Le dictionnaire de l'Histoire

inflation, déflation

Ces deux termes d'économie remontent aux années 1920.

L'inflation :

Elle désigne un déséquilibre dans lequel les prix augmentent en-dehors de tout contrôle, entraînant à leur suite les salaires. L'inflation est due à une création intempestive de monnaie par la Banque centrale, autrement dit à la possibilité pour les particuliers et les entreprises d'emprunter à des taux très bas et sans aucune limite. Ainsi que l'a montré l'économiste Richard Cantillon, mort en 1734, l'inflation ne se résume pas à une augmentation générale des prix. L'augmentation commence au point d'entrée de la monnaie et se diffuse plus ou moins à l'ensemble des circuits d'échanges, de sorte que certains produits peuvent ne pas enchérir...

En situation extrême (l'inflation allemande de 1923), quand les industriels et les commerçants n'arrivent plus à gérer leur activité faute de connaître les prix du lendemain, les circuits économiques finissent par se gripper. L'issue est dans la création d'un nouvel outil monétaire.

Mais une inflation modérée n'en reste pas moins souhaitable, dès lors que les salaires augmentent plus vite que les prix, la différence étant peu ou prou égale au taux de croissance de la richesse nationale (PIB, produit intérieur brut). Ce fut le cas dans les années 1960 quand le taux d'inflation tournait autour de 3% par an et même au début des années 1980 quand il lui arriva de dépasser les 10% par an.

Une inflation modérée encourage les entrepreneurs à investir et embaucher ; elle encourage aussi les particuliers à s'endetter pour acquérir un logement ou un bien durable (automobile), car les uns et les autres sont assurés de voir leurs remboursements d'emprunts diminuer en valeur relative d'année en année. Les seuls perdants sont les détenteurs de rentes à taux d'intérêt fixe, celles-ci n'étant pas indexées sur le « coût de la vie ». L'inflation incite les rentiers à non plus thésauriser dans des obligations à taux fixe mais investir dans la production et les entreprises.

L'historien Jacques Marseille a mis en lumière les aspects positifs d'une inflation modérée. Mais celle-ci ne se décrète pas. Elle est le reflet d'une société dynamique dans laquelle les citoyens aspirent à travailler, produire et consommer pour améliorer leur sort mais aussi pourvoir aux besoins de leur famille et à l'avenir de leurs enfants. Si, a contrario, les familles se font plus rares et plus étriquées, l'aspiration des citoyens à travailler, produire et consommer va se réduire et conduire à une société déflationniste ainsi qu'on l'observe dans les sociétés occidentales depuis la fin du XXe siècle...  

La déflation :

Contraire du terme précédent, elle désigne une situation d'asthénie qui voit les prix stagner ou baisser faute d'une demande suffisante. On l'observe dans tous les pays confrontés à une baisse sévère de la fécondité, les citoyens n'ayant plus d'appétence suffisante pour travailler, produire et consommer.

On a connu ce phénomène au début des années 1930 en Europe. Il réapparaît aujourd'hui, par exemple en France où les groupes de la grande distribution se livrent à une guerre des prix impitoyable pour conserver leur part d'un « gateau » en voie de racornissement ! Contraints de serrer tant et plus leurs coûts, leurs fournisseurs se voient acculés à la faillite, nourrissant de la sorte un cercle vicieux : désindustrialisation et sous-activité => chômage et baisse de pouvoir d’achat => baisse de la demande => baisse des prix et des marges des entreprises => désindustrialisation et sous-activité =>…

Au bout de la chaîne, l'État enregistre un déficit irrépressible de son budget avec des recettes fiscales en diminution et des dépenses sociales en croissance exponentielle.

La déflation peut être aggravée quand le gouvernement tente de combler son déficit budgétaire en diminuant par voie d'autorité les dépenses, salaires et prix sur lesquels il a prise : investissements publics, salaires des agents de la fonction publique, prix des utilités (électricité, gaz...). Pareille politique déflationniste a été conduite en France, au début des années 1930, notamment en Allemagne avec le chancelier Bruning et en France sous le gouvernement de Pierre Laval. Le dilemme inflation/déflation se retrouve depuis 2010 dans la crise qui affecte l'Europe.

Notons que les prix peuvent aussi baisser pour d’excellentes raisons, qui n’ont rien à voir avec la demande et la déflation. C’est ce que l’on a observé aux États-Unis avant la Première Guerre mondiale, quand les innovations techniques et les gains de productivité ont permis de satisfaire les besoins croissants des citoyens avec des produits moins coûteux à produire et en bien plus grande quantité. Les quantités augmentant bien plus vite que ne diminuaient les coûts, cette baisse des prix est allée de pair avec une augmentation de la richesse nationale.

La stagflation :

Dans les années 1970, les économistes ont inventé le mot-valise stagflation (cumul de la stagnation et de l'inflation). Ce mot désigne une inflation excessive qui va de pair avec une croissance faible et un chômage élevé. Elle est apparue avec la chute brutale de la fécondité dans tous les pays occidentaux combinée aux chocs pétroliers de 1973 et 1978 : la première s'est accompagnée d'un relâchement de l'activité ; les seconds ont entraîné une hausse brutale des prix liés à l'énergie.

En France, entre la fin des années 1960 et le début des années 1980, le taux de croissance a aussi chuté de 4-6% par an à 2% par an et le taux d'inflation est passé de 3 à 10% par an. Le taux de chômage a quant à lui bondi de 3% à 9% de la population active entre 1976 et 1983. Il se tient depuis lors à ce niveau ; s'il n'augmente pas davantage, c'est seulement grâce à la multiplication des emplois subventionnés dans les administrations et les associations, au détriment de l'équilibre budgétaire et de l'investissement productif.

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