Son nom faisait trembler les Mexicains et les Américains. Geronimo fut l’un des plus vaillants guerriers indiens de la tribu des Apaches. Le massacre de sa famille en 1858 éveilla en lui une soif de vengeance qui se traduisit par des raids incessants contre les envahisseurs. S’il fut contraint à la reddition à la fin de sa vie, Geronimo incarne pour toujours le courage et la rage de vaincre.
Depuis le début du XIXème siècle, Espagnols puis Mexicains repoussent les Apaches dans leurs montagnes du sud-ouest américain. Mais s’ils y sont retranchés, les Amérindiens lancent des raids pour piller les villages et affrontent ceux qui se sont emparés de leurs terres.
Goyahkla, « celui qui baille », surnommé Guu Ji Ya, « l'astucieux », naît en juin 1829 à No-Doyohn Canyon, aujourd'hui Clifton, en Arizona, sur les terres des Apaches Bedonkohes. À l’est vivent les Apaches Chihennes, au sud les Apaches Chokonens, et à l’ouest les Apaches Nednis. Sous le commandement de Cochise, ces nations amérindiennes se regroupent pour former la tribu des Apaches Chiricahuas à laquelle appartient Geronimo. S’il n’en est pas le chef, il exerce une forte influence sur son peuple en tant qu’homme-médecine.
Leur territoire (Californie, Arizona, Nouveau-Mexique et Texas) est alors sous domination mexicaine jusqu'à ce qu'en 1848, les États-Unis prennent l’Arizona au Mexique par le traité de Guadeloupe Hidalgo. Après les Espagnols et les Mexicains, les Apaches vont devoir affronter les Américains. Ces derniers mettent la tête des Apaches à prix (100 dollars pour le scalp d’un guerrier, 50 dollars pour celui d’une femme, 25 dollars pour celui d’un enfant). Du haut de ses 17 ans, Geronimo prend part au combat.
En 1858, Geronimo retrouve sa mère, son épouse et ses trois enfants sauvagement tués par l’armée mexicaine, encore présente dans la région. Cet évènement attise sa soif de vengeance et il se jure alors de tuer tous les Blancs qui croiseront sa route.
Le 30 septembre 1859, il venge sa famille le jour de la saint Jérôme. Surpris par l’ampleur de cette attaque, les Mexicains implorent le saint de les sauver. Les hurlements désespérés de ses adversaires qui s’en réfèrent à Santo Geronimo inspire le désormais nommé Geronimo.
Lors d’une attaque surprise, les Mexicains tueront une nouvelle fois sa famille, s’en prenant à sa nouvelle épouse et à son fils.
Les 15 et 16 juillet 1862, Geronimo participe avec Cochise et le chef Apache Mangas Coloradas à la bataille d’Apache Pass, en Arizona, contre les volontaires de l’Union de la colonne de Californie en pleine Guerre de Sécession. Contre l’avis de Geronimo, Mangas Coloradas signe un traité de paix avec l’ennemi avant d’être finalement torturé et abattu. La guerre continue pendant dix ans entre les Apaches et les Américains.
Le lieutenant-colonel Crook opère une entreprise de pacification entre 1871 et 1873. Les tensions s’apaisent quelques temps. Cochise obtient la création d’une réserve pour les Apaches. Mais voilà que les autorités américaines la ferment en 1876 et que la tribu est déportée vers la réserve de San Carlos, considérée comme une terre maudite, dans la vallée désertique de la rivière Gila.
Après Mangas Colorado et Cochise, la relève est assurée par Geronimo qui mène le combat des Apaches. À l'automne 1881, il s’enfuit de la réserve et reprend ses habitudes de pillard sur les deux côtés de la frontière américano-mexicaine. Il échappe aux troupes lancées après lui par les deux pays pendant plus de deux ans mais finit par se rendre en mai 1883 et retourne à San Carlos.
Indomptable, Geronimo s’en échappe à nouveau en 1885 avec de fidèles compagnons pour poursuivre la guérilla contre les blancs. Il se cache dans des canyons mexicains et lance des raids sanglants en Arizona et au Nouveau-Mexique. Pendant des mois, la troupe est pourchassée par des milliers de soldats américains et mexicains.
Elle se retrouve encerclée près de la frontière mexicaine, dans la région de Sonora. Geronimo parvient à s’enfuir mais, cinq mois plus tard, il est contraint à la reddition. Il se rend le 4 septembre 1886 et, à partir de ce moment-là, ne se battra plus jamais. Les Chiricahuas sont tous déportés comme prisonniers de guerre en Floride. La tuberculose, la malnutrition, le paludisme ou encore le désespoir déciment les membres de la tribu, habitués à l’aridité de l’Arizona et non à l’humidité de la Floride. En 1887, les survivants Apaches sont transférés à Fort Sill, en Oklahoma.
Geronimo a 75 ans, il est brisé et regrette sa décision de s’être rendu. Toujours prisonnier, il devient fermier et se convertit au christianisme. Pour gagner sa vie, il participe aux spectacles ambulants de Buffalo Bill qui reconstituent la conquête de l’Ouest, les Wild West Shows.
Sa célébrité lui permet d’assister à l’investiture du président Théodore Roosevelt en 1905. Cette même année, il dicte son autobiographie au journaliste S.M. Barrett. « Je veux retrouver ma terre natale avant de mourir. Fatigué de lutter, je désire le repos. Je veux revoir à nouveau les montagnes. J’ai demandé cela au Grand Père blanc, mais il a dit non. » lui dit-il.
Geronimo meurt à 79 ans d’une pneumonie le 17 février 1909, sans jamais avoir revu ses montagnes. Il est enterré au cimetière Apache de Fort Sill dans l’Oklahoma, mais son arrière-petit-fils, Harlyn, se bat aujourd’hui pour que sa dépouille soit transférée près de la rivière Gila, en Arizona, selon ses dernières volontés.
Son souvenir perdure, notamment grâce son nom devenu un cri de guerre passionné, celui des parachutistes américains en 1944.
Guerres
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