Le 15 novembre 1988, devant le Conseil National Palestinien réuni à Alger, Yasser Arafat, chef charismatique de l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine), annonce la création d'un État palestinien. C'est paradoxalement en filigrane une reconnaissance du droit d'Israël à l'existence. Mais c'est aussi l'émergence d'une opposition radicale chez les Palestiniens qui débouchera sur la création du Hamas islamiste.
Un espoir vite déçu
La fondation de l'OLP le 28 mai 1964 à Jérusalem-Est avait marqué la naissance du nationalisme palestinien : le combat contre l'État d'Israël était précédemment conduit au nom du panarabisme ; il l'est désormais au nom du peuple palestinien !
En 1968, l'OLP est rejointe par le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), fondé l'année précédente par Georges Habache. En 1969, elle est prise en main par Yasser Arafat, dirigeant de l'une de ses composantes, el-Fatah.
Suite à ses actions terroristes contre les Israéliens (détournements d'avions, attentat des JO de Munich, etc.) et aux menaces qu'elle fait peser sur les États arabes voisins d'Israël, l'OLP est chassée du Liban en 1982 et contrainte de s'installer à Tunis. Depuis lors, elle n'avait plus eu de contact direct ni avec l’« ennemi sioniste », ni avec les Palestiniens des territoires occupés. Pour ne pas se faire oublier, l'organisation tenta de promouvoir sa cause par des actions terroristes à travers le monde. Mais les résultats furent mitigés…
En décembre 1987, le déclenchement de la première « Intifada » (soulèvement en arabe) dans les territoires occupés fit craindre à Yasser Arafat d'être marginalisé. Il reprit donc la main en annonçant la création de l'État palestinien.
Pour l'historien franco-israélien Alain Michel, cette création, si virtuelle qu'elle fut, marqua un tournant dans le conflit israélo-palestinien car, en filigrane, elle signifiait la reconnaissance du droit à l’existence de l’État d’Israël et de son droit à des frontières sûres et reconnues, selon les termes de la résolution 242 de l'ONU de 1967, consécutive à la guerre des Six Jours. Elle allait ouvrir la voie aux accords d'Oslo, cinq ans plus tard, le 13 septembre 1993, par lesquels l'OLP reconnaissait le droit d'Israël à l'existence.
Entretemps, à Gaza, suite à la première Intifada, des Frères musulmans (musulmans salafistes radicaux) créent le Hamas, mouvement de résistance islamiste. Se démarquant d'Arafat, ils appellent à la destruction de l'État d'Israël.
Un quart de siècle plus tard, il ne reste plus rien des espoirs d'Oslo. Yasser Arafat est décédé en 2004 et l'autre signataire d'Oslo, Yitzhak Rabin, a été assassiné en 1995. Plus gravement, le grignotage de la Cisjordanie par les colonies juives exclut la création de deux États séparés et fait craindre un État juif piqueté de bantoustans (dico) palestiniens... et voué à la guerre perpétuelle.
Dans le même temps, aux élections qui se tiennent en 2006 dans la bande de Gaza, les deux millions d'habitants donnent 44% de leurs suffrages au Hamas qui prend dès lors le pouvoir sur le territoire et rompt tout contact avec l'Autorité palestinienne installée en Cisjordanie.
Le pogrom géant du 7 octobre 2023 commis par le Hamas marque la rupture définitive entre les deux frères ennemis du mouvement palestinien : l'Autorité palestinienne, établie à Hébron (Judée-Samarie) et partisane de deux États, et le Hamas des Frères musulmans, à Gaza, partisan de la destruction d'Israël (et des juifs).
Vos réactions à cet article
Recommander cet article
Vincent (19-11-2023 03:05:22)
Le point de vue majoritaire des Arabes est -depuis 1947 et à l'encontre du vote de l'ONU- de "refouler les juifs à la mer", comme cela a été fait pour les croisés. Le point de vue majoritaire d... Lire la suite