Mangas Coloradas (1797 - 1863)

Grand chef apache

Mangas Coloradas, chef de la tribu des Mimbrenos qui appartient au groupe des Chiricahuas, mène le soulèvement de son peuple lors des premières années des guerres apaches. Il se distingue dans la lutte contre les Espagnols, puis les Mexicains et, enfin, les Américains.

Charlotte Chaulin

Portrait du chef apache Mangas Coloradas.

Une carrure de chef

Dasoda hae est né en 1797 dans l’actuel Nouveau-Mexique. Grand par sa renommée et sa taille (près de 2 mètres), il participe aux raids de sa tribu, les Apaches, contre les colons espagnols d’abord puis les Mexicains, qui prennent leur indépendance en 1810. 

En 1837, le gouvernement de l’État de Chihuahua promulgue une loi cruelle nommée Proyecto de Guerra, « projet de guerre », contre les Apaches. D’après cette loi, tout Mexicain qui rapporterait le scalp d’un Apache recevrait cent dollars s’il s’agissait du scalp d’un guerrier, cinquante dollars s’il s’agissait de celui d’une femme et seulement vingt-cinq dollars pour celui d’un enfant. Cette même année, Juan José Compas, le chef des Apaches Mimbrenos est assassiné et c’est Mangas Coloradas - surnommé ainsi par les colons espagnols pour son habitude de porter des chemises rouges - qui devient leader de la révolte contre les Mexicains.

Répartition des tribus apaches au xviiie siècle : Ch – Chiricahuas, WA – Apaches de l'Ouest, N – Navajos, M – Mescaleros, J – Jicarillas, L – Lipans, Pl – Apaches des Plaines. En agrandissement : Prisonniers apaches au fort Bowie, 1884.Il règne alors sur le sud-ouest des États-Unis et sur l’état de Chihuahua, au Mexique. Il est doté d’une force inégalable et terrifie ses ennemis. Le nom « Apaches » signifie d’ailleurs « ennemis », car ils sont les ennemis de tous ceux qui n’appartiennent pas à leur race. Mangas a deux femmes, auxquelles il ajoutera par la suite une captive mexicaine, allant ainsi à l’encontre des lois tribales. 

Quand les Américains s’emparent des territoires mexicains en 1846, Mangas Coloradas signe un traité de paix avec eux, haïssant pour le moment les Mexicains. Une paix fragile s’installe jusqu’en 1850, mais le conflit reprend de plus belle à l’arrivée des chercheurs d’or dans les montagnes de Santa Rita. 

Les États-Unis et le Mexique sont alors séparés par des questions de revendications territoriales et se trouvent dans un état de guerre latent. Mangas Coloradas en profite pour passer sans cesse des États-Unis au Mexique et échapper ainsi aux poursuites. 

En 1851, Mangas est attaqué près de Pinos Altos par des mineurs. Attaché à un arbre et battu, il ressent une profonde humiliation qui l’entraîne à se cacher dans les montagnes jusqu’à ce que ses blessures disparaissent. Neuf ans plus tard, des mineurs attaquent un campement indien sur la rive ouest de la rivière Mimbres. Ce genre d’action de la part des Américains attisent la colère des Apaches qui ne tardent pas à lancer le mouvement de rébellion.

En 1861, Mangas Coloradas et le chef apache Cochise nouent une alliance pour chasser les colons de leur territoire. 

L’attaque d’Apache Pass

Les terres des Indiens d’Amérique sont le théâtre d’un nouveau conflit qui ne les regarde pas, la Guerre de Sécession. Les Apaches voient une fois de plus le paysage changer. Au début de la Guerre civile, les troupes confédérées qui ont envahi le sud du Nouveau-Mexique, font construire des forts pour consolider leurs positions, comme le fort Stanton.

Capitaine John C. Cremony en 1873. En agrandissement : Couverture du livre Life Among the Apaches  (Ma vie avec les Apaches) de John C. Cremony, Broché, 2019.En juillet 1862, des volontaires de l’Union, sous le commandement du capitaine Thomas Roberts et du capitaine John C. Cremony sont en route pour conquérir le territoire confédéré de l’Arizona et renforcer l’armée de l’Union du Nouveau-Mexique. Depuis plusieurs années, à la suite des attaques répétées des Apaches, la passe, ouverte dans le flanc des monts Chiricahua et menant d’une plaine à l’autre, avait été fermée au trafic régulier. Pour éviter un détour dans le désert, les soldats de l’Union empruntent l’étroit boyau d’Apache Pass.

C’est alors que retentissent les cris de guerre des Apaches. Mangas Coloradas et Cochise entraînent 500 guerriers apaches sur les Américains. Si rien ne permet de l’affirmer, Geronimo prétend avoir combattu lui aussi à Apache Pass.

Les soldats de l’Union prennent le dessus et contraignent les Apaches à rebrousser chemin sous le feu des canons. Ils construiront à cet endroit le Fort Bowie, du nom du commandant du 5ème régiment d’infanterie, pour consolider leur position. 

L’attaque d’Apache Pass attire l’attention du gouvernement américain sur Mangas Coloradas. Vers la fin de l’année 1862, le colonel John R. Baylor, gouveneur de l’Arizona pour les confédérés, propose que tout Apache soit tué à vue et les femmes emmenées en esclavage. 

La mutilation de Mangas

Brigadier général Joseph Rodman West, futur sénateur de Louisiane. En agrandissement : Description du crâne de Mangas Coloradas.En janvier 1863, Mangas, alors âgé de plus de soixante-dix ans, a perdu beaucoup de sa dureté. Il se rend à la rencontre des chefs militaires américains à Fort McLane, au sud du Nouveau-Mexique. Il vient en paix rencontrer le brigadier général Joseph Rodman West, un officier qui deviendra plus tard sénateur de Louisiane.

West avait promis à Mangas qu'il serait en sécurité, mais ses soldats ont reçu un ordre bien différent. Mangas est torturé puis fusillé et, le lendemain, son crâne est envoyée à Orson Squire Fowler, un phrénologue new-yorkais. Quand celui-ci pèse le cerveau du « sauvage », il s’aperçoit avec effarement qu’il pèse autant que celui d’un Blanc. La mutilation du corps de Mangas Coloradas va raviver les tension entre les Apaches et les Américains.

Mangas Coloradas vu par un capitaine américain

« Il fut le plus grand et le plus talentueux Apache du dix- neuvième siècle... Il réussit à réunir sous son commandement une grande armée de sauvages, ce qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait réussi à réaliser avec autant de bonheur, et il leur avait appris la valeur de l’unité et de la force collective... Il exerça une influence jamais égalée par aucun sauvage de notre temps... » 

Le capitaine Cremony, «Ma vie parmi les Apaches »


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Les États-Unis
Publié ou mis à jour le : 2021-07-02 16:34:29

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