6 juin 1944

Hauts lieux du Débarquement de Normandie

Les plages du Débarquement (Manche et Calvados) : ici, la pointe du Hoc, photo : Fabienne Vignolle, pour Herodote.net, 2014Le Débarquement du 6 juin 1944 marque encore de son empreinte les paysages de Basse-Normandie. 

Quand le soleil est de la partie, ce qui est plus fréquent que ne le prétendent les Normands eux-mêmes, la découverte de ces lieux d'Histoire mêle émotion et ravissement.

Quoi de plus troublant que se baigner ou s'étendre sur les belles plages de sable d'Utah ou d'Omaha en songeant aux scènes cataclysmiques dont elles furent le témoin il y a 70 ans ?

Du port d'Ouistreham, sur l'Orne, à l'Est de Caen, jusqu'à Sainte-Mère-Église, au cœur des marais du Cotentin, ce sont environ soixante-dix kilomètres de plages et de chemins bocagers qui permettent de suivre l'histoire du Débarquement.

André Larané
Sainte-Mère-Église (Calvados), photo : Fabienne Vignolle, pour Herodote.net, 2014

L'émotion au rendez-vous

Commençons notre pèlerinage à Saint-Mère-Église.

Le clocher de Sainte-Mère-Église et le fameux mannequin de John Steele (photo : Fabienne Vignolle, Herodote.net, 2014)Ce petit village typiquement normand est situé sur la grand-route qui traverse la presqu'île du Sud au Nord, de Carentan à Cherbourg. C'est la raison pour laquelle il s'est trouvé au centre du feu d'artifice par lequel a débuté le Débarquement.

Il vit encore aujourd'hui dans le souvenir de cette nuit.

Sur la place, nul ne peut échapper au mannequin accroché au clocher, une évocation du soldat John Steele qui resta deux heures ainsi pendu avant d'être capturé par les Allemands, de s'évader et de reprendre le combat.

Le village s'est doté d'un vaste espace muséographique, le musée Airborne, consacré aux troupes aéroportées américaines des 82e et 101e Airborne.

Le musée Airborne, à Sainte-Mère-Église (Calvados), photo : Fabienne Vignolle, pour Herodote.net, 2014

Un premier hall présente un avion, un planeur ainsi que de nombreux témoignages de l'époque : équipements militaires, journaux, objets d'usage quotidien etc. Le plus original est sans doute le hall inauguré en 2014, avec un parcours d'immersion dans la nuit du 6 juin 1944 ! Effet réussi : le visiteur ressent le bruit, les secousses et les éclairs lumineux des parachutistes à leur arrivée sur la zone ; il découvre ensuite le choc sur le sol ou dans les marécages, le bruit des combats etc.

Monument au-dessus d'Utah Beach, photo : Fabienne Vignolle, pour Herodote.net, 2014En se dirigeant vers le littoral, on atteint Utah Beach, plage la plus occidentale de l'opération Overlord.

Un petit musée, là aussi, rappelle les hauts faits qui s'y déroulèrent. Il présente les combattants des deux bords. Le long de la plage, il est loisible de visiter les plates-formes des batteries du Mur de l'Atlantique.

Plus loin au sud-ouest, après les passes de Carentan et Isigny, on accède à la pointe du Hoc.

Cette falaise garde le souvenir d'un acte aussi héroïque qu'inutile : l'assaut d'un groupe de Rangers qui découvrit, une fois au sommet, que les batteries de canons qu'ils devaient détruire avaient été déplacées quelques jours plus tôt par les Allemands.

La pointe du Hoc (Calvados), photo : Fabienne Vignolle, pour Herodote.net, 2014

Ces canons devaient protéger d'un côté Utah Beach, de l'autre Omaha Beach, qui reste aussi connue sous le nom d'« Omaha la Sanglante ». Tandis que les opérations de débarquement se passèrent relativement bien sur les autres plages, elles frôlèrent ici le désastre, l'aviation américaine n'ayant pas réussi à détruire préventivement les batteries qui surplombaient la plage.

Au musée mémorial d'Omaha Beach (Calvados), photo : André Larané, Herodote.net, 2014

Sans surprise, c'est au-dessus d'Omaha que l'on découvre le lieu le plus émouvant du littoral, le cimetière américain de Colleville-sur-mer...

On peut passer rapidement devant le musée mémorial d'Omaha Beach. C'est un capharnaüm qui a recueilli la collection d'un passionné local. Par contre, il ne faut pas manquer le centre d'accueil (Visitor Center) à l'entrée du cimetière américain, d'accès gratuit. Ce musée partiellement souterrain raconte avec émotion et didactisme le Débarquement, sa genèse et son déroulement.

Le cimetière proprement dit comporte près de dix mille tombes de soldats et officiers américains tombés en Normandie et plus généralement en France. C'est pour les vétérans américains l'un des principaux lieux de mémoire dans l'Hexagone avec le cimetière de Saint-Avold (dix mille tombes, Moselle) et celui de Saint-James (quatre mille tombes, Manche).

Les stèles blanches, croix chrétiennes ou étoiles de David, s'alignent comme à la parade sur le gazon anglais. Elles portent le nom des défunts, leur grade et la date de leur décès. Jamais leur date de naissance car les autorités n'ont pas souhaité que les visiteurs s'apitoient sur les jeunes soldats plutôt que sur les autres...

Le cimetière américain de Colleville-sur-mer (Calvados), photo : Fabienne Vignolle, pour Herodote.net, 2014

La route littorale nous conduit ensuite à travers le bocage jusqu'à Arromanches-les-Bains, un village normand en face duquel fut érigé le plus important des ports artificiels du Débarquement. Il reste quelques vestiges des caissons qui ont fait office de protection contre les tempêtes. Sur la plage, un musée raconte l'histoire du Débarquement.

Vers l'Est, la route littorale longe les trois dernières plages où débarquèrent les Britanniques, les Canadiens ainsi que 177 Français Libres : Gold Beach, Juno Beach et Sword Beach.

Overlord (Herodote.net)

D'un Débarquement à l'autre

La dernière plage du Débarquement, Sword Beach, borde la ville d'Ouistreham, sur l'embouchure de l'Orne. Là, on peut visiter un dernier musée, le musée du Mur de l'Atlantique. Il rappelle les exploits des Britanniques sans oublier la prise du casino d'Ouistreham par le commando des 177 Français Libres de Philippe Kieffer. De ce casino et des villas environnantes, transformées en casemates et postes de tir par les Allemands, il ne reste rien.

Notre pèlerinage se termine avec « Pegasus Bridge », le vieux pont basculant de Bénouville, sur le canal qui longe l'Orne, à mi-distance entre Ouistreham et Caen. Ce monument stratégique a été pris avec brio par Lord Lovat et ses parachutistes écossais de la 6th Airborne Division, au son de la cornemuse ! Remplacé par un pont plus moderne, il est devenu pièce de musée.

Pegasus Bridge (Calvados), DR

Ensuite, ma foi, on peut renouer le fil avec l'Histoire ancienne de la Normandie et un Débarquement à l'envers, neuf siècles plus tôt : l'invasion de l'Angleterre par le duc Guillaume le Bâtard et ses Normands.

Caen, la capitale de son duché, conserve pieusement son souvenir dans le château qui domine la ville et ses deux abbayes aujourd'hui transformées en locaux administratifs. On ne doit pas manquer de faire halte aussi à Bayeux, à quelques lieues d'Arromanches, afin d'y admirer la « tapisserie de la reine Mathilde » qui raconte les exploits de Guillaume.

Publié ou mis à jour le : 2019-06-04 10:34:51
Jean-Pierre (06-09-2014 08:38:37)

Bonjour, deux points de détail: Ouistréham est situé sur l'Orne et non sur la Dives qui passe à Cabourg. Le cimetière de Colleville est certes le plus grand des cimetières américains en Fran... Lire la suite

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