à des officiers et aristocrates avides d'aventures.

Une histoire mouvementée

En 1636, les Indiens Caraïbes, premiers habitants de l'île, se soulèvent une dernière fois et obtiennent le droit de se replier dans la partie orientale de l'île, la Cabesterre. Les derniers Caraïbes finiront par se fondre avec les esclaves et les colons.

En 1664, le roi Louis XIV remplace la Compagnie des îles d'Amérique, dont la gestion est chaotique et suscite de nombreux conflits avec les planteurs, par une nouvelle compagnie : la Compagnie des Indes orientales. Pour tenter de codifier les rapports entre maîtres et esclaves, le marquis de Seignelay, fils du grand Colbert, édicte en 1685 un texte qui sera plus tard connu sous le nom de Code Noir.

Les disputes entre colons, les révoltes d'esclaves et les guerres avec les autres puissances coloniales, Hollande et Angleterre, font longtemps le quotidien de l'île. À plusieurs reprises, au XVIIIe siècle, les Anglais s'en emparent.

Le 23 juin 1763, aux Trois-Ilets, l'île voit naître Rose Marie-Josèphe Tascher de la Pagerie, plus connue sous le nom de Joséphine de Beauharnais, épouse de Napoléon et impératrice des Français. À cette époque-là, la Martinique compte déjà près de 100 000 habitants dont environ 80% d'esclaves noirs ou métis, 8% de libres de couleur et 12% de blancs (elle en a 400 000 en 2018, sur 1100 km2).

Quand éclate la Révolution et que la France entre en guerre contre l'Angleterre, celle-ci met très vite la main sur l'île : en janvier 1794, une escadre sous les ordres de l'amiral Jervis débarque six mille hommes près de Fort-de-France. Quand les planteurs prennent connaissance de l'abolition de l'esclavage par la Convention, le 4 février 1794, ils se détournent de la République et prennent le parti de l'envahisseur. Faute de soutien, les neuf cents hommes de  la garnison française, commandée par le général Donatien de Rochambeau (fils d'un général qui participa à la guerre d'indépendance des États-Unis) sont rapidement contraints de capituler...

L'île reviendra à la France en 1802 à la suite de la paix d'Amiens. L'amiral Villaret-Joyeuse envoyé par le Premier Consul pour en prendre la direction en qualité de capitaine général se gardera d'appliquer le décret de Pluviose et les esclaves de Martinique devront attendre l'abolition définitive de 1848 pour être enfin affranchis.

Le 8 mai 1902, l'île est victime de l'éruption dramatique de la Montagne Pelée. La ville de Saint-Pierre et ses 28 000 habitants sont anéantis. Depuis le 19 mars 1946, la Martinique est un département d'outre-mer de la République française.

Les Antilles

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Les Antilles constituent un long chapelet d'îles entre la péninsule de Floride (Amérique du Nord)) et le Venezuela (Amérique du Sud). Entre cet arc des Antilles et l'isthme d'Amérique centrale s'étend la mer des Caraïbes.
Au XVIIe siècle, les Français appelèrent ces îles « Ant-isles » car elles se situent en avant du continent américain ! De ce mot composé dérive l'actuel nom des Antilles. Les Anglais les dénomment quant à eux « Caraïbes » (Carribean) d'après le nom de leurs plus anciens occupants.

Publié ou mis à jour le : 2024-08-20 08:50:47
Gregory Marie-helene (07-02-2008 03:15:06)

Il n'est pas exact que Christophe Colomb ait abordé la Martinique en 1493. C'est au cours de son 4eme voyage, en 1502, qu'il approche de ses côtes et bien que l'on dise qu'il ait accosté sur le sit... Lire la suite

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